Des plongeurs cartographient numériquement la plus ancienne cité engloutie du monde

Par Michael Wing
18 avril 2023 17:21 Mis à jour: 18 avril 2023 17:21

La cité engloutie de Pavlopetri est un véritable mythe. Située à quelques dizaines de mètres sous la mer, au large de la Laconie, en Grèce, on pensait que ses ruines dataient de la période mycénienne, mais on pense aujourd’hui qu’elles sont bien plus anciennes, précédant même l’âge du bronze.

Elle serait même antérieure au philosophe grec Platon, qui a raconté que la cité perdue de l’Atlantide avait sombré sous la mer. Pavlopetri pourrait, selon certains, être cette même cité.

L’idée d’une cité perdue est apparue en 1904, lorsque le géologue Fokion Negri a annoncé la découverte de Pavlopetri entre la côte de Pounta, dans le sud de la Laconie, et l’île d’Elafonisos, à deux pas de la plage.

Vue aérienne de la ville engloutie de Pavlopetri entre la plage de Pounta et l’île d’Elafonisos, en Grèce. (Aerial-motion/Shutterstock)

Les ruines englouties ont été redécouvertes en 1967 par l’océanographe Nicholas Flemming, de l’université de Southampton, qui y est retourné en 1968 et a mené une étude approfondie pendant six semaines. À l’aide de simples rubans de mesure et de tubas (la technologie de l’époque), ils ont cartographié une zone de 150 mètres sur 350 mètres à l’aide d’un système de grille et ont identifié 15 bâtiments distincts, ainsi que des cours, des rues et des tombes. Les ruines ont également livré des artefacts, tels que des lames d’obsidienne et de chaille, des poteries et une figurine en os. Tous ces objets se trouvaient à une profondeur de 3 à 4 mètres sous la surface.

Quarante ans plus tard, en 2009, les scientifiques sont revenus. À l’aide d’un nouvel équipement de cartographie sonar hautement sophistiqué, développé par l’armée et les prospecteurs de pétrole, ils ont mené une étude qui a permis de cartographier Pavlopetri numériquement, en trois dimensions, à l’aide de sons. Ces moyens leur ont permis de cartographier 9.000 mètres carrés supplémentaires de nouveaux bâtiments.

En 2011, la technologie a fait de nouveaux progrès qui ont permis à Jon Henderson, de l’université de Nottingham, et au Centre hellénique de recherche maritime de se lancer dans une étude de cinq ans visant à créer un modèle visuel numérique très réaliste de la ville en trois dimensions et à explorer les ruines à l’aide sur des écrans d’ordinateur.

Vue sous-marine de Pavlopetri. (Avec l’aimable autorisation de l’université de Nottingham)
Un plongeur examine les ruines de Pavlopetri lors d’une expédition. (Avec l’aimable autorisation de l’université de Nottingham)
Détail des ruines lors d’une expédition qui a eu lieu quarante ans après la première cartographie. (Avec l’aimable autorisation de l’université de Nottingham)

« Nous avons réussi à travailler avec des professionnels du cinéma en images de synthèse, des gens qui travaillent normalement sur des films comme ‘Star Wars‘ », a expliqué M. Henderson à l’université de Nottingham peu après l’expédition. « La raison pour laquelle la nouvelle technique est si bonne est qu’elle est réaliste, les gens peuvent la regarder immédiatement et se dire : ‘Oh wow, c’est une ville submergée !’ »

L’équipe a utilisé une technique connue sous le nom de photogrammétrie stéréo pour collecter des informations optiques, qui se superposent ensuite au nuage de données acoustiques tridimensionnelles qui a été collecté, produisant ainsi une image d’un réalisme impressionnant. Comme outil de base, ils ont utilisé des stations totalement équipées de lasers et utilisées dans l’arpentage pour l’urbanisme et la construction d’autoroutes, pour créer un prisme vectoriel et déterminer leur position avec une précision de 5 centimètres. Tout cela leur a permis de vérifier la précision de leur construction en 3D.

Ils ont également tiré de nouvelles conclusions historiques sur la ville de Pavlopetri grâce à leurs recherches. Les bâtiments eux-mêmes avaient déjà été datés de la période mycénienne, entre 1650 et 1180 avant J.-C., mais de nouveaux artefacts découverts sur le site ont permis de situer la ville à une époque bien plus ancienne. Les chercheurs ont été surpris de découvrir parmi les ruines des fragments de poterie datant de 2800 avant J.-C., certains citant des preuves remontant jusqu’à 3500 avant J.-C., ce qui donne un âge de 5000 ans. Ces artefacts, qui remontent à l’âge du bronze et au chalcolithique, comprennent des coupes et des récipients d’origine non seulement mycénienne, mais aussi minoenne, ce qui accrédite la possibilité que les habitants de Pavlopetri aient autrefois commercé avec les Minoens de Crète.

Vue en bord de mer de la plus ancienne ville submergée du monde, Pavlopetri, en Laconie, Grèce. (Pit Stock/Shutterstock)

Leur étude a révélé de nouvelles structures à Pavlopetri, notamment un grand bâtiment rectangulaire bordant une rue auparavant cachée, des tombes en pierre, ainsi qu’une sépulture en pithos, une structure en poterie utilisée pour préserver les restes humains avant l’inhumation ou l’incinération. Selon M. Henderson, les futures explorations pourraient également permettre de découvrir des matériaux organiques tels que des cordes, des paniers et même de la nourriture, car l’environnement sous-marin anaérobie ralentit leur détérioration.

Quant aux causes de l’effondrement de la ville, les scientifiques ne peuvent que spéculer. Certains pensent que c’est l’activité tectonique — une série de tremblements de terre — qui a mis fin à Pavlopetri et l’a fait sombrer sous les vagues. Selon certaines estimations, cela aurait pu se produire entre 1000 et 375 avant J.-C.

Aujourd’hui, Pavlopetri est considérée comme la plus ancienne ville engloutie au monde, à notre connaissance. Son héritage est antérieur non seulement à Platon, mais aussi au célèbre poète grec Homère et à ses héros légendaires, et pourtant elle continue d’évoquer le mystère et le mythe comme peu d’endroits sur Terre.

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