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Ce que vos cheveux disent de votre santé : découvrez comment ils peuvent révéler stress, carences et toxines
Quand on pense aux bilans de santé, on imagine souvent les prises de sang ou les examens d’imagerie médicale. Pourtant, un indicateur souvent négligé de notre bien-être se trouve juste sur notre tête : nos cheveux. Cependant, les experts préviennent : les tests capillaires ne sont pas encore suffisamment standardisés pour un dépistage fiable de la santé. Au-delà de leur aspect esthétique, les cheveux peuvent servir d’archives biologiques, renfermant une mine d’informations sur l’état interne de notre organisme.

Photo: Illustration par Epoch Times, Shutterstock
Nos cheveux peuvent révéler bien des secrets sur notre santé : traces d’hormones du stress, carences nutritionnelles, voire exposition aux métaux lourds, emprisonnés dans chaque mèche comme les cernes d’un arbre. Ce principe inspire de nombreuses entreprises de tests vendus directement aux consommateurs. Mais selon les experts médicaux, la science n’est pas encore assez avancée pour une utilisation à grande échelle.
« Les tests capillaires peuvent être précis, s’ils sont correctement réalisés », explique dans un entretien accordé à Epoch Times le Dr Joshua Nogar, directeur du service de toxicologie médicale au Northwell Health à New York. Il ajoute cependant que de nombreux facteurs peuvent influencer les résultats et qu’il n’existe pas encore suffisamment de données pour les interpréter de manière fiable.
Les chercheurs continuent d’explorer le potentiel du cheveu comme outil diagnostique. Les progrès récents dans ce domaine ouvrent de nouvelles perspectives pour comprendre comment des facteurs comme le stress, la nutrition ou la consommation de substances peuvent influencer la santé globale.
La science du cheveu comme mémoire biologique
Les cheveux poussent d’environ un centimètre par mois, intégrant au passage nutriments, toxines et marqueurs biochimiques présents dans le sang. Une fois formé, le cheveu devient métaboliquement inerte : ces substances y restent donc piégées, offrant un enregistrement chronologique des changements physiologiques au fil du temps.
Contrairement aux analyses de sang ou d’urine, qui fournissent une image instantanée, l’analyse capillaire reflète une exposition ou un état sur la durée. En revanche, comme le cheveu pousse lentement, cette méthode n’est pas adaptée à la détection d’expositions récentes. Le Dr Nogar précise qu’il faut environ une semaine pour que des drogues, leurs métabolites ou des produits chimiques soient incorporés dans le follicule pileux.
« Les tests capillaires ne peuvent pas détecter les expositions très récentes à des substances », indique-t-il. Il n’existe pas de durée maximale de détection précise, celle-ci dépendant essentiellement de la longueur du cheveu analysé. Par exemple, une exposition à certaines substances ou une carence nutritionnelle survenue il y a un an peut encore être détectée, à condition que la mèche correspondante n’ait pas été coupée.
« Selon la substance étudiée, le cheveu peut être utile pour évaluer des expositions chroniques ou des tendances à long terme », explique à Epoch Times Alex Lebeau, toxicologue, hygiéniste industriel.
Détecter le stress grâce au cortisol capillaire
L’une des applications les plus prometteuses de l’analyse capillaire consiste à mesurer le cortisol, principale hormone du stress. Des taux élevés de cortisol sur une longue période sont associés au stress chronique, qui peut nuire à la santé cardiovasculaire, à l’immunité et au bien-être mental.
En analysant des segments de cheveux — généralement correspondant aux un à trois derniers mois —, les praticiens peuvent évaluer l’exposition cumulée au cortisol, offrant ainsi un aperçu de l’impact du stress prolongé sur la santé. Cette méthode présente un avantage par rapport aux tests sanguins ou salivaires, dont les résultats varient au cours de la journée et rendent difficile l’évaluation du stress chronique.
Toutefois, cette technique n’est pas encore prête pour un usage courant. Le Dr Meena Malhotra, médecin diplômée en médecine interne et en médecine de l’obésité dans la région de Chicago, explique à Epoch Times que la mesure du cortisol dans les cheveux est une méthode encore récente d’évaluation hormonale. « Elle n’est pas encore très standardisée », précise-t-elle.
Nutrition et contenu minéral des cheveux
Les carences nutritionnelles laissent souvent des traces détectables dans les cheveux.
Des minéraux comme le zinc, le cuivre, le magnésium et le fer s’incorporent dans la fibre capillaire au fur et à mesure de sa croissance. Les analyses de laboratoire mesurant ces concentrations minérales peuvent ainsi révéler des déficits avant même qu’ils ne se traduisent par des symptômes visibles, susceptibles d’affaiblir l’immunité, la cognition ou le niveau d’énergie.
Certaines recherches indiquent que les taux de zinc peuvent être mesurés plus précisément par analyse capillaire que par test sanguin. Un faible taux de zinc dans les cheveux a été associé à une réponse immunitaire affaiblie.
Jill Ashbey-Pejoves, diététicienne et responsable principale de la nutrition clinique au Northwell Health de New York, déclare dans Epoch Times qu’une carence légère chez l’enfant peut passer inaperçue au début. « Les effets les plus visibles incluent une croissance ralentie et une puberté tardive », précise-t-elle. « Chez l’adulte, les symptômes possibles sont une altération du goût et de l’odorat, un affaiblissement du système immunitaire, une cécité nocturne, une cicatrisation lente et divers problèmes cutanés. »
Surveillance de l’exposition aux métaux lourds
Les toxines environnementales, notamment les métaux lourds comme le plomb, l’arsenic, le cadmium et le mercure, représentent un risque majeur pour la santé. L’analyse capillaire offre une méthode non invasive pour suivre les niveaux d’exposition au fil du temps, bien que son interprétation reste complexe en raison du risque de contamination externe.
Lorsqu’une élévation des taux est confirmée, elle peut correspondre à des troubles neurologiques, des lésions rénales ou d’autres atteintes systémiques. L’analyse des cheveux permet aussi de repérer des schémas d’accumulation de métaux lourds, parfois associés à certains types de cancers, bien que la technique reste à perfectionner.
Cependant, cette méthode présente des limites : certaines substances ou métaux détectés dans les cheveux ne reflètent pas forcément ce qui se passe à l’intérieur de l’organisme, souligne dans Epoch Times le Dr Ryan Marino, urgentiste et expert en toxicologie.
« Par exemple, le bain ou les produits capillaires peuvent modifier la composition chimique des cheveux sans indiquer d’effet systémique », explique-t-il.
Le Dr Marino ajoute que l’analyse capillaire reste limitée pour déterminer le moment exact d’une exposition.
« Même si certaines méthodes tentent d’en préciser le timing, ces tests ne sont généralement pas jugés suffisamment fiables pour dater une exposition », précise-t-il. Certains peuvent produire de faux positifs ou manquer certaines traces.
En conclusion, poursuit le Dr Marino, les tests capillaires doivent être réalisés rarement, et uniquement en collaboration étroite avec un spécialiste formé aux expositions toxiques et à leur interprétation.
Une fenêtre non invasive sur la santé humaine
Des études récentes soulignent le potentiel de l’analyse capillaire comme outil d’évaluation de l’état nutritionnel et de la santé, notamment dans des pathologies complexes comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI).
Les carences en micronutriments sont fréquentes dans ces maladies, mais leur diagnostic reste difficile, car les signes cliniques n’apparaissent souvent qu’à un stade avancé. L’analyse des cheveux offre une méthode non invasive pour surveiller les oligo-éléments et les minéraux, donnant un aperçu de l’état nutritionnel du corps.
Les tests capillaires pourraient aussi contribuer à améliorer le diagnostic et la prise en charge des enfants atteints d’autisme. L’un d’eux permet, à partir d’un seul cheveu, d’identifier des biomarqueurs associés au trouble du spectre autistique chez les nourrissons et les jeunes enfants.
Cette approche offre une sorte de chronologie de l’activité métabolique, reflétant l’exposition à diverses substances et toxines au cours du développement, afin de recueillir des données biologiques susceptibles de permettre une détection et une intervention plus précoces.
Limites et perspectives d’avenir
L’intégration des tests capillaires dans les bilans de santé de routine reste encore en développement. Si le cheveu peut servir d’archive biologique révélant l’état interne du corps, la science de leur interprétation fiable en est encore à ses débuts.
Avec les progrès de la recherche, les analyses capillaires pourraient devenir un outil essentiel de la médecine préventive, aidant chacun à mieux comprendre et optimiser sa santé bien avant l’apparition des symptômes. Pour l’heure, le Dr Nogar estime cependant que ces tests ne constituent pas encore une méthode fiable de suivi de la santé générale.
« Des recherches supplémentaires sont nécessaires avant que les tests capillaires ne deviennent un outil de surveillance courante de la santé. »










