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De la torture en Chine à un moment de sérénité face à l’océan en France : « Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pas imaginé un si beau moment ! »

Jinhua contemple enfin l'océan à Sion (Vendée) le 28 juin 2025, onze ans après son arrivée en France.
Photo: Nathalie Dieul/Epoch Times

Pratique du Falun Gong à Chengdu, dans la province du Sichuan, en Chine, avant le début de la persécution en 1999. Entre 70 et 100 millions de Chinois pratiquaient alors le Falun Gong. (Crédit photo Minghui)
Née dans un village reculé de la province du Shandong, dans le nord-est de la Chine, Jinhua a grandi au sein d’une famille extrêmement modeste. Son père étant gravement malade, elle a dû commencer à travailler très tôt pour subvenir aux besoins des siens.
Elle n’a fréquenté l’école que durant trois brèves années. Le reste du temps, elle gardait les moutons ou partait couper de l’herbe pour nourrir les cochons, se demandant avec amertume pourquoi les autres enfants pouvaient jouer alors qu’elle en était privée.
À l’aube de l’âge adulte, Jinhua portait déjà le poids d’une vie harassante. Son dos la faisait souffrir en permanence, et elle peinait à comprendre pourquoi l’existence semblait si rude, pourquoi la maladie frappait sans relâche, et pourquoi certains mouraient si jeunes.
C’est à cette époque qu’elle a découvert le Falun Dafa. Bien qu’elle fût illettrée, elle a appris à lire Zhuan Falun, le texte fondamental de cette discipline spirituelle, et a commencé à pratiquer ses exercices. Cette rencontre a transformé sa vie, tant sur le plan physique que mental. « Ma santé s’est améliorée, mon esprit s’est apaisé, et je baignais chaque jour dans une joie profonde », se souvient-elle.
Mais dès l’année suivante, en 1999, la situation a basculé : le régime chinois a lancé une vaste campagne de répression contre le Falun Gong. Parce qu’elle a choisi de rester fidèle à sa croyance, Jinhua a été victime d’une persécution brutale qui a duré quinze ans. Elle a passé cinq de ces années dans des camps de travail forcé, et a été arrêtée par la police à douze reprises. À plusieurs reprises, elle a été internée de force dans un hôpital psychiatrique, forcée de prendre des médicaments. Elle a même échappé de justesse à des prélèvements forcés d’organes.
Au fil des années, Jinhua a enduré une douzaine de méthodes de torture différentes. « Si l’on compte les plus sévères comme les plus « légères », cela fait une vingtaine en tout », précise-t-elle. Durant cette période, elle a été privée de tout contact avec ses proches : « Avant de venir en France, je n’ai pas pu rentrer chez moi pour voir ma famille pendant sept ans. »
En 2014, elle parvient enfin à fuir la Chine et obtient l’asile en France. Pourtant, même installée dans un pays libre, Jinhua peine à goûter pleinement à cette liberté. Le poids des années de persécution reste présent, comme une ombre qui l’accompagne. Pendant longtemps, elle ne s’est pas sentie le droit de réaliser un simple rêve : revoir la mer. Ce n’est qu’en juin dernier que l’occasion s’est enfin présentée — et qu’elle a osé s’y autoriser.
Le 27 juin, Jinhua a été invitée à témoigner à Brétignolles-sur-Mer, en Vendée, à l’issue de la projection du film Organes d’État, un documentaire dénonçant les prélèvements forcés d’organes en Chine. Le lendemain, pour lui permettre de réaliser un rêve longtemps repoussé, des pratiquants locaux de Falun Dafa ont organisé une sortie à la plage de Sion.
« J’aimerais aller à la plage, le paysage est très beau », a-t-elle confié à Epoch Times, peu avant de s’y rendre. Mais elle a aussi exprimé, avec pudeur, la douleur qui persiste : « Nous n’avons pas le cœur d’en profiter pleinement. À cause de la persécution, nous vivons constamment sous pression. Je veux simplement que les gens connaissent la vérité sur le Falun Dafa. »
Tout ce qu’ils voient, ce sont les journaux et la télévision contrôlés par le Parti communiste chinois — et ce ne sont que des mensonges », constate Jinhua avec amertume.
« Même en France, beaucoup de gens sont encore trompés par cette propagande », ajoute-t-elle, évoquant un souvenir marquant survenu alors qu’elle suivait des cours de français. Ce jour-là, lorsqu’elle a tenté d’expliquer que le Falun Gong était persécuté en Chine sur ordre de Jiang Zemin — l’ancien dirigeant chinois — et que de nombreuses fausses informations avaient été propagées, l’interprète a refusé de traduire ses propos à l’enseignante.
En évoquant la situation des pratiquants de Falun Gong en Chine, Jinhua ne peut retenir ses larmes. « Ici, je peux aller au parc et pratiquer librement. C’est un pays où l’on peut croire sans craindre pour sa vie. Mais mon cœur, lui, est toujours en Chine. Je pense à mes compagnons de pratique, à ceux qui subissent encore la persécution. Je me demande parfois : quand viendra leur tour ? Quand leurs organes seront-ils prélevés ? Mon cœur est lourd de ces pensées. »
Depuis son exil, les séquelles persistent. Elle fait encore fréquemment des cauchemars dans lesquels elle est traquée par la police. Seul un rituel quotidien lui apporte un peu de paix : la lecture du Zhuan Falun et la pratique régulière des exercices. Cela l’aide à apaiser son esprit, à desserrer un peu l’étau de l’angoisse.
Mais au fond, elle en est consciente : ce n’est que lorsque les pratiquants de Falun Dafa en Chine seront enfin libres qu’elle pourra, elle aussi, se sentir véritablement en sécurité. Et elle garde l’espoir que ce jour n’est plus si loin.
Le 28 juin, Jinhua s’est rendue sur une paisible plage de Sion, le long de la corniche vendéenne. En découvrant l’océan, qu’elle n’avait pas revu depuis les longues années de persécution en Chine, elle a laissé son regard se perdre dans l’immensité des vagues. C’était un moment rare, chargé d’émotion. Elle s’est imprégnée de cette vision apaisante, comme pour graver dans sa mémoire ce paysage de liberté. Un instant inoubliable.
Entourée d’amis — des pratiquants français de Falun Dafa — elle a ensuite partagé un moment simple sur le sable. Ensemble, ils ont pratiqué les exercices, dans le calme et la sérénité du bord de mer.

Jinhua (à d.) pratique le deuxième exercice du Falun Dafa sur une plage à Sion (Vendée) avec ses amis le 28 juin 2025. (Nathalie Dieul/Epoch Times)
« Même dans mes rêves les plus fous, jamais je n’aurais imaginé vivre un si beau moment ! » s’est-elle exclamée, les yeux émerveillés par la vue de l’océan.
Tout en savourant cet instant magique, Jinhua ne peut s’empêcher de penser à ses compagnons de pratique restés en Chine. Elle veut leur transmettre l’espoir qu’un jour, eux aussi pourront profiter librement de la mer, dans un pays enfin libéré de la dictature communiste.
« J’espère de tout cœur qu’ils seront bientôt libres. Il faut continuer à rappeler que le Falun Dafa est une pratique juste, et que nous devons vivre selon les principes de vérité, compassion et tolérance. Tout ce que nous pouvons faire, c’est persévérer, jusqu’au bout », leur adresse-t-elle comme un message de courage.

Vêtue de son T-shirt Freedom for Falun Dafa [« Liberté pour le Falun Dafa », ndlr], Jinhua reste immobile un instant, les yeux fixés sur l’horizon. Face à l’océan, elle formule en silence un vœu : que les pratiquants de Falun Gong encore emprisonnés en Chine puissent, eux aussi, goûter un jour à cette liberté paisible. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

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