Dernières volontés : leçons de vie des mourants

Par Jeff Minick
2 septembre 2023 07:33 Mis à jour: 2 septembre 2023 07:33

« Ce que je souhaite… » a dit ma mère. Elle a répété : « Ce que je souhaite… »

Ce furent ses derniers mots, prononcés depuis les profondeurs de sa conscience. Quelques heures plus tard, maman était partie.

Elle est décédée le 8 septembre 1992 à Winston-Salem, en Caroline du Nord, dans son lit, entourée de ses six enfants et de leurs conjoints, de quelques uns de ses petits-enfants et de son mari. Son cancer du sein, que les médecins avaient traité deux ans plus tôt, s’était métastasé dans son foie. Au cours de ses dernières semaines de vie, elle a reçu des amis chez elle, a prié avec eux, avec nous et seule, et a glissé vers la mort avec autant de douceur et d’élégance qu’elle en avait eu dans sa vie.

Depuis deux mois, maman savait, et nous savions, qu’il n’y avait plus d’espoir de guérison. À ma connaissance, elle n’a jamais parlé de sa mort imminente avec qui que ce soit. Pourtant, à moi, mari et père de 41 ans, maman a transmis deux des plus grandes leçons de ma vie. Comme beaucoup de gens de mon âge, je souhaite une mort tranquille, mais grâce à son courage, à sa détermination et à ses pointes d’humour, maman a banni à jamais ma peur de la mort elle-même. Plus important encore, elle m’a appris que bien vivre permettait de bien mourir.

Si nous sommes attentifs, les mourants ont des choses à nous dire.

Seule à la maison

Vers le début du film « Le journal de Bridget Jones », Bridget, 32 ans, vit seule. En voix off, elle dit : « J’ai soudain réalisé qu’à moins que quelque chose ne change rapidement, j’allais vivre une vie où ma principale relation se limiterait à une bouteille de vin pour finalement mourir, grosse et seule, et être retrouvée trois semaines plus tard, à moitié dévorée par des chiens sauvages ».

Nous sommes censés rire de cette phrase, mais en réalité, de nombreuses personnes meurent seules chez elles, à l’hôpital ou ailleurs. Plus de personnes que jamais vivent aujourd’hui seules, plus nombreux sont ceux qui se sentent seuls et isolés, et les conséquences concernant la mort sont on ne peut plus claires. La mort frappera un plus grand nombre d’entre nous, isolés à la maison. Certains succomberont à une cause immédiate comme un arrêt cardiaque, d’autres peut-être à la suite d’une chute ou d’un accident, d’autres encore s’attarderont sans pouvoir communiquer avec qui que ce soit.

Ces morts en solitaire nous rappellent que, jeunes ou vieux, si nous vivons seuls, nous avons besoin d’un contact avec les autres. Un appel téléphonique quotidien pour prendre des nouvelles, voire un simple texto comme « Tout va bien », nous protègent. Une amie nonagénaire est tombée et s’est cassé la hanche. Elle a été rapidement découverte et n’a survécu que parce qu’un voisin a vu qu’elle n’avait pas ouvert ses stores pour la journée et a appelé tout de suite les secours. Mon amie a été l’une des plus chanceuses.

Quelle que soit votre situation, mettez en place un système pour rester en contact quotidien avec au moins une personne de confiance.

Regrets

Ressentir une sorte de regret à la fin de la vie semble tout à fait humain.

« C’est un fait, monsieur », a souligné Samuel Johnson, dont la réputation n’est plus à faire. « Lorsqu’un homme sait qu’il sera pendu dans quinze jours, son esprit se concentre merveilleusement. » Cette concentration en fin de vie suscite certainement chez certains d’entre nous de la tristesse pour tout le mal que nous avons fait et les erreurs que nous avons commises.

Dans son livre « The Top Five Regrets of the Dying : A Life Transformed by the Dearly Departing » (Les cinq principaux regrets des mourants : une vie transformée par le départ d’un être cher), Bronnie Ware, ancienne soignante en soins palliatifs, résume les regrets exprimés par certains de ses patients mourants. Certains auraient souhaité vivre une vie plus conforme à eux-mêmes, d’autres avoir travaillé moins dur. D’autres auraient souhaité avoir le courage d’exprimer plus souvent leurs sentiments, de rester en contact avec leurs amis ou d’être plus heureux.

Notons que cette liste de regrets exclut le fait d’avoir jamais possédé une Lexus, d’avoir voyagé sur les plages de Tonga ou d’avoir sauté en parachute depuis un avion. Ces réflexions à l’approche de la mort portent plutôt sur notre moi intérieur, sur la façon dont nous avons passé notre temps et sur les amis et la famille qui nous entourent.

Bien sûr, certains mourants ont d’autres raisons valables d’éprouver des remords : l’homme qui a trahi ses principes et donc ses amis, le père qui ne s’est jamais réconcilié avec son fils, la femme dont l’alcoolisme a mis fin à son mariage. Lorsque la mort frappe à la porte, les pensées longtemps refoulées sur ce que nous avons fait et ce que nous n’avons pas fait peuvent se précipiter sur nous comme un raz-de-marée.

Mais derrière ces confessions des mourants se cache une forme de pénitence et d’absolution. Lorsque les personnes proches de la mort expriment ce qu’elles considèrent comme leurs échecs et les occasions manquées, elles invitent leurs auditeurs à suivre une autre voie.

La bonté face à la mort

Une femme que je connais bien travaille comme infirmière en soins palliatifs depuis plus de dix ans. Lorsque je lui ai demandé ce que ses patients avaient pu lui raconter durant leurs derniers jours de vie, elle m’a répondu qu’une grande majorité d’entre eux lui avaient confié qu’ils avaient vécu une vie bien remplie et qu’ils étaient prêts à partir.

« Je ne me souviens pas avoir entendu quelqu’un me dire qu’il aurait souhaité faire quelque chose de différent, » a-t-elle dit. Certains de ses patients, se souvient-elle, étaient peut-être en proie à des problèmes non résolus du passé, car ils souhaitaient parler à l’aumônier de l’hôpital.

Parfois, ces patients se battaient pour rester en vie jusqu’à l’arrivée d’un être cher – un fils, une fille. Elle se souvient en particulier d’un homme dont elle s’occupait et qui, bien que plongé dans le coma et censé mourir d’un moment à l’autre, s’est accroché à la vie pendant trois jours.

« C’est notre 50e anniversaire de mariage », a confié sa femme le jour de sa mort. « Je sais qu’il voulait être ici pour cette raison ».

Cette infirmière en soins palliatifs avait également de nombreux souvenirs de familles qui traitaient les malades et les autres avec gentillesse et respect.

« J’ai vu des hommes se rendre à la maison de retraite trois fois par jour pour s’asseoir près de leurs femmes, » m’a-t-elle raconté. « L’observation de ces couples ne fait que renforcer votre foi : les mariages de longue durée peuvent être empreints d’amour et de gentillesse. »

Les derniers cadeaux

Si nous examinons ce que les mourants peuvent nous offrir, nous pouvons remarquer que, aussi différentes que soient ces personnes en termes de personnalité et de caractère, chacune d’entre elles est un guide qui nous montre comment vivre une vie meilleure. Leur exemple peut être positif ou négatif, mais ils nous font comprendre l’importance des amis et de la famille, la guérison qui peut résulter d’une rectification, ou du moins d’une tentative de réparation, des relations brisées, ainsi que la paix et la beauté d’une vie bien équilibrée.

Cette dernière leçon nous a apporté un cadeau de plus, qui n’a pas été évoqué jusqu’à présent. La gratitude se cache dans les mots de ceux qui ont mené une vie bien remplie. Ils ne l’ont peut-être pas dit, mais ils étaient clairement reconnaissants du temps passé sur terre, pour avoir connu et aimé autrui, pour avoir fait partie du mystère de l’existence.

Nous pouvons être certains que ces personnes, pour la plupart des hommes et des femmes d’un certain âge, avaient traversé certaines des épreuves, des combats, des peines de cœur et des chagrins que tout être humain endure. Le miel et le vinaigre sont les deux condiments qui accompagnent le festin de la vie. Pourtant, les mots qu’ils ont adressés à l’infirmière de l’hospice alors qu’ils s’approchaient de leur tombe étaient comme une bénédiction, une bénédiction exprimant leur reconnaissance pour tout ce qu’ils avaient vu, fait et ressenti.

Jeunes ou vieux, bons ou mauvais, les mourants transmettent un flambeau aux vivants. Les sages et les observateurs utilisent cette flamme pour éclairer le chemin qu’ils empruntent.

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