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Des documents judiciaires révèlent les preuves utilisées par le PCC pour persécuter les croyants en Chine
Les documents étudiés par Epoch Times couvrent plus d’une décennie, attestant des efforts du régime chinois pour persécuter les pratiquants de Falun Gong.

Un policier monte la garde devant le centre de congrès Meijiang à Tianjin lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, Tianjin, Chine, 1er septembre 2025.
Photo: Pedro Pardo/AFP via Getty Images
Un ordinateur portable appartenant à une femme est resté ouvert sur un article relatant les réactions du public à une récente représentation du Shen Yun Performing Arts au Kennedy Center Opera House à Washington. Cela s’est avéré être un élément à charge aux yeux des autorités chinoises.
La police locale suivait cette femme — connue pour être pratiquante de Falun Gong — dans l’intention de l’arrêter pour sa foi, alors qu’elle se rendait chez une connaissance. Les policiers ont fait irruption dans le domicile et découvert les deux personnes en train de lire l’article. Cet intérêt pour une troupe artistique américaine a été utilisé comme pièce maîtresse lors de leur arrestation ; les documents de la cour rapportent précisément ce contexte.
Les forces de l’ordre ont saisi deux livres de Falun Gong ainsi que l’ordinateur lors de la perquisition. Selon les documents judiciaires, la femme a également déclaré avoir demandé à son amie de quitter le Parti communiste chinois (PCC), une démarche inscrite dans une campagne de terrain encourageant les citoyens à rompre tout lien avec les crimes du régime.
La femme surveillée était déjà connue des policiers pour sa pratique du Falun Gong : elle avait été arrêtée une première fois en 1999, et détenue à plusieurs reprises depuis pour avoir refusé d’abandonner sa foi.
Les procureurs ont argué que, condamnée auparavant à cinq ans de prison pour sa pratique spirituelle, mais persistante dans sa démarche, elle était désormais « récidiviste » et méritait une sanction aggravée.
Une enquête d’Epoch Times sur les dossiers des prisonniers de conscience arrêtés par le régime chinois révèle que le simple fait de posséder des CD, des images ou des articles en lien avec Shen Yun Performing Arts est assimilé à un délit.
Shen Yun a été fondée par des pratiquants de Falun Gong : une discipline spirituelle pacifique violemment réprimée par le PCC depuis 1999.
La compagnie a été créée à New York en 2006 et s’est hissée, depuis, au rang de première compagnie mondiale de danse classique chinoise. Aujourd’hui, elle compte huit troupes tournant simultanément, totalisant près d’un million de spectateurs chaque année, avec un slogan affiché : « La Chine d’avant le communisme. »
Shen Yun recueille des critiques globalement très positives depuis vingt ans, incitant nombre d’observateurs à s’interroger sur l’acharnement du régime chinois à s’opposer à ces représentations, allant jusqu’à contacter les théâtres et institutions à l’étranger avant les dates de spectacle pour inciter à annuler ou boycotter les événements.
En deux heures, Shen Yun ambitionne d’offrir un panorama de « 5 000 ans de civilisation chinoise » à travers une quinzaine de tableaux. Parmi eux, des danses issues de plus de cinquante minorités ethniques chinoises — cultures que le PCC a tenté d’effacer — telles celles des Mongols ou des Tibétains. S’y ajoutent des chants porteurs de spiritualité, sur le sens de la vie, le Créateur ou le paradis, ainsi que des histoires d’empereurs, de héros, de personnages célèbres de l’Histoire : autant de récits que le Parti s’efforce depuis des décennies de réécrire ou d’effacer. Enfin, la troupe propose parfois des scènes contemporaines, mettant en scène des pratiquants de Falun Gong qui refusent de céder, malgré la persécution exercée par le PCC.
Selon des dissidents chinois et le FBI, le PCC considère le Falun Gong comme l’un des « cinq poisons » : des groupes jugés subversifs pour son autorité, car ils offrent une vision alternative de la Chine. Les autres sont les Tibétains, les militants pro-démocratie — Hongkongais inclus — les partisans de l’indépendance de Taïwan, et les Ouïghours.
Le Falun Gong, ou Falun Dafa, enseigne les principes de vérité, compassion, tolérance. L’enseignement a connu une large diffusion dès son introduction publique en Chine au début des années 1990, atteignant, selon les estimations officielles, 70 à 100 millions de pratiquants à la fin de la décennie.
Mais le PCC ne reconnaît que les religions contrôlées par l’État et criminalise toute pratique religieuse non institutionnalisée.
L’application extraterritoriale de la législation chinoise se traduit aussi par une répression transnationale, les agents du PCC et leurs relais s’efforçant de criminaliser et de diffamer le Falun Gong hors de Chine. Selon des sources internes, en 2022, Xi Jinping a ordonné à ses services d’intensifier la persécution du Falun Gong à l’étranger, ciblant notamment des organisations fondées par des pratiquants, à l’image de Shen Yun.
Si la persécution se poursuit sans relâche depuis 26 ans en Chine, aujourd’hui, le Falun Gong est pratiqué librement dans une centaine de pays.
Les documents étudiés par Epoch Times, couvrant plus de dix ans, montrent que les méthodes du régime pour réprimer le Falun Gong ont peu changé ces vingt-cinq dernières années. Pour des raisons de sécurité, et parce que certains prisonniers pourraient avoir retrouvé la liberté depuis, leurs noms ne seront pas publiés.
Beaucoup des pratiquants cités ici ont été arrêtés plusieurs fois du fait de leur foi. Jusqu’en 2013, la loi chinoise permettait d’infliger des peines de travail forcé jusqu’à cinq ans sans procès ni condamnation officielle. Durant les premières années de la répression, après 1999, les arrestations de masse se sont multipliées sur tout le pays ; nombre de dossiers présentés ici montrent que les pratiquants ont été détenus dans des camps de travail au début des années 2000.
Un agriculteur a ainsi été envoyé un an en camp de travail en 2002 pour avoir pratiqué le Falun Gong. Dix ans plus tard, il a de nouveau été arrêté en février 2012 pour « récidive » selon les documents de la cour et formellement mis en examen un mois après. Il avait à sa charge une mère âgée et un jeune garçon ; son avocat a plaidé la clémence.
Les policiers avaient découvert en sa possession un décodeur satellite lui permettant de regarder des chaînes interdites par la censure chinoise, ainsi que de nombreux DVD jugés destinés à la distribution. Certains présentaient du contenu Falun Gong et des milliers de jaquettes de DVD portaient des titres suggérant une diffusion possible de vidéos Shen Yun.
En 2013, une étudiante a été poursuivie pour possession et diffusion de documents relatifs au Falun Gong, dont les « Neuf commentaires sur le parti communiste » et des DVD portant sur Shen Yun. Elle avait été arrêtée plusieurs fois dans les années 2000 et condamnée deux fois à des peines de travail forcé pour un total de trois ans. Elle n’a été inculpée qu’en 2012 pour sa foi. Dans un mémoire, elle détaille les violences subies : passages à tabac, torture physique et psychologique. Sa mère a passé ses dernières années à demander la libération de sa fille, mourant sans avoir pu la revoir.
En 2014, un chef d’entreprise a été condamné à cinq ans d’emprisonnement pour avoir pratiqué le Falun Gong et possédé du contenu lié au Falun Gong qu’il disait avoir partagé avec d’autres, selon des documents judiciaires. Il s’agissait notamment de 123 CD comprenant du contenu lié au Falun Gong, des chansons ou du contenu lié à Shen Yun, ainsi que 1200 autocollants sur lesquels on pouvait lire « Vérité, Compassion, Tolérance » et « Falun Dafa est bon ».
En 2017, un agriculteur a été condamné à un an et demi pour avoir pratiqué le Falun Gong. Les documents du tribunal précisent qu’entre 2000 et 2015, il avait fabriqué 17 disques sur le Falun Gong, 55 images de Shen Yun, 4 images relatives aux « Neuf commentaires sur le parti communiste » et 102 porte-bonheur liés à la pratique.

Catherine Yang est journaliste pour Epoch Times, à New York.
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