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« Difficile pour une femme d’être à un poste de pouvoir »

septembre 16, 2015 7:03, Last Updated: octobre 25, 2015 22:05
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Depuis la rentrée, le gouvernement compte neuf ministres femmes, contre huit ministres hommes. Myriam El Khomri occupe désormais le siège de François Rebsamen au ministère du Travail ; un poste de responsabilité, qui est d’ordinaire confié à un homme. « Record battu ! », expriment certains politologues et observateurs, qui saluent le pas en avant vers la parité au gouvernement, promise par François Hollande. Pour d’autres, ce n’est encore qu’une victoire de façade.

Les femmes politiques, aussi (voire plus) performantes que les hommes…

Une enquête d’Harris Interactive France réalisée pour Le Parisien s’est récemment penchée sur la perception qu’ont les Français des femmes politiques. Résultat : deux sondés sur trois pensent que le sexe n’a aucune incidence sur la capacité à exercer le pouvoir politique. Ensuite, il apparaît que les femmes sont plus appréciées que leurs homologues masculins ; dans le portrait que s’en font les sondés, elles ont une meilleure capacité d’écoute (55 % contre 2 %), sont jugées plus courageuses (34 % contre 6 %), tiennent mieux leurs promesses et ont une meilleure compréhension des problèmes des Français (55 % contre 2 %).

« Les femmes politiques sont des hommes comme les autres ! » Natacha Polony

Ces chiffres, écrasants, témoignent surtout du peu de confiance qu’inspirent aux Français les hommes politiques. D’après les auteurs de l’enquête, les résultats traduisent « sans doute une attente sous-jacente plus large : le renouvellement d’un personnel politique encore majoritairement masculin, dont les figures féminines ne parviennent pas réellement aujourd’hui à convaincre davantage que les hommes politiques ».

94 % des sondés indiquent qu’ils seraient prêts à voter pour une femme à la présidence de la République. Christine Lagarde serait à ce jour la mieux placée pour candidater au poste, avec 50 % d’opinion favorable. Un chiffre pas très engageant, qui traduit là encore le manque de confiance dans la représentation politique actuelle.

…mais les clichés ont la vie dure

Sans grande surprise, le sondage confère plus d’ « autorité » aux hommes politiques (23 % contre 13 %), et les femmes ont, aux yeux des sondés, un savoir-faire supérieur dans les sphères de l’éducation et de la santé. Les qualités sont souvent les mêmes dans d’autres aspects… jusqu’à l’être un peu trop.

Natacha Polony, coprésentatrice de « Mediapolis », dénote un certain mimétisme avec leurs homologues masculins : « La jeune génération de femmes politiques m’inquiète  ! Les femmes politiques sont des hommes comme les autres  ! Même langue de bois, même dureté… Elles ne sont pas moins ambitieuses ».

La parité homme-femme du gouvernement ne représente pas pour autant la sphère politique dans son ensemble. De nombreuses associations militent pour la reconnaissance des femmes en politique ; sur le terrain, les clichés sont encore nombreux. Malgré la parité que l’on observe aujourd’hui à l’Élysée, la situation n’est en fait pas si réjouissante.

Mauvaises habitudes dans les médias et les milieux politiques

Les femmes politiques ont également à faire face à la couverture souvent « people » de l’actualité politique, qui aime semble-t-il résumer, simplifier au possible, sans trop s’embarrasser. Ainsi, le 19 mai dernier, Le Parisien titrait « L’épreuve du feu pour Najat » au sujet de la réforme scolaire de la ministre.

Une « tradition » des médias : appeler les femmes politiques par leur prénom. Ici, du « Rachida sans complexe » (Valeurs Actuelles, mars 2013), là, du « gouverner avec Cécile » (Charles, octobre 2014). Plusieurs explications ont été données (comme par exemple le fait que les journalistes appellent les politiques de leur prénom), mais aucune ne saurait convaincre. Plus récemment, le Huffington Post titrait « Axelle Lemaire est au gouvernement (et elle est enceinte) ». Une tournure de phrase qui suggère la surprise de voir une femme enceinte s’occuper des affaires du gouvernement.

Un certain embarras plane dans ce genre de « bévue » (le titre de l’article a été changé), mais ne saurait éclipser le fait que de telles observations sont le quotidien des intéressées. Car avant d’être sur le papier, la discrimination existe de façon patente dans le milieu politique.

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