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« Bloquons tout » : des premières actions limitées face à un dispositif policier renforcé

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Des manifestants se rassemblent pour bloquer le viaduc de Cadix lors de la mobilisation « Bloquons tout » à Caen, le 10 septembre 2025.

Photo: LOU BENOIST/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Des premières actions ont été menées mercredi dans le cadre de la mobilisation citoyenne « Bloquons tout », née sur les réseaux sociaux. Elles sont toutefois restées limitées, freinées notamment par la forte présence des forces de l’ordre.

« Réforme des retraites, budget, choix du Premier ministre… Il n’y a rien qui va », déclare Chloé, étudiante en master de 25 ans, qui préfère garder l’anonymat. Elle participait à un point de blocage devant l’entrée du campus Paul-Sabatier de l’Université de Toulouse. Selon elle, « les classes populaires sont celles qui prennent le plus et des gens qui se tuent au travail doivent encore plus rogner sur leur bien-être pour pouvoir faire passer le budget alors qu’il y aurait eu d’autres alternatives ».

« On pensait être plus nombreux »

Un peu partout en France, des initiatives ont vu le jour mais sans atteindre de cibles stratégiques et se sont souvent heurtées aux interventions préventives des forces de l’ordre. À Marseille, celles-ci, prépositionnées à l’avance, ont empêché 200 personnes d’accéder à l’autoroute venant de Toulon. Dans le Nord, une trentaine de personnes a bloqué dès 5h30 un rond-point d’accès à une zone commerciale, à Petite-Forêt près de Valenciennes. « Évidemment, l’opération était un peu secrète pour ne pas être pris de vitesse par les forces de l’ordre. L’idée, c’était de surprendre aussi », explique Cédric Brun, tourneur-fraiseur de 46 ans et secrétaire général CGT chez PSA Valenciennes. Mais l’action a rassemblé moins de participants qu’espéré : « On pensait être plus nombreux. Ce qui est malheureux, c’est qu’il y a plus de révolutionnaires sur Facebook que dans la réalité », regrette-t-il.

« 80.000 gendarmes et policiers » mobilisés

Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau avait annoncé très tôt depuis Rungis que « 80.000 gendarmes et policiers » étaient mobilisés sur l’ensemble du territoire, dont 6000 à Paris, avec pour consigne « de ne pas tolérer de violence, de dégradation, de blocage, d’occupation des infrastructures essentielles de notre nation ».

À 9h30, la gendarmerie nationale dénombrait 154 actions dans sa zone de compétence, impliquant environ 4000 manifestants. La préfecture de police de Paris faisait état de 95 interpellations dans l’agglomération parisienne, tandis que huit arrestations étaient signalées en province. Une cellule interministérielle de crise s’est réunie au ministère de l’Intérieur à partir de 9h00.

Une première action spectaculaire a eu lieu à Caen, où des manifestants ont incendié des objets sur le viaduc de Calix, a constaté une photographe de l’AFP. Ailleurs, les forces de l’ordre ont rapidement levé plusieurs blocages, comme à Bordeaux, devant un dépôt du réseau de tramways.

Mobilisation étudiante et lycéenne

Des blocages ponctuels ont également touché plusieurs lycées, notamment à Paris, Montpellier et Rennes. Des mobilisations étudiantes ont été recensées dans d’autres villes comme Grenoble, Lyon, Mulhouse et Nice, selon l’Union étudiante. « Bloquer notre lycée, c’est bloquer l’Éducation nationale, ça représente l’éducation comme la veut Macron », témoigne Lucia, 17 ans, élève en première au lycée Claude Monet, dans le 13e arrondissement de Paris.

Sur le plan des transports, la gendarmerie a signalé 18 actions de blocages d’axes routiers. Les perturbations dans les transports en commun parisiens sont toutefois restées « conformes aux prévisions », selon la RATP et la SNCF.

Ce mouvement horizontal, sans chef de file identifié et né sur les réseaux sociaux, rappelle celui des Gilets jaunes apparu sept ans plus tôt. Selon une enquête de la fondation Jean Jaurès, il rassemble toutefois des personnes plus jeunes et plus politisées. Ses participants contestent les mesures d’économie annoncées à la mi-juillet par François Bayrou et rejettent les classes dirigeantes, en particulier Emmanuel Macron.

Soutien partiel des organisations syndicales

Le mouvement bénéficie d’un soutien partiel des organisations syndicales. La CGT et Solidaires ont appelé à le rejoindre, tandis que la CFDT et FO privilégient la journée intersyndicale prévue le 18 septembre. Certaines sections locales ont néanmoins participé aux actions, comme à La Rochelle où des agents territoriaux ont bloqué le dépôt de la propreté urbaine, ou à Anglet (Pyrénées-Atlantiques) où la CGT a organisé un piquet de grève devant l’usine Dassault.

La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français, a également annoncé sa participation. « Je suis très en colère de la politique qui a été menée », déclare Thomas Maurice, porte-parole de l’organisation en Côte-d’Or, qui devait manifester mercredi après-midi à Dijon.

Avec AFP