PRéLèVEMENTS D'ORGANES

Le Centre médical de l’UCLA coopère avec un chirurgien soupçonné de prélèvements d’organes forcés

février 9, 2017 9:26, Last Updated: janvier 12, 2018 18:07
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LOS ANGELES – L’un des centres hospitaliers les plus renommés des États-Unis, le Centre médical de l’UCLA (Université de Californie à Los Angeles), s’est engagé à travailler avec un médecin chinois suspecté de meurtres en masse.

Le Centre médical de l’UCLA est régulièrement coté parmi les plus performants du pays. Selon le l’US News & World Report 2016-2017, ses hôpitaux de Westwood et de Santa Monica sont les meilleurs de Californie et occupent la 5e place à l’échelle nationale.

Comme le démontre ce classement annuel, qui évalue près de 5 000 hôpitaux, ces établissements sont à la pointe de la technologie médicale.

En juin 2011, l’UCLA a commencé à coopérer avec le Premier hôpital affilié à l’Université du Zhejiang à Hangzhou.

C’est le Dr Zheng Shusen, spécialisé dans la chirurgie de transplantation, qui dirige cet établissement. Or on le soupçonne d’avoir supervisé de nombreux prélèvements d’organes à vif sur des personnes non consentantes.

Ce type de prélèvements, qui permet d’avoir des organes dans les plus brefs délais, est largement pratiqué en Chine et implique la mort du donneur. Il s’agit généralement de prisonniers d’opinions. Les observateurs estiment à des centaines de milliers les victimes de ces opérations.

Dans un reportage de Xinhua, l’agence de presse du gouvernement chinois, le Dr Zheng à déclaré que cette coopération permettrait « de mettre à profit les ressources médicales et les expériences des deux institutions ».

Ainsi, en août 2011, deux transplantations du foie étaient diffusées en direct aux chirurgiens américains. Les médecins chinois semblaient impatients d’impressionner leurs homologues occidentaux.

Et en effet, tout le monde était enthousiaste car pour Ronald Busuttil, le directeur et fondateur de l’Unité de transplantation du foie et du pancréas de l’UCLA, dans un article paru sur le site en anglais de la China Radio International, ces opérations étaient « parfaites ».

Voilà pourquoi, deux mois plus tard à peine, en octobre 2011, le Dr Zheng recevait le titre de « professeur auxiliaire » de l’UCLA, devenant le premier Chinois à obtenir ce titre honorifique.

En mai 2012, il recevait la plus grande distinction accordée par l’université californienne et devenait un « professeur éminent ».

Le Centre médical de l’UCLA a déclaré dans un communiqué que son programme de transplantation du foie n’intégrerait pas de nouveau membre dans son équipe mais « qu’une coopération entre les académies allait être mise en place via des téléconférences avec les services de transplantation du Premier hôpital affilié à l’Université du Zhejiang et de l’Hôpital international de l’Université du Zhejiang. »

Acclamé et dénoncé à la fois

Sur le papier, les résultats du Dr Zheng sont remarquables.

Après avoir étudié la transplantation à Hong kong pendant deux ans, il effectue la première greffe du foie de la province du Zhejiang en 1993.

En 2001, il rejoint l’Académie d’ingénierie de Chine et devient un des experts de la technologie médicale les plus estimés du gouvernement chinois.

En mars 2001, lors de sa création, le Dr Zheng prend la direction du Laboratoire principal des prélèvements multi-organes et des transplantations simultanées du ministère de la Santé à l’Université du Zhejiang.

Passionné par sa spécialisation, sa renommée s’accroît lui permettant de devenir un des pionniers des fameux « critères de Hangzhou » dans la sélection des patients en attente d’un foie.

Mais les observateurs de la communauté internationale s’interrogent face au nombre particulièrement élevé des greffes effectuées en Chine.

Le Dr Zheng fait partie des quelque dix mille médecins en Chine soupçonnés (…) d’avoir participé à des prélèvements d’organes forcés

En cinq ans, entre 1993 et 1998, on avait procédé à 78 transplantations du foie à travers le pays. Or en 1999, en l’espace d’une seule année, 115 de ces greffes sont réalisées, ce qui représente une augmentation de plus de 600 %.

Comment expliquer ce pic de 1999 ?

David Kilgour, ancien député canadien et secrétaire d’État (Asie-Pacifique) et David Matas, avocat international des droits de l’Homme, constatent, dans une enquête menée en 2006 concernant des allégations de prélèvements forcés d’organes en Chine, que cet accroissement spectaculaire de 1999 coïncide avec les débuts de la persécution des pratiquants de Falun Gong lancée par le gouvernement. Selon les chiffres officiels, il y avait alors plus de 70 millions de pratiquants de Falun Gong dans le pays.

Dans leur étude Bloody Harvest, David Kilgour et David Matas passent en revue une cinquantaine de preuves. Une fois recoupés, tous ces éléments ne laissent aucune place au doute et une conclusion s’impose : un grand nombre de ces pratiquants ont été tués pour leurs organes.

Selon le site de l’hôpital, en juillet 2016, le Dr Zheng et son équipe avait environ 2 000 transplantations à son actif. Le Dr Zheng fait partie des quelque dix mille médecins en Chine soupçonnés par l’Organisation mondiale d’enquête sur la persécution du Falun Gong (WOIPFG) d’avoir participé à des prélèvements d’organes forcés.

Une sortie abrupte

En août 2016, l’ONG The Transplantation Society (TTS), qui énonce les directives d’une pratique éthique pour ce type d’opérations, organise une conférence à Hong Kong.

Selon un participant, ce colloque du 18 août, établi pour informer les chirurgiens chinois sur les réformes du protocole de transplantation prévoit l’intervention du Dr Zheng pour s’exprimer sur la « nouvelle ère de la greffe du foie » en Chine. Cependant, sur le programme, son nom est remplacé par celui d’un autre spécialiste, Sun Siyong.

Dans les faits, le Dr Zheng montera sur l’estrade mais, une fois son discours achevé, il retournera s’asseoir puis quittera rapidement la salle.

À la fin du congrès, le Dr Jeremy Chapman, président du comité du programme et ancien président de la TTS, déclare : « Quelqu’un, qui s’est exprimé ici aujourd’hui, a partagé des recherches menées sur des prisonniers exécutés [par lui]. Nous le dénoncerons au gouvernement chinois ; cette personne ne se présentera plus jamais à une conférence de la TTS. La TTS est stricte à ce sujet. »

S’il est difficile de savoir précisément pourquoi l’invitation du Dr Zheng a été remise en question, il n’en reste pas moins qu’un reportage antérieur d’Epoch Times pointe son appartenance à une organisation dédiée à calomnier le Falun Gong.

Le Dr Zheng est le président de l’Association anti-secte de la province du Zhejiang. Selon WOIPFG, cette association est un instrument du gouvernement pour discréditer les pratiquants de Falun Gong et attiser l’hostilité publique à leurs encontre.

Les rapports montrent que le Dr Zheng y est assez actif. Il a prononcé plusieurs discours dans diverses conférences et a participé à de nombreux évènements pédagogiques en attaquant le mouvement spirituel.

Envol du nombre des greffes, disponibilité immédiate des organes, aucun vrai système de dons

La soudaine explosion des transplantations d’organes n’a pas été un phénomène isolé, limité au seul Dr Zheng et à son équipe ; depuis l’année 1999, elle a eu lieu dans toute la Chine.

Officiellement, la Chine procède chaque année à quelque 10 000 transplantations, ce qui la place au 2e rang derrière les États-Unis, avec 28 000 à 30 000 greffes par an selon le Département américain de la Santé et des Services sociaux.

L’étude de 2006 de David Kilgour et David Matas a été actualisée, avec la participation d’Ethan Gutman en 2016, Bloody Harvest / The Slaughter : Update. On y examine les programmes de transplantation de centaines d’hôpitaux chinois en s’appuyant sur les données collectées auprès des médias, des revues médicales, de la propagande officielle, des sites d’hôpitaux ou d’autres sites Internet aujourd’hui supprimés mais dont les bilans ont été archivés.

Entre autres informations, ce rapport analyse les revenus des hôpitaux et les subventions de l’État, leur nombre de lits et le taux d’utilisation de ces lits, leur personnel chirurgical et les programmes de formation.

Selon les experts, cette période d’attente extrêmement courte implique que le chirurgien tient à sa disposition une réserve de « donneurs » vivants compatibles.

Parachevée, l’enquête indique également que la Chine effectue entre 60 000 et 100 000 transplantations d’organes par an depuis 2000.

Le système des dons d’organes en Chine est inefficace et un organe greffé implique généralement la mise à mort d’une personne.

Aux États-Unis, le temps d’attente moyen pour recevoir un organe va de plusieurs mois à cinq ans, en Chine, de quelques jours à plusieurs semaines.

Le 20 avril 2014, le Dr Zheng a déclaré, lors d’un appel téléphonique émis par un enquêteur se faisant passer pour le parent d’un patient, qu’il était en mesure de fournir un foie compatible en une ou deux semaines.

Le Dr Zheng a co-écrit un article médical universitaire précisant qu’entre janvier 2000 et décembre 2004, il avait réalisé 46 greffes de foie en urgence, dans lesquelles les receveurs avaient obtenu des organes dans les 72 heures.

Selon les experts, cette période d’attente extrêmement courte implique que le chirurgien tient à sa disposition une réserve de « donneurs » vivants compatibles.

Le constat qui a alarmé les médecins et les chercheurs concernant l’industrie de la transplantation en Chine est l’absence d’un réel système de donneurs. En Chine, les dons d’organes sont quasiment inexistants.

Le Dr Zheng lui-même avait déclaré lors d’une interview pour Sohu Health du 13 mars 2012 : « Notre pays était en retard en matière de dons d’organes. Depuis que le ministère de la Santé et la Croix-Rouge chinoise (et non la Croix-Rouge officielle) ont lancé le projet Don d’organes après la mort cardiaque en 2010, il y a eu environ 200 dons. »

Récemment le Centre médical de l’UCLA a déclaré que les principaux responsables de la transplantation aux États-Unis avaient posé des conditions concernant le prélèvement d’organes en Chine, afin que la procédure devienne conforme aux normes internationales. Selon eux les hôpitaux chinois auraient accepté de s’y soumettre.

Mais les autorités américaines sont loin d’être convaincues. Seuls des faits objectifs pourront les persuader.

La Chambre des représentants

En juin 2016, la Chambre des représentants a adopté à l’unanimité la résolution H. Res. 343, un projet de loi condamnant les méthodes chinoises de prélèvements d’organes à vif sur les pratiquants de Falun Gong ou sur toute autre personne appartenant à un quelconque groupe spirituel ou minorité ethnique. Elle a également appelé la communauté médicale américaine à sensibiliser la population sur le fait que les moyens employés par la Chine dans la transplantation d’organes sont contraires à toute déontologie.

Version originale : UCLA Medical Center Collaborates With Doctor Accused of Forced Organ Harvesting

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Un médecin témoigne de l’horreur des prélèvements d’organes forcés en Chine

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