MOYEN-ORIENT

Des milliers d’Afghans quittent le Pakistan avant la date butoir pour les expulsions

octobre 31, 2023 15:40, Last Updated: octobre 31, 2023 15:41
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Plus de 10.000 migrants afghans vivant au Pakistan se sont précipités mardi à la frontière avec l’Afghanistan, selon les autorités pakistanaises, à la veille de la date limite fixée par Islamabad pour qu’ils quittent le pays avant de risquer d’être expulsés.

Le gouvernement pakistanais a donné jusqu’au 1er novembre aux sans-papiers vivant sur son sol – essentiellement des Afghans, dont il estime le nombre à 1,7 million – pour en partir d’eux-mêmes, sans quoi ils seront expulsés. Il a prévenu qu’à partir de mercredi les Afghans en situation irrégulière seraient arrêtés, placés dans des centres de rétention pour quelques jours puis expulsés vers l’Afghanistan.

Le gouvernement taliban à Kaboul a dénoncé une mesure de « harcèlement ». « Des milliers de réfugiés afghans attendent leur tour dans des véhicules, des camions et leur nombre continue à s’accroître », a déclaré mardi à l’AFP Irshad Mohmand, un haut responsable gouvernemental pakistanais au poste-frontière de Torkham, principal point de transit entre les deux pays. « Plus de 10.000 réfugiés sont arrivés depuis ce matin », a-t-il affirmé.

Islamabad a ordonné à 1,7 million d’Afghans vivant illégalement dans le pays de partir d’ici le 1er novembre, sous peine d’être expulsés. (Photo WAKIL KOHSAR/AFP via Getty Images)

Au total, plus de 100.000 migrants afghans sont déjà rentrés en Afghanistan depuis l’annonce de ce plan par le gouvernement pakistanais début octobre, selon la même source. « J’ai décidé de partir pour m’éviter les humiliations des autorités pakistanaises », avait expliqué la semaine dernière à l’AFP Zulfiqar Khan, un fils de réfugiés né dans un camp de Peshawar, où des générations d’Afghans ont vécu dans des logements semi-permanents.

Menaces, mauvais traitements et placement en détention

La majorité des Afghans rentrent dans leur pays via Torkham (nord-ouest), dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, où ils vivent principalement. La police locale a assuré ne pas encore avoir procédé à des arrestations. Mais à Karachi (sud) notamment, les réfugiés afghans disent depuis plusieurs jours déjà être visés par des rafles et être victimes de harcèlement ou extorsion.

Des avocats et militants ont dénoncé une répression sans précédent et demandé au gouvernement de laisser plus de temps à ces migrants, dont certains vivent depuis des décennies au Pakistan ou y sont même nés, pour partir dignement.

Des réfugiés afghans se reposent à côté d’un camion à leur arrivée du Pakistan à la frontière afghano-pakistanaise de Torkham, dans la province de Nangarhar. (Photo WAKIL KOHSAR/AFP via Getty Images)

« Le gouvernement pakistanais a recours à des menaces, des mauvais traitements et au placement en détention pour contraindre les demandeurs d’asile afghans sans statut légal à retourner en Afghanistan ou à faire face au risque d’expulsion », a déploré mardi Human Rights Watch. « La situation en Afghanistan reste dangereuse pour nombre de ceux qui ont fui, et s’ils sont expulsés ils seront exposés à d’importants risques pour leur sécurité », a ajouté l’organisation de défense des droits humains.

Des millions d’Afghans ont afflué au Pakistan au cours de décennies de guerre, en faisant l’un des pays qui accueille le plus de réfugiés au monde.

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