Coronavirus : le médecin urgentiste Christophe Prudhomme dézingue la gestion sanitaire du gouvernement

Par Suzanne Durand
2 avril 2021 13:10 Mis à jour: 2 avril 2021 13:28

Invité le 31 mars dernier dans l’émission « Pas de Quartier » diffusée sur la web-tv QG, le médecin urgentiste Christophe Prudhomme dénonce le manque d’écoute du gouvernement face à la situation sanitaire.

En quatre minutes, le porte-parole des médecins urgentistes Christophe Prudhomme a tenu à remettre les pendules à l’heure concernant la situation actuelle dans les hôpitaux en Ile-de-France. « En Ile-de-France, nous avons uniquement 1200 lits de réanimation pour 12 millions d’habitants. On avait 1200 lits de réanimation en janvier 2020. On a toujours 1200 lits aujourd’hui ! », explique-t-il.

« Nous, les urgentistes, depuis maintenant de nombreuses années, depuis la canicule, nous expliquons que chaque hiver, chaque été, chaque période de vacances, chaque long week-end, nous manquons de lits de réanimation ».

 « Il est clair que quand on est confronté à une épidémie comme celle que l’on connaît, qui n’a rien de catastrophique parce qu’aujourd’hui, on nous explique que la situation est catastrophique, la situation n’est pas catastrophique au niveau sanitaire. Nous avons un nombre de malades, certes important. Les hôpitaux, oui, en Ile-de-France sont sous tension parce que justement nous manquons de lits et que les stratégies qui sont proposées ne sont pas les bonnes, que rien n’a été fait pour ouvrir des lits depuis un an et que là de nouveau, plutôt que de faire venir du personnel de province pour augmenter le nombre de lits, on nous amuse avec des évacuations sanitaires, des TGV sanitaires ».

« Nous avons besoin de plus de personnel »

« Enfin, bref, c’est très médiatique », pointe-t-il. « Ça permet aux politiques et à un certain nombre de médecins de faire les beaux devant les médias », ironise-t-il. « Mais ce n’est pas ce dont nous avons besoin. Nous avons besoin de plus de personnel pour ouvrir des lits. Donc, voilà, on pouvait entendre, il y a un an, que l’on manquait de personnel. Mais on n’en a pas formé depuis un an ! Puis, surtout, on n’a pas gardé ceux que l’on avait commencé à former parce que l’on a ouvert quasiment 12 000 lits de réanimation en France, alors qu’on n’en a que 5500 au moment du pic de l’épidémie, mais on les a refermés pendant l’été ! »

« On avait du personnel que l’on avait commencé à former », poursuit le médecin urgentiste. « Si on l’avait gardé, à l’automne, quand on a eu de nouveau des malades, on aurait pu ne pas être sous tension et accueillir correctement les malades et surtout ne pas déprogrammer, parce qu’il y a plus de gens qui n’ont pas le Covid que de gens qui ont le Covid. Et quand on déprogramme, ça a un retentissement sur la santé de l’ensemble de la population ». « Tout cela », dit-il, « nous irrite et ça met le personnel en colère parce qu’on tire sur la corde. On nous demande de revenir les week-end, de ne pas prendre de vacances, les gens qui veulent muter ou les gens qui veulent démissionner aujourd’hui ne peuvent pas le faire. Voilà la situation », déplore M. Prudhomme.

Fermeture de deux grands hôpitaux, suppression de plus de 300 lits

Christophe Prudhomme accuse son directeur général de l’AP-HP Martin Hirsch du refus de la création de lits en réanimation et du projet de fermeture des hôpitaux Bichat et Beaujon à Paris. « C’est une incurie totale, mais c’est voulu », s’insurge-t-il. « Ce n’est pas parce que ce sont des incompétents. Ils ne veulent pas rouvrir des lits parce qu’ils sont toujours dans la logique de diminuer le nombre de lits. Mon patron qu’est Martin Hirsch, plutôt que de préparer l’hôpital dont il a la charge qui est quand même le plus grand hôpital d’Europe, plutôt que de le préparer, d’essayer d’ouvrir des lits, de rapatrier le matériel, il va devant le conseil municipal de Saint-Ouen pour défendre une opération qui s’appelle l’Hôpital Nord, qui va se traduire par la fermeture de deux grands hôpitaux, Bichat et Beaujon » et « surtout », insiste-t-il, « la suppression de plus de 300 lits dans le Nord-Est de la région parisienne là où on en manque le plus, là où j’exerce en Seine-Saint-Denis ».

Le gouvernement actuel « responsable de la fermeture de 60 000 lits »

Manque d’écoute de l’exécutif, manque de moyens… Christophe Prudhomme déclare le ras-le-bol quotidien du personnel soignant dans les hôpitaux. « Un des drames chez nous, c’est que dès que ça commence à chauffer, nous sommes les premiers à être à saturation et à être obligés déjà de transférer les patients dans d’autres zones de l’Ile-de-France. Vous savez, d’autres zones de l’Ile-de-France, quand vous habitez Aulnay-sous-Bois, vous n’avez pas de voiture, vous n’avez que les transports en commun et que l’on vous explique que votre père, votre grand père, va être hospitalisé à Poissy ou à Melun, c’est quand même un problème. C’est ça la vraie vie, la réalité », lance-t-il. « C’est une politique qui est voulue. Ils sont dans une position idéologique ».

Pour l’urgentiste, « le gouvernement actuel, avec Mme Bachelot, Buzin, Véran sont responsables de la fermeture de 60 000 lits. » « Mme Bachelot, quand on lui expliquait qu’on n’avait pas assez de lits, elle nous a vendu des gestionnaires de lits. On lui a expliqué que les gestionnaires de lits, c’était bien pour les groupes hôteliers, mais pas pour l’hôpital », mais « aujourd’hui, la problématique de l’ouverture de lits, de moyens pour l’hôpital est un problème politique qu’il va falloir traiter dans les semaines, dans les mois qui viennent », insiste Christophe Prudhomme.

« Et je pense », relance-t-il, « qu’au regard de la crise et du retour d’expérience sur la crise, toute la bataille qu’on a menée pendant un an à l’hôpital parce que la crise est arrivée alors qu’on était en mouvement à l’hôpital et qu’on réclamait des ouvertures de lits et qu’on nous disait : ‘non, non, il n’y a pas besoin’. Sauf que là, maintenant, on voit bien que l’on manque de lits. Donc, il faudra bien qu’à un moment donné, soit les gens qui sont au pouvoir aujourd’hui commencent à nous octroyer les moyens, soit que ceux-là on les mette dehors et qu’on les remplace par d’autres qui nous écoutent », conclut le porte-parole des médecins urgentistes.

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