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« Les Britanniques auront une immigration choisie, et nous, une immigration subie » : Xavier Bertrand fustige l’accord migratoire

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Des migrants se pressent sur le canot pneumatique d'un passeur pour tenter de traverser la Manche, après avoir quitté la plage de l'Écault à Saint-Étienne-au-Mont, près de Neufchâtel-Hardelot.

Photo: SAMEER AL-DOUMY/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a vivement critiqué vendredi l’accord entre la France et le Royaume-Uni sur un « projet pilote » d’échange de migrants, estimant qu’il s’agissait d’un « mauvais accord pour la France », dans un entretien sur BFMTV-RMC.
« Cet accord va aggraver la situation (…) Tel qu’il est présenté, cet accord, est un mauvais accord pour la France. Comme d’habitude, c’est un bon accord pour les Anglais », a déclaré M. Bertrand.
Le nombre de migrants à un niveau record
Plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l’année, un niveau record qui accroît la pression sur le dirigeant travailliste, au moment où le parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage monte en puissance dans l’opinion.
Le principe de « un pour un »
Le projet annoncé à l’issue de la visite d’État du président Emmanuel Macron au Royaume-Uni, qui doit encore être soumis à la Commission européenne avant d’être signé, repose sur le principe de « un pour un ».
Il prévoit que pour chaque renvoi en France d’un migrant arrivé au Royaume-Uni clandestinement, Londres s’engage à accepter un migrant se trouvant en France et exprimant sa volonté, via une plateforme en ligne, de s’installer au Royaume-Uni et justifiant de liens avec ce pays.
Les Anglais vont choisir « qui va rester au Royaume-Uni » et « qui va retourner en France et en Europe », ils « auront l’immigration choisie et nous, on va avoir l’immigration subie », a estimé M. Bertrand.

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La faute au Brexit ?
Emmanuel Macron a quant à lui mis en cause le Brexit, soulignant qu’il n’existait plus depuis lors « aucun accord migratoire avec l’Union européenne » et que cela créait une « incitation » à traverser la Manche. Il a estimé que ce projet pilote « exercera un effet très dissuasif sur le modèle des passeurs et sur les traversées ».
Aucune précision chiffrée n’a été apportée sur cet accord, trouvé après d’intenses négociations lors d’un sommet bilatéral en conclusion d’une visite d’État de trois jours du président français, la première pour un chef d’État de l’UE depuis le Brexit en 2020.
Le chiffre évoqué dans la presse de 50 migrants par semaine échangés – jugé insuffisant par l’opposition conservatrice – n’a pas été confirmé.
« Cet accord est une humiliation », a fustigé Nigel Farage. « Nous avons agi comme un membre de l’Union européenne et nous sommes inclinés devant un président français arrogant », a-t-il écrit sur X.
Pour sa part, le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a salué un projet qui, « s’il est mis en œuvre de manière appropriée », pourrait « offrir un accès à la protection aux demandeurs d’asile et réfugiés des deux côtés de la Manche ».
Les Anglais doivent être « davantage impliqués »
Le président de la région Hauts-de-France a aussi estimé que tout était « de la faute des Anglais ». « Pourquoi tous ces migrants (…) veulent aller en Angleterre ? Parce que là-bas, ils savent qu’ils finiront par avoir du travail ».
« J’ai toujours entendu les Anglais me dire ‘on va faire, on va faire’. Ils ne font rien, ils ne font que de la communication », a-t-il encore fustigé, appelant Londres à « mettre un terme » à « l’immigration clandestine du travail » et à « démanteler les trafics de passeurs ».
« Nous gardons la frontière des Anglais pour eux, en France. C’était la logique des accords du Touquet », mais « 20 ans après, ces accords sont dépassés », a-t-il estimé. Selon lui, les Anglais doivent être « davantage impliqués ». « Ils nous font un chèque, de temps en temps, qui ne couvre même pas la totalité de la facture », a-t-il encore dénoncé.

Quarante-quatre migrants dans trois petits bateaux tentant de traverser la Manche pour atteindre la Grande-Bretagne ont été secourus dans la nuit, ont indiqué les autorités françaises, le 17 avril 2020 à Calais. (BERNARD BARRON / AFP via Getty Images)

M. Bertrand déplore également l’absence de consultation des élus locaux, alors que sa région est « en première ligne » face aux traversées de migrants, et l’absence de l’Union européenne. « S’il n’y a pas l’Europe, ça ne peut pas marcher », a-t-il souligné.
L’UE va étudier les modalités de l’accord
La Commission européenne a affirmé vendredi qu’elle « étudierait » les modalités de l’accord noué entre la France et le Royaume-Uni sur un projet d’échange de migrants.
« Le nombre croissant de migrants qui traversent clandestinement la Manche est alarmant et nécessite une réponse robuste », a estimé Markus Lammert, porte-parole de l’exécutif européen.
Reste que cinq pays de l’UE – Espagne, Grèce, Italie, Malte et Chypre – avaient exprimé en juin leur « préoccupation », craignant que la France ne renvoie ensuite les migrants vers le premier pays de l’UE dans lequel ils sont arrivés.