Bretagne: 39 menhirs détruits sur le site classé de Carnac, pour construire un magasin de bricolage

Par Emmanuelle Bourdy
8 juin 2023 19:56 Mis à jour: 9 juin 2023 07:58

Pour permettre l’installation d’un magasin de bricolage, pas moins de 39 menhirs ont été démolis à Carnac (Morbihan), site de renommée mondiale.

Ce site mégalithique vieux de 7000 ans et classé sur la liste indicative de l’Unesco, est l’un des plus grands au monde. Abritant un alignement d’environ 3000 menhirs, il a récemment été amputé de 39 d’entre eux, dans une zone située chemin de Montauban, tout cela pour construire un magasin de bricolage.

« Toute destruction d’un site archéologique est passible d’une lourde amende »

Depuis la destruction de ces 39 menhirs, le site est l’objet d’une polémique. Pour la commune bretonne, qui a délivré le permis de construire en août 2022, tout a été fait dans les règles, nous apprend Ouest-France. Ce qui n’est pas l’avis de Christian Obeltz, qui a donné l’alerte ce vendredi 2 juin. Ce correspondant pour la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) est également collaborateur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Nantes. « C’était sans doute l’un des ensembles de stèles les plus anciens de la commune de Carnac », s’est-il agacé auprès de nos confrères, rappelant au passage que « toute destruction d’un site archéologique est passible d’une lourde amende ».

La zone concernée est en effet référencée depuis 2015 sur l’Atlas des patrimoines, un catalogue en ligne établi par la Drac et recensant les sites archéologiques présents, mentionne le quotidien régional. « C’est un site également fait pour que les élus aillent le consulter, pour tout permis de construire », insiste Christian Obeltz. Ce site figure également sur la liste indicative du projet d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, qui concerne 397 mégalithes des rives de Carnac et du Morbihan, répartis sur 27 communes.

« Nous avons respecté scrupuleusement la législation »

De son côté, le maire de Carnac Olivier Lepick, assure qu’il ignorait le référencement de cette zone sur l’Atlas des patrimoines. Un constat surprenant dans la mesure où il est président de Paysages des mégalithes, l’association qui porte le dossier de candidature au patrimoine mondial de l’Unesco. L’édile indique par ailleurs avoir « respecté scrupuleusement la législation », et renvoie vers la Drac. « Le permis de construire est accordé par la mairie et les services de l’État. Nous sommes extrêmement attentifs à ce genre de choses, nous regardons les zones de pré-inscription archéologique », a-t-il plaidé pour sa défense.

Ainsi que le rapporte encore Ouest-France et selon la mairie de Carnac, ce site avait été placé « en zone de prescription dans l’ancien Plan d’occupation des sols (POS), mais pas dans l’actuel Plan local d’urbanisme (PLU) ».

« Je ne suis pas archéologue, je ne connais pas les menhirs, des murets, il y en existe partout. Si on avait su cela, on aurait fait autrement, évidemment ! » s’est défendu Stéphane Doriel, le gérant du futur magasin Mr Bricolage.

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