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Strasbourg : la justice annule le congé de santé gynécologique instauré par la ville

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Des personnes participent à la 5e EndoMarch et Journée mondiale de l’endométriose, organisée à Paris le 24 mars 2018.

Photo: ALAIN JOCARD/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 3 Min.

Le tribunal administratif de Strasbourg a retoqué mardi le congé de santé gynécologique instauré en septembre pour les agentes de la ville, estimant que ce dispositif ne pouvait pas être institué par une collectivité, faute de cadre légal.
Le tribunal a annulé les délibérations par lesquelles la ville et l’Eurométropole avaient décidé cette expérimentation, qui permet aux agentes souffrant de douleurs menstruelles, d’endométriose ou de symptômes de la ménopause de disposer de 13 jours annuels d’absence exceptionnelle, sur présentation d’un certificat médical.
La préfecture du Bas-Rhin avait attaqué ce dispositif devant la justice administrative, faisant valoir que la création de ce congé, sous la forme d’une autorisation spéciale d’absence (ASA), était « dépourvue de toute base légale ». Le tribunal lui a donné raison mardi.
« Il faut faire évoluer la loi »
« C’est une grande déception », a déclaré à l’AFP la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (Les Écologistes), qui a annoncé faire appel de cette décision.

La maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian. (AMAURY CORNU/Hans Lucas/AFP via Getty Images)

En attendant, la possibilité de prendre des jours de congé de santé gynécologique est suspendue mais l’aménagement des conditions de travail et la sensibilisation des managers, autres volets du dispositif, se poursuivent.
Entre sa mise en œuvre, le 1er septembre dernier, et le 31 mai, 118 agentes de la ville et de l’Eurométropole de Strasbourg sur environ 3500 disposaient d’un certificat médical permettant de prendre ce congé de santé gynécologique, et seulement 67 d’entre elles en ont bénéficié.
« Le bilan est très positif. Ce dispositif est utilisé avec beaucoup de discernement et sans abus », a souligné Mme Barseghian. « On va se mobiliser avec les autres collectivités et avec les parlementaires, il faut faire évoluer la loi », a-t-elle plaidé.
Ces « délibérations sont illégales »
En l’absence de loi sur le congé menstruel, de nombreuses collectivités ont mis en place depuis 2023 des expérimentations, dont plusieurs ont été attaquées par l’État devant la justice administrative.
À Toulouse, en novembre dernier, et à Grenoble, en février, des jugements en référé ont suspendu des congés menstruels similaires. À Strasbourg, le tribunal administratif a examiné l’affaire sur le fond, et non en référé qui est une procédure d’urgence.
Une circulaire du 21 mai de la direction générale des collectivités locales, relayée par Maire-info, a appelé les préfets à s’opposer aux délibérations des communes créant des autorisations spéciales d’absences pour les agentes souffrant de règles douloureuses.
« En l’absence de base légale, de telles délibérations sont illégales », souligne cette circulaire, qui appelle les préfets à adresser aux collectivités concernées « un recours gracieux, puis, le cas échéant, déférer la décision au tribunal administratif ».