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Des vautours rares, nettoyeurs de la nature, de retour à Chypre

septembre 30, 2022 13:30, Last Updated: septembre 30, 2022 17:27
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Des vautours fauves, qui accomplissent une tâche vitale en nettoyant les carcasses d’animaux susceptibles de propager des maladies, sont de retour à Chypre, mais cette espèce d’oiseau est au « bord de l’extinction » car victime notamment d’empoisonnement, avertissent des experts.

Quinze de ces vautours venus d’Espagne, connus aussi sous le nom de griffons, ont été relâchés dans la nature sur l’île méditerranéenne ces dernières semaines pour augmenter leur nombre, désormais estimé à 23 individus au total.

« C’est comme une équipe de nettoyage de la nature », explique Melpo Apostolidou, de BirdLife Cyprus, une ONG qui coordonne le programme de réintroduction des vautours: « ils fournissent un service rentable et bénéfique pour l’environnement en éliminant des carcasses ».

Aussi majestueux que les aigles

Avec leur tête blanche et leurs ailes de couleur sable dont l’envergure peut atteindre 2,8 mètres, ils sont aussi majestueux que les aigles. Les huit oiseaux relâchés dans la nature mercredi étaient les derniers d’un groupe de 15 vautours, blessés durant leur jeune âge en Espagne avant d’être soignés puis amenés à Chypre.

Le vétérinaire de la faune Constantinos Antoniou tient un vautour fauve à l’extérieur d’un enclos avant d’y attacher un traceur GPS, dans le sud de Chypre, le 26 septembre 2022.  Photo ROY ISSA/AFP via Getty Images.

Arrivés en décembre, ils avaient d’abord été placés dans une volière située dans les collines à une quinzaine de kilomètres de la ville portuaire de Limassol (sud), pour s’acclimater au nouvel environnement.

Ils nettoient soigneusement les carcasses

Les vautours sont des charognards et non des chasseurs, qui nettoient soigneusement les carcasses avant qu’elles ne pourrissent au soleil. Une dizaine de ces oiseaux peuvent nettoyer une carcasse de mouton en l’espace d’une heure.

« Ils font partie intégrante de notre écosystème, et ce depuis des milliers d’années », souligne le vétérinaire Constantinos Antoniou, qui a participé à l’opération, notamment en fixant des traceurs GPS sur leur dos.

« A moins d’être mort, vous n’avez rien à craindre car les vautours ne se nourrissent que de carcasses: ils ne s’intéressent ni aux humains ni aux animaux domestiques », dit-il.

Dans les années 1950, on dénombrait plusieurs centaines de ces oiseaux sur l’île. Mais à cause de l’empoisonnement, la chasse, la perte d’habitat, la perturbation des colonies de reproduction et des fils électriques qu’ils percutent, leur nombre s’est réduit à huit au début de cette année.

L’empoisonnement un gros problème

« L’empoisonnement est un gros problème », constate Andreas Christoforou, un fonctionnaire chargé de la protection de la vie sauvage qui, avec son chien renifleur Sophie, est à la recherche de poison répandu illégalement par des agriculteurs et des chasseurs pour tuer les renards et les chiens sauvages.

Andreas Christoforou,  se tient avec son chien renifleur Sophie, un Border Collie spécialement formé pour rechercher du poison posé illégalement, dans le sud de Chypre, le 26 septembre 2022. Photo Peter MARTELL / AFP via Getty Images.

« Ceux qui répandent du poison s’exposent à des sanctions, mais il est difficile de les appréhender », déplore M. Christoforou. Avec son chien renifleur, il a localisé une dizaine d’appâts empoisonnés au cours des six derniers mois à Chypre. Une carcasse empoisonnée peut provoquer la mort de plusieurs vautours.

En mai, au moins trois vautours ont ainsi été retrouvés morts après avoir avalé du poison. L’extinction des vautours fauves pourrait avoir un impact sur notre santé et notre bien-être à long terme, estime Haris Hadjstyllis, du Service de la chasse et de la faune, en insistant sur leur rôle dans l’écosystème.

L’opération financée par le Fonds d’action pour l’environnement

Aujourd’hui, les carcasses de bétail sont collectées pour être incinérées, mais les donner à manger aux vautours pourrait constituer un moyen plus simple et plus respectueux de l’environnement, réduisant même les émissions de gaz à effet de serre, estiment pour leur part des membres de BirdLife.

Les vautours fauves sont assis à l’intérieur d’un enclos avant leur libération dans le village de Korfi, dans le sud de Chypre, le 26 septembre 2022. Photo ROY ISSA/AFP via Getty Images.

A terme, les défenseurs de l’environnement pensent que les vautours pourraient même générer des revenus grâce au tourisme, observant que les plateformes de nourrissage d’oiseaux en Espagne sont devenues populaires auprès des visiteurs.

Les vautours relâchés à Chypre l’ont été dans le cadre d’un programme plus large de 1,3 million d’euros, financé en grande partie par le Fonds d’action pour l’environnement et le climat de l’Union européenne, afin de stimuler les espèces vitales pour restaurer les écosystèmes.

 

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