Salon de l’agriculture : un face-à-face qui s’annonce tendu entre Macron et les agriculteurs

Par Epoch Times avec AFP
24 février 2024 05:32 Mis à jour: 24 février 2024 08:42

Un comité d’accueil d’agriculteurs a dormi devant le Salon de l’agriculture avant la visite samedi d’Emmanuel Macron en terrain miné, tant la colère se cristallise désormais sur sa personne après la bourde élyséenne autour de l’invitation des Soulèvements de la Terre, collectif éco-terroriste honni du monde agricole.

Devant le Salon à Paris, sur l’esplanade où s’est installé le syndicat majoritaire, la FNSEA, la nuit a été calme. Quelques exploitants ont dormi sur la paille, et les mines sont fatiguées. Un groupe d’agriculteurs du syndicat concurrent, la Coordination rurale, est arrivé vers 6 heures du matin.

Les adhérents des syndicats majoritaires, surtout dans les grandes cultures céréalières, ont surtout été furieux d’apprendre que l’Élysée voulait les faire débattre samedi, parmi d’autres ONG, avec le collectif radical des Soulèvements de la Terre, qui s’était illustré en mars 2023 lors d’une journée d’affrontements autour d’un chantier de réservoir artificiel d’eau à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) et que le gouvernement a échoué à dissoudre.

« Le président, il nous a fait un énorme bras d’honneur hier alors, ce qu’on attend maintenant c’est qu’il annonce des choses », a expliqué vendredi Vincent Bouvrain, agriculteur en Seine-et-Marne, dans la manifestation parisienne de la FNSEA.

L’idée d’un grand débat, sur le modèle de ceux organisés au moment de la crise des « gilets jaunes », a donc tourné court, conduisant à son annulation vendredi soir. Reste à savoir combien de temps Emmanuel Macron ira « au contact » des participants au Salon.

Le chef de l’État viendra bien inaugurer le Salon de l’agriculture comme les présidents le font d’habitude depuis Jacques Chirac, « mais pas comme tous les ans », a prévenu vendredi soir le patron du syndicat agricole majoritaire FNSEA Arnaud Rousseau. Sous-entendu, ce ne sera pas une promenade de santé à l’abri des huées et des manifestations de défiance.

« C’est sûr que Macron risque d’être sifflé dans les allées mais il faut qu’on avance, qu’on continue à discuter pour faire aboutir les choses, concrètement », confie à l’AFP son vice-président, Luc Smessaert, agriculteur dans l’Oise.

Le chef de l’État prévoit de rencontrer les responsables de « tous les syndicats agricoles avant l’ouverture officielle » puis « d’aller au contact de tous ceux qui veulent échanger comme je le fais chaque année », selon un message sur X.

Arnaud Rousseau a prévenu le président « qu’avant de défiler et faire des photos, il fallait d’abord annoncer aux paysans ce qu’ils attendaient et qu’ils réclamaient depuis des semaines », lors d’un discours devant ses troupes de la FNSEA et du syndicat allié Jeunes agriculteurs (JA) dans la soirée devant les portes du salon, porte de Versailles à Paris.

Les manifestants ont copieusement sifflé le nom du président. Sous une pancarte « Manu Tchao ! », Romain Garnier explique : « Si ça ne bouge pas, il faut qu’il parte. Avec ce qu’il nous a donné pour l’instant, c’est tchao. »

« Franchement », lâche un cadre de la FNSEA, « on ne maîtrise rien. Ils sont chauds bouillants ».

Arnaud Rousseau et son homologue Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, 2e syndicat agricole français, ont tout de même accepté de voir le président – « s’il peut rentrer », a ajouté Mme Le Floc’h.

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