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plus-iconTDAH et diagnostics erronés

Le TDAH est souvent mal diagnostiqué : quelles autres causes possibles ?

Nous explorons des approches complémentaires pour mieux prendre en charge le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), des troubles du sommeil aux facteurs alimentaires. Le fils de Liz Moore, Bodin, a rencontré des difficultés dès la naissance : problèmes d’alimentation et de sommeil, puis retards du développement et scolaires, maladresses sociales, avant qu’un diagnostic de TDAH ne soit posé à l’âge de 6 ans.

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Photo: Illustration de Lumi Liu

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Durée de lecture: 15 Min.

À cette époque, Liz Moore avait lu un ouvrage qui établit un lien entre la santé des voies respiratoires, le comportement et les troubles de l’apprentissage. Elle a alors été convaincue qu’elle pouvait faire davantage que simplement accepter que son fils souffrait d’un trouble neurodéveloppemental.
« Je savais que quelque chose n’allait pas et j’ai commencé par l’option la moins invasive », a confié à Epoch Times Liz Moore, préparatrice physique. Elle a d’abord convaincu le dentiste de Bodin de lui poser des appareils d’expansion du palais afin d’élargir ses voies respiratoires. Bodin a cessé de faire pipi au lit, mais continuait à mal dormir.

Liz Moore avec son fils Bodin, dont les symptômes de TDAH ont disparu depuis l’ablation des végétations adénoïdes et des amygdales. (Photo : Liz Moore)

Elle l’a ensuite emmené consulter un ORL, qui a retiré chirurgicalement ses amygdales et ses végétations adénoïdes. Le médecin a découvert que ses voies respiratoires étaient obstruées à 99 % par des adénoïdes hypertrophiées.
Bodin est alors devenu un autre enfant. Aujourd’hui, il est sociable, à l’aise à l’école, dort bien et pratique des activités sportives. Son histoire montre que les symptômes du trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) peuvent parfois avoir des causes physiques extérieures au cerveau, mais qui l’affectent pourtant directement.
Bodin n’est pas un cas isolé. Depuis 12 ans, Maria Rickert Hong documente des familles ayant constaté une amélioration des symptômes du TDAH après avoir traité des problèmes de santé sous-jacents. Elle est cofondatrice d’une association à but non lucratif qui partage des pistes sur les causes et solutions possibles des troubles du développement.
« Il existe tellement de causes profondes à explorer », explique-t-elle à Epoch Times. « Très souvent, le TDAH masque en réalité autre chose. »

Le TDAH, un diagnostic fréquemment posé à tort

Les problèmes médicaux figurent parmi les causes les plus fréquentes de diagnostics erronés de TDAH. Pourtant, les examens médicaux sont rarement intégrés au processus d’évaluation.
Selon un article publié dans Neuropediatrics, le diagnostic du TDAH devrait être posé par un pédopsychiatre, un pédiatre ou un professionnel de santé expérimenté. Mais de plus en plus d’experts s’inquiètent de diagnostics et de prescriptions médicamenteuses trop rapides. Parmi les enfants d’âge préscolaire ayant consulté un médecin généraliste pour un TDAH, 42,2 % ont reçu un traitement médicamenteux dans les 30 jours suivant le diagnostic, selon une étude publiée dans JAMA Network Open.
L’article de Neuropediatrics rappelle que l’épilepsie, les troubles thyroïdiens, les troubles du sommeil, certaines interactions médicamenteuses, l’anémie ou encore les leucodystrophies (maladies génétiques affectant le cerveau) peuvent imiter les symptômes du TDAH et doivent être écartés en priorité.
D’autres affections, comme les troubles respiratoires du sommeil ou les maladies inflammatoires de l’intestin, peuvent également être confondues avec un TDAH, notamment dans sa forme inattentive, conclut une revue publiée dans Brain Sciences.
Parfois, les solutions sont étonnamment simples. Répondre aux besoins fondamentaux — sommeil suffisant, activité physique, exposition à la lumière naturelle et contact avec la nature — peut suffire à atténuer les symptômes chez certains enfants, souligne Maria Rickert Hong, conseillère en santé holistique. L’équilibre de la glycémie et un transit intestinal régulier jouent également un rôle clé.

5 troubles qui peuvent imiter un TDAH

Voici plusieurs causes fréquentes de symptômes ressemblant au TDAH.

1. Un sommeil de mauvaise qualité

Les troubles du sommeil — en particulier les difficultés respiratoires nocturnes — peuvent affecter le cerveau à tout âge. Les enfants qui ne dorment pas suffisamment sont plus exposés aux troubles du comportement, comme l’hyperactivité.
« Beaucoup d’enfants sont traités pour un TDAH alors qu’il s’agit en réalité de troubles respiratoires du sommeil », explique à Epoch Times Nicole Goldfarb, orthophoniste. « Ce n’est pas toujours évident pour les parents, à moins d’observer leur enfant pendant son sommeil. »
Elle pensait d’abord que l’incapacité de son fils à rester assis en cours de musique, lorsqu’il était tout-petit, relevait d’un TDAH. Par peur de perturber son sommeil, elle le surveillait rarement la nuit. Lorsqu’elle l’a enfin observé, elle l’a vu ronfler, haleter et se retourner sans cesse, craignant même pour sa vie.
Il souffrait en réalité d’amygdales et de végétations adénoïdes extrêmement volumineuses, l’une des causes fréquentes des troubles respiratoires du sommeil chez l’enfant.
Le manque d’oxygène et le sommeil fragmenté entraînent une inflammation chronique susceptible d’altérer la structure du cerveau, notamment les zones liées à l’attention.
D’autres signes peuvent alerter : toux ou étouffements nocturnes, sueurs nocturnes, grincements de dents, réveils fréquents, respiration buccale, énurésie, difficultés de concentration, impulsivité et hyperactivité.
Selon une étude portant sur 11.000 enfants et publiée dans Pediatrics, les enfants présentant des troubles respiratoires précoces du sommeil étaient jusqu’à 60 % plus susceptibles d’avoir des troubles du comportement à 4 ans, et jusqu’à 100 % à 7 ans. Plus les troubles du sommeil étaient sévères, plus les problèmes comportementaux l’étaient, l’hyperactivité étant la plus fréquente.
Des outils de dépistage pourraient prochainement être proposés dans les cabinets dentaires. Nicole Goldfarb, également formée en myologie oro-faciale, participe à leur développement.
Elle a par ailleurs découvert que son fils souffrait aussi d’un trouble des mouvements périodiques des membres, lié à une carence en fer, qui perturbe le sommeil et peut mimer un TDAH.

2. Des troubles de la vision

Une revue systématique et une méta-analyse publiées dans Molecular Psychiatry ont mis en évidence un lien entre le TDAH et des troubles visuels : difficultés à distinguer certaines couleurs, baisse de la sensibilité aux contrastes, problèmes d’accommodation entre vision de près et de loin, mauvaise coordination oculaire, strabisme ou œil paresseux.
La déficience visuelle peut affecter les capacités cognitives, mais aussi le développement psychosocial, en limitant la participation à de nombreuses activités.
Une hypothèse avancée est que le cerveau mobilise trop de ressources pour traiter l’information visuelle, au détriment de l’attention soutenue. Une autre explication : il est difficile de se concentrer sur la lecture lorsque les yeux ne fonctionnent pas correctement.
« Les troubles visuels fonctionnels sont des troubles du cerveau. La vision permet au cerveau de filtrer, organiser et traiter l’information pour orienter le comportement », explique le Dr Bryce Appelbaum, optométriste spécialisé en vision développementale et comportementale. « La vision guide le comportement. »
On peut avoir une acuité visuelle de 10/10 et pourtant souffrir de troubles visuels, précise-t-il.
Selon l’American Optometric Association, 80 % des apprentissages scolaires passent par la vision. Une prise en charge adaptée — lunettes, chirurgie ou rééducation visuelle — peut restaurer les fonctions visuelles et améliorer les symptômes.

3. Une surexposition aux écrans

« Le temps d’écran envahit la vie de nos enfants et crée un stress visuel inédit », alerte le Dr Appelbaum. « Nous demandons à nos yeux et à notre cerveau des efforts pour lesquels ils ne sont pas conçus. »
Lire sur écran sollicite des mouvements oculaires différents de la lecture sur papier. La luminosité, les contrastes, l’éblouissement et la lumière bleue sollicitent excessivement la coordination et la focalisation.

(ediebloom/GettyImages)

Un usage excessif des écrans semble modifier la structure cérébrale, avec une réduction du volume cortical associée au TDAH, et perturber la connectivité neuronale.
Une étude de cas publiée dans Environmental Research a montré qu’un enfant de 9 ans n’était plus diagnostiqué TDAH après une réduction drastique du temps d’écran. Il passait auparavant plus de sept heures par jour devant les écrans.
Une méta-analyse portant sur 81.234 enfants indique que ceux exposés plus de deux heures quotidiennes aux écrans avaient environ 50 % de risque supplémentaire de présenter des symptômes de type TDAH.

4. Un apport insuffisant en protéines

Selon Julia Ross, pionnière de la neuro-nutrition, manger suffisamment de protéines pourrait être une solution simple aux troubles de l’attention et du comportement.
Les protéines complètes — présentes dans la viande, le poisson, les œufs, les produits laitiers et le soja — apportent des acides aminés comme la tyrosine et le tryptophane, indispensables à la fabrication des neurotransmetteurs régulant l’attention, l’humeur et le comportement.
Les médicaments stimulants utilisés dans le TDAH augmentent temporairement la dopamine et la noradrénaline, mais ces neurotransmetteurs dépendent aussi de l’alimentation, de l’activité physique, de la cafeine et du sommeil.
Julia Ross raconte le cas d’un enfant hyperactif qui parvenait à rester concentré uniquement en courant autour de la pièce. Après avoir pris du 5-HTP à faible dose, il s’est calmé et a pu rester assis. Dès qu’il a consommé un bonbon, l’hyperactivité est réapparue.
La consommation de sucre est elle aussi associée au TDAH.

5. Retard de développement

Des retards ou des schémas atypiques dans les grandes étapes du développement du nourrisson, ainsi que dans les réflexes archaïques — ces réponses instinctives présentes chez le nouveau-né, qui lui permettent de se nourrir, de respirer et de préparer les bases du rampement et de la marche — ont été évoqués comme des facteurs possibles de certains troubles neurodéveloppementaux.
En règle générale, les bébés intègrent ces réflexes primitifs entre 6 et 12 mois, les remplaçant par des mouvements volontaires plus élaborés, ce qui permet un enchaînement naturel des étapes du développement.
Selon une revue publiée dans Behavioral Sciences, les enfants atteints de TDAH présentent souvent un développement moteur atypique. La position assise peut être retardée, la posture inadéquate, et les étapes du développement ne suivent pas toujours un schéma habituel.
Une revue systématique parue dans Frontiers in Psychiatry a mis en évidence une corrélation entre les symptômes du TDAH chez l’enfant et la persistance de certains réflexes archaïques, en particulier ceux qui préparent le nourrisson au déplacement à quatre pattes.
Un programme de réintégration des réflexes sur 12 semaines, mené auprès de 2 175 enfants atteints de TDAH, a montré une amélioration de l’intégration de ces réflexes grâce à des exercices de mouvements rythmiques, d’écoute et de mathématiques, selon des résultats publiés dans Frontiers in Public Health.
Les réflexes archaïques persistants peuvent influencer la manière dont les enfants tiennent leur corps, explique Sargent Goodchild, spécialisée en thérapie par le mouvement. Lorsque les écoles interdisent des postures compensatoires comme s’affaisser sur sa chaise ou s’asseoir sur ses jambes, l’enfant peut alors paraître distrait — regard perdu vers l’extérieur, tandis que son cerveau lutte pour gérer ces réflexes.
« Cela rend la concentration extrêmement difficile, à moins de bloquer complètement la posture », conclut-il.

Objectif final : un traitement réellement efficace

Maria Rickert Hong recommande d’envisager le TDAH comme une problématique globale et de commencer par des solutions simples : corriger les carences nutritionnelles, enseigner des techniques de relaxation, travailler avec un praticien formé à une approche globale.
L’histoire de Bodin illustre combien il est essentiel de rechercher les causes sous-jacentes. Aujourd’hui épanoui, il continue néanmoins un suivi orthodontique pour préserver une respiration optimale.
« Lors de la dernière réunion parents-professeurs, son enseignante m’a dit que tous les enfants veulent s’asseoir avec lui à la cantine. Il est sociable, joyeux, joue au basket et au football, et pratique le karaté — des choses qu’il refusait auparavant », confie Liz Moore.
Un rappel précieux : derrière un diagnostic de TDAH peuvent parfois se cacher des causes simples, réversibles et traitables, à condition de les rechercher.
Amy Denney est journaliste spécialisée dans la santé à Epoch Times. Elle est titulaire d'une maîtrise en journalisme d'affaires publiques de l'université de l'Illinois à Springfield et a remporté plusieurs prix pour ses enquêtes et ses reportages sur la santé. Elle couvre le microbiome, les nouveaux traitements et le bien-être intégratif.

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