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Avis d’experts: Xi Jinping et Poutine s’efforcent d’établir un nouvel «ordre totalitaire international» dirigé par la Chine

mars 24, 2023 15:51, Last Updated: janvier 14, 2024 19:13
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La rencontre de trois jours entre le dirigeant chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine au Kremlin en début de semaine visait à établir un nouvel ordre mondial dirigé par la Chine et alimenté par l’idéologie et le système économique du régime communiste, expliquent les analystes géopolitiques.

Xi Jinping aurait involontairement divulgué cet objectif par ses paroles adressées à Poutine au moment de quitter le Kremlin, le 22 mars, ce qui a été filmé par les médias.

« C’est exactement, en ce moment même, qu’il y a le changement qui ne s’est pas produit depuis 100 ans. Et c’est nous, ensemble, qui faisons avancer ces changements », a dit Xi Jinping à Poutine. « Je suis d’accord », a répondu ce dernier.

Dans une déclaration commune publiée par le Kremlin la veille, les deux pays se sont engagés à travailler pour « créer un ordre mondial multipolaire plus juste et plus démocratique ».

Vladimir Poutine s’entretient avec Xi Jinping au Kremlin, le 20 mars 2023. (Sergei Karpukhin/ SPUTNIK/AFP via Getty Images)

Frank Lehberger, sinologue basé en Allemagne, a souligné que les paroles de Xi Jinping résumaient les ambitions malignes de Pékin et de Moscou.

« Xi et Poutine veulent tous deux subvertir progressivement le système établi par les Nations unies et remplacer cet ordre international fondé sur des règles, éprouvé et relativement équitable, par un nouvel ordre international totalitaire », a-t-il indiqué à Epoch Times dans un courriel.

Dans le cadre de ce nouvel ordre mondial, « tous les autocrates voyous, de la Biélorussie à la Corée du Nord, obtiendraient le statut de ‘partenaires de l’axe’ de Xi et Poutine, propageant leur influence néfaste et corrosive dans l’ONU et le monde en général », a-t-il ajouté.

Grant Newsham, chercheur au Center for Security Policy et auteur du nouveau livre It’s Time to Play Hardball With China, a partagé cette conclusion, affirmant que la visite de Xi Jinping présageait toutes sortes d’ennuis pour le monde libre.

« N’oubliez pas qu’en plus de ‘l’alliance’ Chine-Russie, nous assistons à un rassemblement d’autres dictatures et de pays partageant les mêmes vues, tels que l’Iran, Cuba et le Venezuela, ainsi qu’un certain nombre d’autres pays qui s’acoquinent avec les dictateurs », a-t-il souligné dans un courriel à Epoch Times.

Intégration économique

Lors de leur rencontre, Xi Jinping et Poutine ont signé plusieurs accords, dont le « Plan de promotion des éléments clés de la coopération économique sino-russe jusqu’en 2030 ». Les médias d’État chinois ont déclaré que ce plan visait à améliorer la qualité des échanges commerciaux et à forger un « nouveau type » de chaîne industrielle.

Le plan couvre huit domaines de la coopération économique entre la Chine et la Russie, des dispositions institutionnelles – notamment la coopération financière et l’augmentation constante des règlements en monnaie locale dans le commerce bilatéral – jusqu’à la coopération dans des secteurs industriels spécifiques tels que l’énergie et l’agriculture.

Le Kremlin a annoncé que la coopération commerciale et économique restait une priorité pour les deux alliés. L’année dernière, en pleine guerre en Ukraine, les échanges bilatéraux sino-russes ont augmenté de 30% pour atteindre 180 milliards de dollars. En 2023, ils devraient atteindre 200 milliards de dollars.

Frank Lehberger a noté que cet accord permettra d’approfondir les liens économiques entre la Russie et la Chine, notamment « l’intégration financière des deux économies en utilisant le yuan chinois, la logistique et l’échange de marchandises, en particulier les importations de denrées alimentaires de la Russie vers la Chine affamée ».

He Qinglian, auteur et économiste chinoise basée aux États-Unis, a déclaré que le renforcement des liens économiques avec la Russie était un objectif chinois à long terme, mais que la Russie avait des réserves. Cependant, les circonstances ont changé après l’invasion de l’Ukraine par Poutine, lorsque les sanctions occidentales ont contraint la Russie à devenir plus dépendante de la Chine.

« La Chine n’a pas eu à faire d’efforts pour atteindre son objectif », a-t-elle constaté, ajoutant que l’isolement de Moscou avait aidé la Chine à déplacer sa dépendance en pétrole et en gaz du Moyen-Orient, qui était sujet à des risques, vers la Russie.

La déclaration commune fait également état de projets de gazoducs en Sibérie, notamment du gazoduc « Force de Sibérie 2 », qui acheminerait du gaz russe vers la Chine via la Mongolie et pourrait transporter 50 milliards de mètres cubes de gaz par an.

Selon Burzine Waghmar, chercheur au Royal United Services Institute de Grande-Bretagne, avec le renforcement de ces liaisons énergétiques, la Russie isolée deviendra de plus en plus dépendante de la Chine.

« Cette relation asymétrique perdurera à moyen terme », a-t-il estimé dans son courriel à Epoch Times.

« L’arrière-pays de la Sibérie, avec ses immenses ressources en gaz et autres, et la côte pacifique sont pratiquement à la disposition de la Chine. »

Coopération stratégique

La déclaration commune de la Chine et de la Russie affirme que leur partenariat « hors limites » ne représente pas une « alliance militaro-politique » et que leurs « relations ne constituent pas un bloc, ne sont pas de nature conflictuelle et ne sont pas dirigées contre des pays tiers ».

Mais ce n’est qu’un « faux semblant », a souligné Frank Lehberger, qui a comparé les relations actuelles entre la Russie et la Chine aux relations entre les puissances de l’Axe – l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon impérial – lors de la Seconde Guerre mondiale. Bien que ces relations ne visent pas officiellement des objectifs stratégiques, elles constituent un type de partenariat qui construit « sinistrement » ce qu’elles prétendent publiquement ne pas construire.

« L’entente symbiotique et très personnelle entre Xi et Poutine n’est pas seulement anti-occidentale, anti-américaine ou anti-colonialiste, elle est aussi dirigée contre l’Inde », a-t-il signalé.

Selon cet expert, la coopération scientifique et technologique sino-russe comprendra presque certainement la vente secrète de pièces électroniques chinoises sophistiquées ou la vente à grande échelle de systèmes d’armement à la Russie.

« En outre, elle comprendra également la vente de certains composants russes sophistiqués de haute technologie, tels que des moteurs d’avions de chasse, que les Chinois n’ont pas obtenus de la Russie jusqu’à présent », a-t-il ajouté.

« Cette modernisation apportée aux avions militaires chinois concernerait directement l’Inde et Taïwan. »

Satoru Nagao, chercheur à l’Institut Hudson, a noté que la Chine ne pouvait pas se permettre d’être isolée sur la scène internationale et qu’elle avait donc besoin de la Russie. Le renforcement des relations commerciales entre la Chine et la Russie sert en fait de déguisement pour le renforcement de leurs relations stratégiques.

« Le soutien économique de la Chine est vital pour la poursuite de la guerre par Poutine et pour la survie de son régime », a-t-il expliqué à Epoch Times dans un courriel. « Maintenant, la Chine a commencé à fournir des armes de manière clandestine, sous le nom de produits à usage civil. La Chine intensifie ses efforts pour soutenir Poutine parce qu’elle a besoin de lui », car il manifeste un état d’esprit belliqueux envers l’Occident et assure l’accès illimité de Pékin au marché et surtout aux ressources de son pays.

L’année dernière, l’armée de l’air de l’Armée populaire de libération (APL) chinoise et l’armée de l’air russe ont mené des exercices conjoints au cours desquels des chasseurs de l’APL ont escorté des bombardiers russes à long rayon d’action, a noté Grant Newsham.

« Cela s’est produit à plusieurs reprises. Lors des derniers exercices, des avions russes ont atterri en Chine et des avions de l’APL en Russie. Ce type de coordination tactique est le résultat d’une coordination et d’un niveau de confiance mutuelle approfondis qui devrait inquiéter les commandants américains et japonais. »

Si la Chine attaque Taïwan, a-t-il poursuivi, l’Occident doit s’attendre à ce que la Russie, la Corée du Nord, l’Iran et même Cuba soutiennent la Chine.

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