Cuba: pleurs et tension au procès de 33 manifestants du 11 juillet

Par Epoch Times avec AFP
5 février 2022 07:45 Mis à jour: 5 février 2022 07:57

Un climat de tension régnait cette semaine autour du tribunal de La Havane où étaient jugés pour sédition 33 participants aux manifestations du 11 juillet 2021, leurs proches, émus et apeurés, attendant des nouvelles dans un parc voisin.

« Le lundi, j’ai eu un problème ici, ils m’ont arrêtée et j’ai peur qu’ils m’arrêtent à nouveau », témoigne, les yeux humides de larmes, Belkis Ortiz, la grand-mère de Duannis Dabel Leon Taboada, un jeune de 22 ans contre qui le parquet a requis 21 ans de prison.

Risquant jusqu’à 25 ans de prison

Au total, 33 manifestants comparaissaient de lundi à jeudi pour le délit de sédition, au tribunal du quartier 10 de Octubre, risquant jusqu’à 25 ans de prison.

Lundi, une trentaine de personnes ont commencé à former un cercle, près du tribunal, pour crier « Justice » et « Liberté » pour leurs proches.

L’atmosphère était tendue cette semaine devant un palais de justice de La Havane où 33 manifestants ont été jugés pour le crime de sédition. Photo de LETICIA PINEDA/AFP via Getty Images.

Selon l’organisation d’opposition Justicia 11J, au moins 14 d’entre eux ont été arrêtés « avec violence », dont l’activiste Carolina Barrero.

Jeudi, cette dernière a été forcée de quitter le pays pour l’Espagne, un sort similaire à celui d’autres figures de la dissidence et du journalisme indépendant ces derniers mois.

« 48 heures pour partir »

« La sécurité de l’Etat m’a donné 48 heures pour partir », a-t-elle raconté sur Facebook, expliquant que si elle refusait, les mères de manifestants et les activistes arrêtés « seraient poursuivis pour le délit de désordre public ».

L’audience de lundi s’est déroulée sous une imposante présence policière.

Le procès est connu comme celui du Toyo, du nom d’une boulangerie devant laquelle des échauffourées avaient eu lieu le 11 juillet entre pro et anti- gouvernement. Des véhicules avaient été endommagés, une voiture de police renversée, et la chaussée recouverte de pierres et de bouteilles.

Des proches des personnes arrêtées lors des manifestations antigouvernementales du 11 juillet attendent devant le tribunal municipal du 10 de Octubre à La Havane, le 2 février 2022. Photo LETICIA PINEDA/AFP via Getty Images.

Ces derniers jours, les autorités cubaines, jusque-là muettes sur ces procédures judiciaires, ont donné leur version des faits.

Ceux accusés de sédition « ont agi avec une violence extrême, ont organisé les troubles de l’ordre public, se sont mis d’accord, expressément ou de façon tacite, pour ne pas respecter les institutions officielles chargées de garantir la sécurité et la tranquillité citoyenne », a affirmé au portail officiel Cubadebate Lisnay Maria Mederos Torres, de la direction des procédures judiciaires au parquet général.

Plus de 700 Cubains inculpés

En outre, « ils ont utilisé un langage grossier et offensant pour inciter à la violence, ils ont lancé des objets pointus, contondants ou incendiaires contre des biens publics, ils ont détruit tout ce qu’ils trouvaient sur leur passage ».

Elle a assuré que les procès se déroulaient « avec une large participation » des avocats de la défense.

Au total, plus de 700 Cubains, dont 55 âgés de moins de 18 ans, ont été inculpés pour les manifestations, inédites depuis la révolution de 1959, et 172 autres ont déjà été condamnés, selon la justice.

Au procès du tribunal de 10 de Octubre, seul un membre de la famille de l’accusé pouvait entrer, et pas la presse étrangère. Une fonctionnaire du tribunal a expliqué à l’AFP que, pour assister aux procès, les médias doivent être autorisés directement par le président du Tribunal suprême.

« Cesser d’emprisonner pour avoir exercé leur liberté d’expression »

Les autorités américaines n’ont cessé ces dernières semaines de critiquer ces procès. Jeudi, le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, s’est inquiété du sort des prisonniers politiques, notamment des artistes Luis Manuel Otero Alcantara et Maykel Osorbo.

« Nous exhortons le gouvernement de Cuba à cesser d’emprisonner ses citoyens pour avoir exercé leur liberté d’expression », a-t-il tweeté.

Pour Laila Prieto de La Rosa, épouse d’un manifestant de Toyo, son mari ne mérite pas ce qui lui arrive.

« Il a grimpé sur le toit d’une voiture de police et pour cela ils demandent 25 ans de prison », dit la jeune femme de 20 ans, en haussant la voix de colère. « Le procès est une totale mise en scène et je ne suis pas d’accord, je n’attends rien de bon ».

« La justice, c’est tout ce qu’on demande »

Lors d’une interruption de séance, elle sort du tribunal et va se réunir avec ceux qui patientent dans le parc et se plaignent de ne pouvoir s’approcher plus.

« Ils nous envoient ici, à plus d’un pâté de maison », soupire Caridad Garcia, 62 ans, dont la petite-fille de 24 ans risque 17 ans de prison.

Le procès s’est conclu jeudi, et le jugement a été mis en délibéré.

« La justice, c’est tout ce qu’on demande, ce sont trop d’années (en prison), ces gamins sont très jeunes », dit, assise sur l’herbe, Yesenia Diaz, 32 ans, dont le frère Oscar Bravo, 23 ans, travaillait à l’aéroport de La Havane jusqu’à son incarcération.

 

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.