Des tablettes Samsung toutes neuves ont été installées aux près de 23.000 détenus des prisons françaises. Celles-ci, destinées à « améliorer les conditions de vie en détention », étaient sensées n’avoir qu’un accès à un réseau informatique interne.
Dans le cadre du programme « Numérique en détention », environ 125 millions d’euros ont été dépensés pour l’achat de tablettes numériques, selon la Chancellerie. Installées par l’administration pénitentiaire dans près de 16.000 cellules, elles bénéficient à environ 23.000 détenus, comme le rapporte Le Figaro. Bien qu’elles soient supposées n’avoir accès qu’à un Intranet sécurisé, certains détenus ont cependant réussi à se connecter à Internet. Ils se sont même vantés sur les réseaux sociaux de pouvoir jouer en ligne ou de regarder des films.
Des tutoriels pour débloquer les tablettes
Le but de ces tablettes est de « permettre aux détenus d’organiser leur vie en prison, sans devoir systématiquement passer par les gardiens », et ainsi soulager ces derniers, soulignent nos confrères. Mais cet objectif de départ a très vite été dévoyé. Un détenu, qui se fait appeler « rotation_59 » sur TikTok, a rapidement trouvé le moyen de se connecter à Internet. Il propose d’ailleurs à ses codétenus des tutoriels expliquant la marche à suivre, le tout pour la somme de 50 euros.
Un autre détenu raconte au Figaro que ces tablettes, « cryptées et sécurisées », ont été « fixées au mur de la cellule avec des rivets en métal », mais certains sont parvenu à les « décoller ». Quant à savoir comment débloquer les verrous limitant son usage, « il suffisait de les réinitialiser, en appuyant en même temps sur le bouton power et le bouton volume », avoue-t-il.
⚠️ 125 millions€ pour 23 000 tablettes pour les prisonniers en France afin « d’améliorer les conditions de vie en détention ».
Pendant ce temps les Français se serrent la ceinture, se privent et peinent à finir le mois pour…payer des tablettes.
🔴 Scandaleux ! pic.twitter.com/tDVtYkiBdJ
— Mathilde Androuët (@MAndrouet) March 7, 2025
« On s’est ajouté d’autres problèmes »
De son côté, l’administration pénitentiaire certifie que ces tablettes numériques soulagent les gardiens de certaines tâches. Elle certifie n’avoir eu « aucun retour concernant des signalements pour des détériorations ou des détournements ». « Les tablettes sont reliées à un réseau sécurisé et sont encastrées dans des sarcophages inviolables », maintient la chancellerie. Et de préciser : « Et si des détenus les détériorent, ce sont eux qui paieront. »
Ce programme, à l’initiative de Nicole Belloubet en 2019, avait d’abord été testé dans les prisons de Dijon et de Melun dès 2022. Depuis juin 2023, il s’est généralisé à l’ensemble des établissements pénitentiaires.
Alors que les agents de surveillance sont déjà débordés par la chasse aux téléphones portables, ce problème vient se cumuler. « Avec le numérique en détention, on a apporté une solution à un problème qui n’existait pas et on s’est ajouté d’autres problèmes », avoue à de nos confrères un haut responsable de la sécurité des établissements pénitentiaires, qui souhaite garder l’anonymat. L’administration pénitentiaire cherche par tous les moyens à faire des économies et cette initiative est « un gros gaspillage d’argent public », estime ce responsable. « Si en plus ils s’en servent pour regarder des films ou jouer à des jeux, ça me pose une vraie question en tant que contribuable », conclut-il.
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