Téléréalité : des accusations d’agressions sexuelles peu suivies d’effets

Par Epoch Times avec AFP
30 janvier 2022 10:11 Mis à jour: 30 janvier 2022 10:34

Dénonçant des agressions et violences sexuelles dans la téléréalité, d’anciennes candidates font vaciller une industrie propice à l’omerta, accusant les sociétés de production d’un silence complice et de ne pas avoir sanctionné des participants mis en cause.

Vingt ans après son arrivée en France, la téléréalité fait l’objet de scandales à répétition. Aux Pays-Bas, le pionnier européen du genre, le producteur John de Mol est désormais sur la sellette, à la suite d’un scandale sexuel éclaboussant son émission « The Voice of Holland ».

Des émissions « bon enfant » sur fond de harcèlement

En France aussi, depuis quelques mois, l’image « bon enfant » de ces divertissements le plus souvent diffusés sur les chaînes de la TNT, comme « Les Marseillais » ou « Les Princes de l’amour », se fissure après des accusations visant des candidats emblématiques.

En avril, plusieurs « Anges de la téléréalité » avaient appelé au boycott du programme, dénonçant un harcèlement orchestré par certains participants et un « climat de tension » alimenté par la production.

Puis « l’affaire » Illan Castronovo, du nom de ce candidat populaire de 28 ans, a provoqué un séisme dans une industrie jusque-là silencieuse.

Tout est parti d’une interview publiée mi-novembre, dans laquelle Alix Desmoineaux, une ex-candidate des « Marseillais », affirme avoir vu une vidéo d’un candidat agressant sexuellement une jeune fille mineure, ajoutant l’avoir dénoncé auprès de deux sociétés de production.

Bien qu’elle ne le nomme pas, les internautes ont vite mis en cause Illan Castronovo, déjà accusé à plusieurs reprises, sans être écarté de l’écran.

Malgré des plaintes successives les chaînes gardent le silence

Une première plainte pour « harcèlement sexuel » a été déposée contre lui par une candidate à Lyon en 2020, classée sans suite faute d’avoir pu auditionner la plaignante.

Nathanya Sion a ensuite porté plainte le 7 décembre 2021 au commissariat du XVIe arrondissement à Paris, pour « harcèlement » et « agression sexuelle ». Son dossier n’a pas encore été transmis au parquet.

À Nice, une enquête préliminaire a été ouverte mi-décembre après le signalement d’un ex-candidat qui, selon son avocate, accuse Illan Castronovo « de viol et agression sexuelle » sur un tiers.

Interrogé par l’AFP, le jeune homme dément fermement ces accusations. Concernant la vidéo, il évoque des relations sexuelles entre « majeurs consentants », et pointe du doigt un fond de « guéguerre de téléréalité ».

Des candidats maintenus à leur poste, en dépit des attaques d’agression sexuelle

Malgré ces accusations, Illan Castronovo a été maintenu au casting de la saison 9 des « Princes et princesses de l’amour », diffusée depuis novembre sur W9. Il précise avoir été « coupé au montage » sur la fin du programme.

Interrogée au sujet des violences sexuelles, la filiale française de production du géant de l’audiovisuel Banijay (« Les Marseillais »…), qui compte parmi ses actionnaires le groupe Vivendi et les animateurs Nagui et Cyril Hanouna, a refusé de s’exprimer.

Un ancien producteur de Studio89, filiale du groupe M6 qui produit notamment « Les Princes de l’amour », dit pour sa part n’avoir « jamais eu affaire à ce genre de problèmes », des « nounous » étant employées pour surveiller les tournages « 24H/24, 7 jours sur 7 ».

Manque de crédit accordé à la parole des femmes dans la téléréalité

La patronne de Shauna Events, alors agent d’Illan Castronovo, dément avoir déconseillé à la jeune fille de témoigner et évoque plutôt un échange sorti de son contexte. Elle appelle les victimes à parler à la police avant de le faire sur les réseaux sociaux, nuance-t-elle auprès de l’AFP.

Signe que le vent commence à tourner, elle dit avoir cessé de représenter Illan Castronovo, même si ce dernier assure qu’il y a « des chances qu’ils retravaillent ensemble ».

Nathanya Sion fustige aussi le manque de crédit accordé à la parole des femmes dans la téléréalité : « Les gens ont du mal à faire la part des choses entre le divertissement et la réalité », regrette-t-elle.

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