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Paul Biya

Cameroun : Paul Biya reconduit à 92 ans pour un 8e mandat, dans un climat de tensions

À 92 ans, Paul Biya vient de décrocher son huitième mandat présidentiel au Cameroun. Le Conseil constitutionnel a officialisé lundi sa réélection avec 53,66% des suffrages exprimés. Un résultat qui prolonge le règne du doyen des dirigeants mondiaux en exercice, installé à la tête du pays depuis quatre décennies, précisément depuis 1982.

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Le président camerounais sortant Paul Biya lors d'un rassemblement électoral à Maroua le 7 octobre 2025.

Photo: ROBERT FIMBAYE/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 3 Min.

Cette nouvelle victoire s’inscrit dans une continuité politique sans précédent en Afrique centrale. Paul Biya incarne désormais une figure historique controversée : second président à diriger le Cameroun depuis la décolonisation française de 1960, il a traversé les époques en maintenant fermement son emprise sur l’appareil d’État.

L’opposition conteste et revendique la victoire

Face à cette proclamation officielle, l’opposition refuse de s’incliner. Son candidat principal, Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre passé dans le camp adverse, a obtenu officiellement 35,19% des voix selon le Conseil constitutionnel. Mais l’intéressé rejette catégoriquement ces chiffres et brandit ses propres calculs : 54,8% pour lui contre seulement 31,3% pour le président sortant.
Fort de ces résultats parallèles, Issa Tchiroma Bakary a lancé un appel à la mobilisation massive des Camerounais pour « défendre sa victoire ». Un discours qui a trouvé un écho retentissant dans plusieurs villes du pays, où ses partisans descendent régulièrement dans les rues depuis le scrutin organisé le 12 octobre dernier.

Des manifestations qui virent au drame

La contestation post-électorale a basculé dans la violence dimanche à Douala, capitale économique du Cameroun. Quatre personnes ont perdu la vie lors de rassemblements en soutien au candidat de l’opposition. Le gouverneur de la région du Littoral a confirmé ce bilan dramatique.
Les témoignages recueillis sur place décrivent une escalade brutale de la répression. Les forces de sécurité ont d’abord dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogènes, avant de franchir un seuil inquiétant en utilisant des munitions réelles, selon plusieurs protestataires interrogés. Cette réponse musclée reflète les tensions extrêmes qui traversent actuellement le pays.

Un système politique verrouillé depuis 43 ans

Pour la plupart des observateurs politiques, ce nouveau septennat de Paul Biya ne constituait guère une surprise. Le système camerounais, dénoncé par ses opposants comme hermétique à toute alternance démocratique, aurait été progressivement verrouillé durant ces 43 années de pouvoir ininterrompu.
Le parcours de Paul Biya est marqué par une gouvernance autoritaire caractérisée par la répression systématique de toute forme d’opposition. Son régime a résisté aux turbulences économiques successives et fait face, depuis 2016, à un conflit séparatiste meurtrier dans les deux régions anglophones du territoire national. Un contexte qui n’a jamais véritablement ébranlé sa mainmise sur les institutions camerounaises.
Avec AFP