Votre déodorant augmente-t-il votre risque de cancer du sein ?

Les contaminants environnementaux comme l'aluminium sont liés à des risques de cancer nettement plus élevés

Par Jennifer Margulis
28 janvier 2022 17:44 Mis à jour: 2 mai 2023 21:01

Lorsque le président américain Richard Nixon a signé la loi sur le cancer national le 23 décembre 1971, il y a 50 ans, il était convaincu que les scientifiques américains pourraient trouver un remède à ce qu’il décrivait comme « cette terrible maladie ».

Mais, cinq décennies après le début de la lutte américaine contre le cancer, celui-ci figure toujours parmi les trois principales causes de décès aux États-Unis, ainsi qu’en Chine et dans de nombreux autres pays du monde industrialisé.

Hormis les cancers de la peau, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent auquel une femme américaine sera confrontée : Selon la Fondation nationale du cancer du sein/National Breast Cancer Foundation, une femme sur huit se verra diagnostiquer un cancer du sein au cours de sa vie. Cela se traduit par un diagnostic de cancer du sein toutes les deux minutes. Un fait peu connu : les hommes aussi peuvent avoir un cancer du sein. Selon le Memorial Sloan Kettering Cancer Center, environ 2000 cas de cancer du sein sont diagnostiqués chez les hommes chaque année.

Qu’est-ce que le cancer ?

Le cancer est le mot que nous utilisons pour décrire la croissance incontrôlée de cellules anormales et malignes dans l’organisme. Le corps humain est composé de billions de cellules, et le cancer peut se développer presque partout. Dans le cas du cancer du sein, ce sont les cellules mammaires malignes qui provoquent les tumeurs qui commencent à se développer de manière incontrôlée dans le tissu mammaire humain.

Il est courant que les cellules humaines mutent et se développent anormalement. Mais lorsque le système immunitaire fonctionne correctement, notre organisme reconnaît cette croissance anormale comme un « non-soi » et s’occupe du problème, de la même manière qu’un système immunitaire sain s’occupe d’un envahisseur viral ou bactérien. Le cancer devient une menace pour notre santé lorsque le système immunitaire ne reconnaît pas ces cellules anormales et ne parvient pas à les éliminer. Lorsqu’un certain nombre de cellules anormales prolifèrent, elles forment des tumeurs (amas de tissus). Ces tumeurs peuvent ensuite se métastaser, ce qui les amène à envahir d’autres tissus ou organes du corps.

Les types de cancer sont souvent nommés en fonction des tissus ou des organes où la croissance anormale commence et s’accumule. Ainsi, le cancer du poumon est un cancer qui commence dans les poumons, et le cancer du pancréas commence dans le pancréas. Certains cancers sont nommés en fonction du type de cellule qui les a formés. Par exemple, le carcinome spinocellulaire est un cancer de la peau qui commence dans les cellules squameuses de l’organisme, c’est-à-dire les cellules qui constituent les couches moyennes et externes de la peau.

Les cancers du sein sont souvent induits par l’environnement

On a beaucoup parlé des « gènes du cancer du sein », des variantes nocives des gènes BRCA1 et BRCA2, qui sont hérités de l’un ou l’autre parent. On pense que les femmes présentant des variantes nocives de ces gènes courent un risque accru de cancer du sein et de l’ovaire. Elles ont également tendance à développer un cancer à un âge plus jeune que les personnes qui ne présentent pas de mutations des gènes BRCA1 ou BRCA2. Selon l’Institut national du cancer/National Cancer Institute, alors que 13 % des femmes de la population générale développeront un cancer du sein, quelque 55 à 72 % des femmes présentant une mutation du gène BRCA1 et 45 à 69 % des femmes présentant une mutation du gène BRCA2 développeront un cancer du sein.

L’inquiétude suscitée par ces gènes du cancer du sein a conduit certaines femmes à se faire enlever les seins à titre prophylactique. Lorsque l’actrice populaire Angelina Jolie a subi une double mastectomie préventive en 2013 à l’âge de 37 ans, suivie d’une intervention chirurgicale pour se faire implanter des seins artificiels, sa décision a créé une tempête médiatique et un débat international sur le cancer du sein. Les médias, y compris la BBC, ont rapporté que les chances d’Angelina Jolie de développer un cancer du sein sont passées de 87 % à 5 %.

Mais ce que les grands médias ont largement ignoré, c’est que la grande majorité des cancers du sein sont probablement d’origine environnementale et non génétique. En effet, les experts estiment qu’environ 75 à 80 % de tous les cancers du sein sont en fait causés par des facteurs liés à l’environnement et au mode de vie. Ces facteurs comprennent l’exposition aux hormones, la consommation d’alcool et l’obésité, selon une étude publiée dans l’International Journal of Molecular Science.

D’autres recherches ont montré que les perturbateurs endocriniens (produits chimiques qui modifient les hormones humaines) présents dans l’environnement, notamment les plastifiants, le DDT et d’autres pesticides et herbicides, contribuent au risque de cancer du sein.

Cancer du sein et aluminium

L’aluminium, en particulier l’aluminium contenu dans les antitranspirants commerciaux, pourrait également jouer un rôle important dans l’omniprésence du cancer du sein. L’aluminium n’a aucune utilité connue dans le corps humain, mais les experts ont constaté qu’il est toxique pour de nombreux systèmes et organes biologiques, notamment le cerveau et les reins.

Plusieurs études rétrospectives, dont une datant de 2002, une autre de 2003 et une étude plus récente de 2017, ont établi un lien entre l’aluminium et le cancer du sein, plus précisément entre l’utilisation précoce d’antitranspirants contenant de l’aluminium et le développement du cancer du sein. Mais ces études scientifiques, bien qu’importantes, ont été limitées par leur nature rétrospective, la petite taille des échantillons et le manque de témoins non exposés.

Cependant, en 2020, une équipe internationale de chercheurs dirigée par le Dr Stefano J. Mandriota, un éminent chercheur sur le cancer du sein basé en Suisse, a conçu une étude prospective pour rechercher si l’aluminium, en particulier l’aluminium contenu dans les produits antitranspirants, contribuait à l’explosion de l’incidence du cancer du sein au cours des dernières décennies.

Le cancer induit par l’aluminium chez des souris immunodéprimées

Le Dr Mandriota et un petit groupe de son équipe avaient déjà étudié l’effet de la culture à long terme de cellules mammaires dans des sels d’aluminium. Pour cette recherche, ils avaient utilisé des concentrations d’aluminium similaires à celles trouvées dans le tissu mammaire des femmes des pays industrialisés.

Les scientifiques ont découvert que l’aluminium in vitro (c’est-à-dire dans un environnement artificiel généré en laboratoire, et non dans le corps d’un organisme vivant) transformait des cellules saines en cellules cancérigènes. Ensuite, lorsque les chercheurs ont injecté ces cellules cancérigènes à des souris immunodéprimées, celles-ci ont développé des tumeurs.

La plupart des cancers du sein se développent chez les femmes dont le système immunitaire est sain et fonctionne normalement. Les scientifiques avaient donc besoin d’un moyen de déterminer si les cellules exposées à l’aluminium pouvaient également provoquer des tumeurs chez les animaux dont le système immunitaire est intact.

À cette fin, le Dr Mandriota et son équipe ont cultivé des cellules mammaires dans des solutions d’AlCl3 pour l’expérience et dans de l’eau ordinaire pour les témoins. Ils ont ensuite injecté ces cellules à des souris normales qui avaient une fonction immunitaire saine.

Comme résultat, 9 souris sur 10 et 8 souris sur 10 dans les deux groupes injectés avec des cellules cultivées dans de l’aluminium ont développé des carcinomes invasifs. En même temps, aucune des souris du groupe témoin n’a eu de cancer.

Le Dr Mandriota et son équipe ont conclu que les cellules mammaires transformées in vitro par l’aluminium « forment des tumeurs agressives en présence d’un système immunitaire intact ». Ces résultats suggèrent qu’il pourrait y avoir un lien clair et causal entre l’exposition à l’aluminium et les tumeurs du cancer du sein, ainsi que d’autres formes de cancer. Les scientifiques ont émis l’hypothèse que l’aluminium endommage directement les chromosomes, ce qui en fait un mécanisme probable de transformation des cellules normales en cellules cancéreuses.

« Il faut s’inquiéter de l’aluminium », a dit le Dr Chris Chlebowski, qui n’a pas participé à l’étude. Le Dr Chlebowski, un naturopathe basé à Ashland en Oregon, a souligné qu’il avait testé des milliers de patientes pour la toxicité des métaux. Cependant, dans sa cohorte de patientes, la toxicité de l’aluminium n’est pas aussi courante que d’autres formes de surcharge métallique.

« Il est en fait rare de trouver de l’aluminium », a-t-il dit. « Le plomb, le mercure, le cadmium, le césium et le thallium sont beaucoup plus courants. Mais aucun de ces métaux ne devrait se trouver dans notre corps. Ils n’ont aucune utilité physiologique. »

Sources d’exposition à l’aluminium

Nous sommes exposés à l’aluminium de diverses manières. Pratiquement toutes les grandes marques de déodorants et d’antitranspirants utilisent encore des composés d’aluminium. On trouve également de l’aluminium dans les aliments transformés (y compris la levure chimique, les colorants, les anti-agglomérants et les préparations pour nourrissons), les produits pharmaceutiques tels que les antiacides et les vaccins ainsi que dans les ustensiles de cuisine. Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), la cuisson d’aliments acides dans des casseroles en aluminium peut vous exposer à des niveaux d’aluminium plus élevés que si vous cuisinez dans des ustensiles en acier inoxydable ou en verre.

Limiter votre exposition à l’aluminium

1. Il est préférable d’éviter l’aluminium et de limiter autant que possible votre exposition environnementale à d’autres substances cancérigènes connues.

2. Lisez les listes d’ingrédients : Prenez l’habitude de lire la liste des ingrédients de tous les aliments, produits de beauté et médicaments en vente libre que vous achetez. Lisez également les notices pour connaître les ingrédients des médicaments sur ordonnance. Chaque fois que vous voyez une forme d’aluminium dans la liste, faites preuve de prudence et remettez le produit en rayon. Choisissez une levure chimique sans aluminium, mangez des aliments non transformés et trouvez des alternatives naturelles aux médicaments classiques qui contiennent de l’aluminium.

3. N’utilisez plus de déodorant contenant des composés d’aluminium. Vous pouvez acheter un déodorant naturel sans aluminium ou en fabriquer un vous-même avec des ingrédients non toxiques. Plusieurs sites Web, dont Mommypotamus, proposent des recettes faciles de déodorant à faire soi-même.

4. Évitez les ustensiles de cuisine en aluminium. Bien que la quantité d’aluminium dans les ustensiles de cuisine soit si faible qu’elle est considérée comme sûre, si vous essayez de réduire votre exposition cumulée à l’aluminium, il est préférable de ne pas utiliser de casseroles, de poêles ou de plaques à biscuits en aluminium. Choisissez plutôt des plats de cuisson en verre, en acier inoxydable ou en fonte.


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