Des responsables considèrent la formation d’une « CIA » européenne suite aux attaques à Paris

24 novembre 2015 12:08 Mis à jour: 24 novembre 2015 12:08

Une rencontre d’urgence des ministres de l’Intérieur des pays de l’Union européenne s’est tenue la semaine dernière et on y a discuté de la création d’une agence de renseignement paneuropéenne à la suite des attaques à Paris.

La rencontre à Bruxelles se penchait sur les moyens à prendre pour corriger les failles dans le système de sécurité qui ont permis les attaques.

Un équivalent à la CIA

« Un équivalent européen à la CIA pourrait être fondé pour rassembler le renseignement des 28 pays membres à la suite des événements de Paris », a rapporté The Independent.

« De nombreux échecs ont été identifiés depuis le massacre qui a coûté la vie à 130 personnes, incitant la Commission européenne à augmenter la coopération par l’entremise d’une agence centrale. »

L’histoire démontre que la coopération européenne en matière de renseignement fonctionne mieux quand ce sont les pratiquants eux-mêmes qui en identifient le besoin et lorsqu’il y a des niveaux de confiance suffisants entre les partenaires. – Björn Fägersten

La source exacte de cette discussion semble être Guy Verhofstadt, le chef de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALEE) au Parlement européen.

Euractiv rapporte qu’il a exhorté les responsables à créer une agence de renseignement européenne, de même qu’un corps de douaniers et de gardes côtiers européens alors que la menace terroriste prend de l’ampleur.

« La coopération entre les services de renseignement de l’UE est un échec. Après chaque tragédie, nous réalisons que notre coopération ne fonctionne pas », a-t-il déploré.

« Alors nous devons ou bien implanter un système d’échange obligatoire entre les services nationaux, ou bien créer une structure européenne. »

La proposition doit être examinée par le dernier Conseil européen de l’année qui se tiendra en décembre. Actuellement, au moins la Grèce et la Suède sont opposées à l’idée.

« Mais ces décisions doivent être prises. Combien de tragédies devons-nous subir avant de les prendre ? », s’est demandé M. Verhofstadt.

Des soldats belges patrouillent dans le centre de Bruxelles le 21 novembre 2015. (John Thys/AFP/Getty Image)
Des soldats belges patrouillent dans le centre de Bruxelles le 21 novembre 2015. (John Thys/AFP/Getty Image)

L’argument contre

Cette idée ne fait pas l’affaire de tout le monde, malgré les failles évidentes dans l’appareil de sécurité, et la situation semble s’aggraver avec l’arrivée massive de réfugiés et de migrants de Syrie et d’ailleurs.

Björn Fägersten, un chercheur au Swedish Institute of International Affairs se spécialisant en coopération internationale dans le domaine du renseignement et en affaires européennes, a écrit dans une lettre d’opinion publiée dans le New York Times qu’il faut résister aux appels de créer une agence européenne. Il affirme que la coopération entre les services de renseignement et de sécurité européens s’est beaucoup développée au cours des 15 dernières années.

« L’histoire démontre que la coopération européenne en matière de renseignement fonctionne mieux quand ce sont les pratiquants eux-mêmes qui en identifient le besoin et lorsqu’il y a des niveaux de confiance suffisants entre les partenaires. Les créations politiques venant d’en haut – comme celle d’un nouveau FBI ou CIA européens – produiraient un tigre en papier avec trop peu de ressources qui lui sont propres. Cela saperait également la responsabilité des pays en matière de sécurité nationale, ce qui demeure une prérogative des États membres », a-t-il écrit.

« Plutôt que de se pencher sur de nouvelles conceptions, les États membres devraient se concentrer sur l’utilisation de ce qui est déjà en place. Ils doivent également effectuer des investissements tournés vers l’avenir, comme s’assurer que les pays utilisent vraiment le système de frontières Schengen pour suivre les gens qui entrent et qui sortent, de même que la base de données d’Europol pour signaler les suspects. Il aiderait également à finaliser les discussions de longue date sur les dossiers de passagers et le partage de données et à mieux utiliser les ressources distinctes de l’UE – comme ses 140 délégations à l’étranger – pour tracer un meilleur portrait des menaces terroristes. »

Sécurité renforcée

Les ministres en rencontre ont convenu d’augmenter la sécurité à l’intérieur de la zone Schengen, cet espace de 26 pays où il était auparavant permis de circuler pratiquement en toute liberté.

Le ministre de la Justice du Luxembourg, Etienne Schneider – qui présidait la rencontre – a déclaré qu’une réponse rapide et renforcée « n’était pas une option mais une obligation ».

Selon les nouvelles directives, tous les citoyens de l’Union européenne qui entrent ou sortent de la zone devront subir un filtrage « systématique » contre les bases de données paneuropéennes, a rapporté The Guardian.

Les mesures aux frontières sont entrées en vigueur immédiatement, mais elles sont pour l’instant temporaires et indéterminées.

Les ministres ont indiqué dans une déclaration commune qu’ils voulaient établir des règles permanentes pendant que les mesures temporaires sont en vigueur.

À la suite de l’attaque contre Charlie Hebdo plus tôt cette année, un effort similaire aux frontières a été effectué, mais n’a pas été concluant finalement. L’idée de créer une « CIA » européenne semble pour sa part toute nouvelle.

Version originale : Officials Consider Creating European Equivalent of CIA After Paris Attacks

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