« Bloquons tout » : des manifestants par milliers, des heurts mais pas de blocage généralisé

Des gendarmes discutent près des restes d'un bus incendié par des manifestants sur le périphérique sud de Rennes, lors de la manifestation « Bloquons tout », à Rennes, le 10 septembre 2025.
Photo: DAMIEN MEYER/AFP via Getty Images
La France a connu mardi 10 septembre une journée marquée par des centaines de blocages ou tentatives, souvent contrecarrés par un important déploiement policier, et par des dizaines de milliers de manifestants mobilisés contre l’austérité budgétaire, les inégalités et ce qu’ils qualifient de « déni démocratique ».
Selon les autorités, 430 actions avaient été recensées dans la matinée, regroupant jusqu’à 29.000 participants. L’après-midi, plusieurs manifestations ont prolongé le mouvement, initié sur les réseaux sociaux et les messageries, sans encadrement syndical initial.
Rassemblements dans plusieurs villes
À Paris, plusieurs milliers de personnes se trouvaient encore place de la République et place des Fêtes en milieu d’après-midi, selon des journalistes de l’AFP.
À La Rochelle, Christian, 59 ans, employé dans le service enfance-jeunesse d’une collectivité, expliquait ses motivations : « Je voudrais qu’il y ait une meilleure répartition de l’argent et aussi que les politiques donnent une meilleure image, surtout sur leurs dépenses qui semblent parfois indécentes. »
À Rennes, Bastien, étudiant de 23 ans, dénonçait « un déni démocratique » : « Les politiques n’écoutent pas les urnes. » La préfecture a décompté 10.400 manifestants dans la ville. D’autres cortèges ont rassemblé 6000 personnes à Bordeaux, 5000 à Brest, 4900 à Strasbourg, 2200 à Lorient et 2000 à Orléans, selon les préfectures.

Des manifestants se rassemblent pour bloquer le viaduc de Cadix lors de la mobilisation « Bloquons tout » à Caen, le 10 septembre 2025. (LOU BENOIST/AFP via Getty Images)
295 interpellations à 13h00
Dans la capitale, les manifestants ont multiplié rassemblements et tentatives de blocage, parfois marquées par des face-à-face tendus avec les forces de l’ordre. Un incendie a endommagé la façade d’un immeuble dans le centre, peut-être provoqué par une intervention policière, selon le parquet.
À Rennes, un bus du réseau Star a été saccagé et incendié sur la rocade. À Toulouse, de jeunes manifestants, parfois équipés de masques à gaz et lunettes, se sont confrontés aux forces de l’ordre.
En région parisienne, 203 personnes avaient été interpellées en milieu d’après-midi. À l’échelle nationale, le ministère de l’Intérieur faisait état de 295 interpellations à 13h00.

Cette image tirée d’une vidéo montre un manifestant sautant sur une voiture de police (à dr.) alors que des affrontements éclatent devant le lycée Hélène Boucher, dans le cadre du mouvement de protestation « Bloquons tout », à Paris, le 10 septembre 2025. (GUILLAUME BONNET/AFP via Getty Images)
Reporters sans frontières a dénoncé « d’apparents actes de brutalité commis des forces de l’ordre contre les journalistes qui couvrent les mouvements sociaux », selon son directeur général Thibaut Bruttin, appelant les reporters concernés à se faire connaître.
Perturbations dans les transports et les lieux culturels
À Paris, la préfecture de police a demandé la fermeture des stations de Châtelet-les-Halles, où aucun métro ni train ne marquait l’arrêt, et du centre commercial attenant après des appels aux pillages diffusés sur les réseaux sociaux.
La SNCF a signalé des occupations de voies à Cherbourg et Valence. En Île-de-France, les transports publics connaissaient quelques perturbations.
Le mouvement a également touché les musées : seules quelques salles du Louvre étaient accessibles et le musée d’Orsay est resté fermé.
Lycées perturbés et mobilisation étudiante
Selon le ministère de l’Éducation nationale, une centaine de lycées ont été perturbés et 27 bloqués, notamment à Paris, Montpellier, Rennes et Lille. Des mobilisations étudiantes ont aussi été recensées dans plusieurs villes.
Une journée de grève intersyndicale le 18 septembre
Cette mobilisation survient au lendemain de la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon. « Je n’en attends rien : c’est le même bord politique, la succession », a jugé à Nantes Mahault, éducatrice spécialisée de 52 ans en grève.
Le Premier ministre a de son côté promis « des ruptures sur le fond et pas que sur la forme ».
Cette première journée de mobilisation citoyenne, soutenue seulement par la CGT et FO, doit être suivie d’une journée de grève intersyndicale le 18 septembre, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales.
Avec AFP
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