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Décès de François Pelou, ancien grand reporter de guerre de l’AFP

mai 6, 2019 0:15, Last Updated: mai 5, 2019 22:10
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Premier journaliste français à Dallas au lendemain de l’assassinat du président Kennedy, en première ligne lors de l’offensive du Têt à Saïgon en janvier 1968, François Pelou, ancien grand reporter de guerre à l’AFP, est mort samedi à l’âge de 94 ans.

« François est décédé samedi chez lui à Conques-en-Rouergue dans l’Aveyron (sud de la France). Il avait 94 ans », a indiqué son épouse Caroline jointe au téléphone dimanche par l’AFP. La vie de François Pelou, « personnage flamboyant, chaleureux, cultivé, très séduisant », selon des journalistes qui l’avaient côtoyé au cours de sa longue carrière, se confond avec l’histoire de la seconde moitié du XXe siècle.

Né dans l’Aveyron dont il avait gardé l’accent rocailleux le 22 octobre 1924, diplômé de l’ESSEC, François Pelou a rejoint l’AFP en mars 1947. Son premier poste à l’étranger est en Asie, à Hong Kong en juillet 1950. Le jeune journaliste est chargé de suivre la guerre de Corée (1950-53). Il sera blessé sur le terrain, ce qui lui vaudra de recevoir la Croix de Guerre des mains du général Monclar, patron du Bataillon français de l’ONU engagé dans le conflit.

Au début des années 1950, il est envoyé aux États-Unis, à New York, pour assurer la couverture sportive. Il est toujours aux États-Unis quand le président John F. Kennedy est assassiné à Dallas. François Pelou part aussitôt dans la ville texane. « Arrivé dans la ville (le 22 novembre 1963) au commissariat de police où l’arrestation d’Oswald (l’assassin du président) vient d’avoir lieu, je questionne les gens que je rencontre, mais personne ne sait encore, si le président est blessé, ou décédé », racontera-t-il plus tard.

Le 24 novembre, il est témoin direct de l’assassinat de Lee Harvey Oswald, le meurtrier du président américain, par Jack Ruby. L’envoyé spécial de l’AFP racontera, en mai 2010 à une journaliste de l’Agence, avoir vu « le flash, le petit éclair du révolver sur la poitrine, sur le pullover noir que portait Oswald à ce moment–là ».

« Ruby était à côté de moi et m’a bousculé pour aller tuer Oswald qui arrivait juste en face de moi  Oswald a été le premier à voir arriver son assassin. C’est pour ça que j’ai toujours cru qu’ils se connaissaient », ajoutera François Pelou qui sera entendu par la Commission Warren chargée de l’enquête sur l’assassinat du président Kennedy.

Le journaliste aux yeux bleus d’acier quitte New York en 1965 pour Saïgon (Sud du Vietnam) comme directeur du bureau. En janvier 1968, il sera le témoin de l’offensive du Têt menée par les combattants communistes hostiles au régime du Sud Vietnam.

« Les tirs de bazookas secouent notre immeuble… quelques minutes de répit et tactactac…les AK-47 ouvrent le feu aussitôt », raconte-t-il dans une de ses dépêches. Le journaliste analyse avec lucidité la situation: « La vulnérabilité américaine et gouvernementale, démontrée après la victoire indéniable des Vietcong dans la première phase de leur offensive, risque de constituer un facteur important dans la vie politique vietnamienne. La puissance américaine a perdu de son prestige », écrit-il.

C’est à Saïgon que François Pelou rencontre la célèbre journaliste italienne Oriana Fallaci dont il sera le compagnon durant près de dix ans. « Oriana Fallaci est arrivée dans mon bureau en 1967. Nous sommes intervenus sur de nombreux événements ensemble, elle deviendra très importante dans ma vie », avait confié le journaliste au quotidien toulousain La Dépêche en 2016.

Oriana Fallaci a dédié « à François » son livre sur la guerre du Vietnam, « La vie, la guerre et puis rien ». Les deux journalistes seront encore ensemble quand François Pelou est envoyé au Brésil en 1968. A Rio, il travaille sur l’enlèvement de l’ambassadeur suisse alors que la police politique brésilienne a interdit à la presse de parler de cette affaire. Il en parle et est immédiatement arrêté puis emprisonné avant d’être expulsé en décembre 1970 pour « activités contraires à la sécurité nationale ».

On retrouvera François Pelou à Madrid en 1975. Il sera le premier à annoncer au monde la mort du général Franco. Les obsèques de François Pelou auront lieu jeudi à 11H00 à l’abbatiale de Conques.

D.C avec AFP

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