Bioéthique : la France ferme-t-elle les yeux sur les trafics d’organes ?

Par Aurélien Girard
11 septembre 2019 17:17 Mis à jour: 11 septembre 2019 18:01

C’est un des sujets majeurs de la révision de la loi de bioéthique, sorti très haut dans les points d’inquiétude du public lors du grand débat lancé début d’année par le Comité consultatif national d’éthique. Il implique des réseaux mafieux très organisés, la collaboration de chirurgiens, est responsable de la mort de dizaines de milliers d’innocents chaque année. Alors comment expliquer que rien dans le texte du projet de loi français sur la bioéthique ne propose d’agir contre le trafic international des organes humains ?

Ce lundi 9 septembre, lors de l’audition du gouvernement devant la commission spéciale sur la bioéthique de l’Assemblée nationale, le sujet a été totalement laissé de côté, à la grande frustration de plusieurs parlementaires, sèchement recadrés lorsqu’ils ont tenté d’aborder le sujet. Il ne « fallait pas » parler d’autre chose, pendant toute cette audition, que de PMA. Par effet de mode médiatique ou pour d’autres raisons moins avouables ?

Greffes d’organes : une situation médicale tendue

Tous les pays développés manquent d’organes transplantables, y compris la France qui a pourtant un des systèmes de santé les mieux organisés au monde, et a créé une vraie « filière » pour des transplantations éthiques au sens où elles sont gratuites, anonymes et ne peuvent se faire contre la volonté du donneur d’organes. Pourtant, des milliers de malades français sont sur liste d’attente ; ils attendent des années avant qu’un donneur compatible soit identifié.

Il y a pourtant un pays, et un seul, où de façon surprenante les organes sont disponibles à foison, pour peu que vous soyez assez riche pour les acheter : La Chine.

D’après plusieurs enquêtes internationales qui ont conduit à de vigoureuses condamnations par le Parlement Européen en 2013 et 2016, le régime communiste chinois a en effet organisé un « circuit court » permettant de fournir chaque année des dizaines de milliers d’organes aux touristes médicaux du monde entier. Leur origine ? Les prisonniers de conscience, emprisonnés par millions en Chine et qui deviennent un réservoir vivant d’organes. Ces prisonniers, ce sont des membres du mouvement bouddhiste chinois Falun Gong, des chrétiens « non officiels », des musulmans ouïghours, des bouddhistes tibétains.  Le régime chinois a trouvé le moyen d’éliminer tous ceux qu’il considère comme des opposants tout en générant des profits.

Liens troubles de chirurgiens français avec des hôpitaux chinois

Et malheureusement, la médecine française a de quoi se sentir responsable de cette situation. En premier lieu parce que dès la fin des années 1990, ce sont des chirurgiens français – ils comptent parmi les meilleurs du monde – qui ont accueilli les chirurgiens chinois pour les former à la transplantation, et qui sont allés sur place pour opérer eux-mêmes. Savaient-ils alors que les organes qu’ils transplantaient avaient été volés à des innocents, dont le corps était ensuite incinéré ?  Le gouvernement français ne semble pas vouloir connaître la réponse à cette question.

D’autant qu’une école franco-chinoise de chirurgie a été inaugurée à Shanghai en janvier cette année, qu’une autre ouvrait à Suzhou en 2018, que la plupart des grands hôpitaux français ont des programmes de « partenariat »avec des centres de transplantation chinois. Et qu’enfin, notre Académie de Médecine accueille des médecins chinois comme les professeurs Zheng Shusen dont les publications scientifiques ont été remises en cause car utilisant des centaines d’organes humains d’origine « inconnue. »

Les étranges chiffres de l’Agence de Biomédecine

On est donc prié de circuler et de considérer qu’il n’y a rien à voir. Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, les messages de l’orthodoxie sont clairs : le sujet n’existe pas, et les malades français ne vont pas se faire transplanter en Chine, ni ailleurs.

Pourquoi alors les statistiques officielles de l’Agence de Biomédecine montrent-elles que près de quatre cent personnes « disparaissent » chaque année des listes d’attente en France ? Des malades qui n’ont pas été transplantés, qui ne sont pas décédés mais qui sortent magiquement des statistiques.

Le seul véritable outil pour connaître la réponse à cette question serait de créer un registre national des malades transplantés à l’étranger. Il permettrait de chiffrer le phénomène et d’assurer un meilleur suivi médical pour ces malades. Mais les députés qui ont fait cette proposition d’amendement au projet de loi sur la bioéthique ne savent même pas si leur proposition sera examinée. Comme si un grand panneau « Hôpital – Silence » avait été posé à l’entrée de l’Assemblée.

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