Des artisans d’une communauté du sud du Mexique ont regretté cette semaine, dans des témoignages parvenus samedi à l’AFP, que la marque sportive Adidas ait copié leurs designs traditionnels de sandales dans le cadre d’une collaboration avec l’artiste américain Willy Chavarria.
Les autorités mexicaines avaient dénoncé début août le fait que le modèle de sandales « Oaxaca Slip-On » d’Adidas imitait un design traditionnel de cette région sans autorisation de ses créateurs.
Le logo d’Adidas, l’équipementier sportif allemand, à Strasbourg, le 24 août 2024. (ABDESSLAM MIRDASS/AFP via Getty Images)
Le gouvernement mexicain a déclaré qu’il chercherait un dédommagement de l’entreprise allemande pour appropriation culturelle.
Ces sandales nécessitent un travail minutieux
Un cordonnier coupe du cuir pour fabriquer des huaraches dans un atelier de Villa Hidalgo Yalalag, dans l’État d’Oaxaca, au Mexique, le 15 août 2025. (RODRIGO OROPEZA/AFP via Getty Images)
Les artisans, originaires de la communauté de Villa Hidalgo Yalalag, dans l’État méridional d’Oaxaca, ont souligné vendredi que les sandales (appelées huaraches au Mexique) nécessitent un travail minutieux qui est réalisé depuis plusieurs générations.
Un cordonnier assemble des huaraches dans un atelier de Villa Hidalgo Yalalag, dans l’État d’Oaxaca, au Mexique, le 15 août 2025. (RODRIGO OROPEZA/AFP via Getty Images)
« Nous faisons un travail très laborieux avec l’activité du huarache », a déclaré à l’AFP Raymundo Cuevas, un artisan de cette localité d’un peu plus de 1.800 habitants.
Raymundo Cuevas, un artisan huarache mexicain, dans son atelier à Villa Hidalgo Yalalag, dans l’État d’Oaxaca, au Mexique, le 15 août 2025. (RODRIGO OROPEZA/AFP via Getty Images)
Les huaraches fabriquées à la main
Des dizaines d’artisans de la localité travaillent dans des ateliers rudimentaires pour fabriquer les huaraches à la main.
Un cordonnier assemble des huaraches dans un atelier de Villa Hidalgo Yalalag, dans l’État d’Oaxaca, au Mexique, le 15 août 2025. (RODRIGO OROPEZA/AFP via Getty Images)
« Nous sommes contrariés parce qu’en réalité, derrière ces sandales, il y a une grande activité », a expliqué M. Cuevas. « Ce n’est pas correct qu’une entreprise ait trouvé facile de dire ‘Je vais copier ce modèle et en tirer de l’argent' ».
« Le fruit de plusieurs générations »
Un autre artisan, Antolino Domínguez, a déclaré que le travail des huaraches est le fruit de plusieurs générations à Villa Hidalgo Yalalag. « Cela vient de générations de nos ancêtres. Ce travail qu’ils nous ont copié remonte à des années », a-t-il affirmé.
Antonino Aceves, un artisan huarache mexicain, dans son atelier à Villa Hidalgo Yalalag, dans l’État d’Oaxaca, au Mexique, le 15 août 2025. (RODRIGO OROPEZA/AFP via Getty Images)
« Pas à la hauteur du respect » que mérite la communauté de Villa Hidalgo Yalalag
La semaine dernière, le créateur américain d’origine mexicaine Willy Chavarria a reconnu que ses sandales élaborées pour Adidas utilisaient indument le nom de l’État mexicain d’Oaxaca.
Willy Chavarria assiste à la cérémonie de remise des prix des ANDAM Fashion Awards 2025 aux Jardins du Palais Royal le 30 juin 2025 à Paris. (Pascal Le Segretain/Getty Images)
« Je regrette profondément que ce modèle se soit approprié le nom et n’ait pas été développé en partenariat direct et significatif avec les habitants d’Oaxaca », avait déclaré le créateur dans un communiqué transmis à l’AFP, admettant que le lancement des sandales « n’est pas à la hauteur du respect et de l’approche collaborative » que mérite la communauté de Villa Hidalgo Yalalag.
Excuses d’Adidas
De son côté, Adidas avait présenté ses excuses et réaffirmé son engagement à collaborer avec la communauté locale dans un « dialogue respectueux qui honore son héritage culturel ».