Chômage: la hausse au troisième trimestre pourrait annoncer un retournement de tendance

Par Epoch Times avec AFP
25 octobre 2023 15:25 Mis à jour: 25 octobre 2023 15:27

Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité a augmenté de 0,6% au troisième trimestre en France, un chiffre qui pourrait marquer un retournement de tendance car le marché du travail subit le contrecoup de la hausse des taux d’intérêt, de la remontée des faillites d’entreprises et du recul de l’âge de la retraite.

En France (hors Mayotte), ce sont 17.400 personnes en plus sur un trimestre qui sont à la recherche d’un emploi et n’exercent aucune activité, soit 3,028 millions au total, après un léger tassement du chômage au printemps, selon les chiffres publiés mercredi par le ministère du Travail.

En incluant l’activité réduite (catégories B et C de Pôle emploi), le nombre de demandeurs d’emploi est en légère hausse de 0,2% au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, soit 8800 inscrits en plus et s’établit à 5,352 millions, selon la Direction des statistiques du ministère du Travail (Dares).

Au deuxième trimestre, le nombre de chômeurs de catégorie A avait légèrement diminué, de 0,2%. Sur un an, le chômage continue à être orienté à la baisse au troisième trimestre, avec 120.000 demandeurs d’emploi en moins (soit 3,8%), par rapport à l’été 2022.

Les jeunes plus touchés

Les tendances ne sont pas les mêmes selon les tranches d’âge, toujours sur un an : le nombre de demandeurs d’emploi âgés de moins de 25 ans était en hausse de 3,1% sur un an, alors qu’il diminue de 4% chez les 25-49 ans et même de 6,4% chez les 50 ans et plus.

Par rapport au deuxième trimestre, le nombre de chômeurs de catégorie B, ceux ayant exercé une activité réduite de 78 heures au maximum par mois, est en hausse notable de 3,1%, avec 24.900 personnes de plus dans cette situation. Mais il y a 3,3% de moins de chômeurs de catégorie C ayant exercé une activité réduite de plus de 78 heures par mois.

Le ministère relève encore que « les entrées à Pôle Emploi augmentent » de 0,7%, avec « une forte diminution des licenciements et des premières entrées », et en revanche une hausse des « fins de mission d’intérim », des « retours d’inactivité » et des « ruptures conventionnelles ».

Enfin, « les sorties de Pôle emploi diminuent fortement », de 4,4% avec « une forte diminution des défauts d’actualisation et des arrêts de recherche » (à savoir notamment les radiations de Pôle Emploi et les sorties du marché du travail).

Par régions, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A augmente de 1,6% en Auvergne-Rhône-Alpes, de 1,4% en Nouvelle-Aquitaine et de 1,1% dans le Grand-Est. Il diminue de 0,9% dans les départements d’outre-mer (hors Mayotte) et de 0,7% en Corse, tandis qu’il est stable en Île-de-France.

Les créations d’emplois avaient baissé au deuxième trimestre, et on est aujourd’hui face à « une inversion de la courbe du chômage dans le mauvais sens, après plusieurs années de baisse » (depuis 2015), commente l’économiste Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’OFCE. Les déclarations d’embauche ont d’ailleurs été stables au troisième trimestre (elles avaient encore progressé au deuxième trimestre), a rapporté l’Urssaf.

Moins optimiste

La semaine dernière, le ministre du Travail Olivier Dussopt s’était montré moins optimiste qu’auparavant : les études montrent le « risque d’une stabilisation et certains disent peut-être une légère augmentation de 0,1 ou 0,2 point du chômage », avait-il dit sur BFM Business. « Aujourd’hui nous sommes à 7,1% de chômage et notre objectif est de stabiliser ce taux. »

L’OFCE s’attend pour sa part à une remontée plus forte du taux de chômage, à 7,4% fin 2023 et 7,9% fin 2024. Mathieu Plane relève « un contexte relativement morose » avec des tensions internationales, « la remontée des taux d’intérêt », et les effets de l’inflation, notamment sur les prix de l’énergie et l’alimentaire.

Ces chocs pèsent sur la croissance, qui oscille entre 0,1 et 0,2% par trimestre. Or « avec une croissance aussi faible, difficile de créer des emplois. Ou alors il faut des dispositifs spécifiques, qu’on a eus par le passé et qui vont s’arrêter », explique l’économiste, en référence aux soutiens publics aux entreprises et aux ménages durant la pandémie et au début de la crise énergétique.

Grâce à ces aides, « il y a eu très peu de faillites en France pendant trois ans, ce qui a permis de maintenir un certain nombre d’emplois qui n’auraient pas pu se maintenir en temps normal ». Des faillites qui ont désormais retrouvé leur niveau pré-Covid-19. L’OFCE s’attend à un peu plus de 50.000 destructions d’emplois pour 2024.

Difficulté supplémentaire : avec la réforme des retraites, « les personnes doivent rester plus longtemps sur le marché du travail. En deux ans, on a 177.000 actifs supplémentaires par rapport à un scénario sans réforme », souligne Mathieu Plane. « L’économie doit créer beaucoup d’emplois pour absorber cet effet là. »

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