Au 5ème jour de conflit entre Israël et l’Iran, des Iraniens de la diaspora se trouvent déchirés entre l’espoir d’un changement de régime à Téhéran et la violence de la guerre qui cerne leurs proches restés au pays, selon des témoignages recueillis par l’AFP.
Depuis Francfort, Berlin, Londres ou la région parisienne, ils s’interrogent avec inquiétude sur l’avenir de l’Iran et du Moyen-Orient après cette escalade militaire qui a déjà fait de nombreuses victimes.
« Je pleure bien sûr les victimes en Iran »
« Je suis partagé », confie Hamid Nasiri, employé d’une entreprise pharmaceutique vivant à Francfort, capitale financière de l’Allemagne.
« Je pleure bien sûr les victimes en Iran », dit cet homme de 45 ans, à propos des civils tués dans les frappes. Mais voir Israël s’en prendre « au gouvernement islamique, lui-même connu pour ses méthodes brutales. Cela me donne aussi un certain espoir », ajoute M. Nasiri.
« Une véritable démocratie doit venir de l’intérieur »
Un dilemme qu’il résume en comparant la situation actuelle à l’Allemagne nazie de 1945, vaincue par les Alliés. « À l’époque, la question se posait : s’agissait-il d’une défaite ou d’une libération ? Aujourd’hui, Israël attaque l’Iran : s’agit-il d’une agression ou d’une délivrance du régime ?
Il reste néanmoins « convaincu qu’une véritable démocratie doit venir de l’intérieur », sans être imposée de l’extérieur.
Une réserve largement partagée. « Les Iraniens devraient décider eux-mêmes comment se débarrasser des mollahs, sans ingérence étrangère », confie un gérant de restaurant de Francfort qui se dit « furieux » de cette intervention israélienne.
La diaspora iranienne est « divisée », reconnait Hamidreza Javdan, comédien et metteur en scène vivant en région parisienne. « Certains disent ‘personne n’a le droit d’attaquer notre pays’, d’autres jugent que ‘c’est bien fait’, d’autres soutiennent Trump … »
« La seule solution pour que les choses changent vraiment »
Cet homme de 71 ans originaire de Téhéran veut croire que « c’est l’histoire qui avance » et garde l’« espoir » d’une transition politique.
Israël mène depuis le 13 juin sur l’Iran une attaque d’une ampleur sans précédent, visant des centaines de cibles militaires et nucléaires, avec l’objectif affiché d’empêcher ce pays de se doter de la bombe atomique. En riposte, Téhéran multiplie les salves de missiles tirées sur Israël.
« Des innocents meurent, mais la guerre semble être la seule solution pour que les choses changent vraiment. Combien de manifestations ont eu lieu ? Et rien ne s’est passé », observe Paria, 32 ans, directrice d’un restaurant iranien à Londres, en référence notamment au soulèvement contre le pouvoir du mouvement « femmes, vie, liberté », violemment réprimé par les autorités iraniennes depuis 2022.
« Nous nous inquiétons de ce qui va suivre »
Même si elle souhaite un changement de régime, « nous nous inquiétons de ce qui va suivre », dit sa mère, Mona, 65 ans, qui vit à Londres depuis 30 ans. A cette peur de l’inconnu s’ajoute l’angoisse pour les proches qui se trouvent en Iran.
Une enseignante de nationalité iranienne interrogée à Francfort s’inquiète de ne plus arriver à joindre, depuis vendredi, une amie qui vit dans le nord de Téhéran. « Nous avons encore de la famille et des amis en Iran, à Téhéran. Ils fuient vers le nord. Nous sommes très inquiets pour eux », confie Paria à Londres.
Le frère du comédien Hamidreza Javdan l’a appelé lundi pour le prévenir que la capitale doit être évacuée. « Mon frère est une personne à mobilité réduite, il ne peut pas quitter Téhéran comme ça. Et puis il y a plus de 10 millions d’habitants à Téhéran, ils vont aller où ? », se tracasse-t-il.
« Tous ces morts n’auront pas été vains » si le régime des mollahs est renversé
Chez Ali, installé à Londres, c’est l’anxiété pour sa famille qui domine. « Je suis vraiment bouleversé (…) j’ai de la famille en Iran, à Kermanshah (ouest de l’Iran), qui est bombardée ». « Je n’ai jamais soutenu le régime iranien, je n’aime pas ce régime », dit cet homme de 49 ans, mais « qui va souffrir ? Le peuple ».
Un traducteur iranien de Berlin, qui préfère lui aussi rester anonyme, dit n’avoir qu’un espoir : « que cette guerre renversera le régime des mollahs. Je le souhaite de tout mon cœur. Alors, tous ces morts n’auront pas été vains ».
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.