ESPRIT DE LIBERTé

« D’innombrables phénomènes signalent notre appartenance au grand Tout » – Patrice Van Eersel

juin 19, 2025 18:21, Last Updated: juin 19, 2025 18:21
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Patrice Van Eersel est journaliste et écrivain. Il a participé au lancement du journal Libération au début des années 70, avant d’intégrer l’équipe du magazine Actuel en tant que grand reporter et chroniqueur scientifique, puis de rejoindre le magazine Nouvelles Clés (devenu CLÉS en 2010) dont il fut le rédacteur en chef.

Il est notamment l’auteur du livre La Source noire, qui s’intéressait aux expériences de mort imminente dès les années 80.

Dans son dernier ouvrage intitulé Le Soleil est-il conscient ? Élucider le mystère de la conscience (éd. Guy Trédaniel), Patrice Van Eersel interroge des scientifiques, des chercheurs, des thérapeutes, des philosophes, des enseignants spirituels et autres « témoins de l’extraordinaire » dans le cadre d’une vaste enquête destinée à « éclaircir ce qui est finalement le plus grand des mystères » : celui de la nature de la conscience.

« En dépit de toutes les recherches et découvertes les plus géniales, l’énigme de la conscience semble toujours aussi compacte. Malgré un grand siècle de percées neuropsychologiques, l’énigme reste intouchée », observe Patrice Van Eersel.

Une conscience universelle qui habite l’ensemble du cosmos

Pendant son enquête, le journaliste s’est notamment intéressé à la façon dont la perception de la conscience a progressivement évolué au fil des siècles.

« Dans toutes les cultures anciennes, la conscience habitait l’intégralité des êtres de l’univers. Les monothéistes puis les modernes l’ont progressivement réduite à une exclusivité humaine. D’universelle, elle est devenue le propre de nos cerveaux hyper-complexes – et nous sommes supposés être “seuls dans l’immensité indifférente de l’univers d’où nous avons émergé par hasard”, comme dit le credo matérialiste. Or ce monopole glacé craque de tous les côtés », confie-t-il.

Si « l’empire attribué à la conscience s’est furieusement rétréci au fil des âges », notamment en Occident, Patrice Van Eersel souligne que certains peuples comme celui des Kogis une ethnie amérindienne de Colombie restée à l’écart de la civilisation moderne – continuent de penser que la conscience n’est pas le propre de l’homme et qu’elle imprègne l’ensemble du cosmos.

« […] leur connaissance du monde autour d’eux passe énormément par des sons, des musiques, qu’ils entendent après s’être longuement concentrés sur un paysage ou sur un élément, alors que nous ne les percevons pas, ou plus. Mais eux, tout leur parle ! À les en croire, le monde est littéralement rempli de musiques – et pas seulement celles des oiseaux, qu’en l’occurrence ils savent traduire avec infiniment de nuances », explique le grand reporter et proche d’Éric Julien, géographe et fondateur de l’association Tchendukua, qui vient en aide aux peuples racines tout en favorisant le dialogue et les échanges avec l’Occident afin de « féconder les sociétés modernes par les sagesses ancestrales, au service de la Vie ».

Quand la physique quantique éclaire l’énigme de la conscience

Dans le cadre de ses recherches sur la nature de la conscience, Patrice Van Eersel relate également ses conversations avec le physicien américain David Bohm, spécialiste de la physique quantique.

« Mes rencontres avec David Bohm datent de plusieurs décennies. Si j’ai pourtant tenu à les citer, c’est qu’elles ont énormément compté pour moi, du fait des passerelles qu’elles ont jetées dans mon esprit entre ces entités souvent séparées que sont l’énergie et l’information, la science et la spiritualité, la recherche rationnelle et la compassion, la matière et la conscience », confie le journaliste.

« […] au bout de la logique quantique, toute solitude s’avère désormais partielle, voire illusoire ; il n’existe plus d’entité ni d’individu isolé ; l’univers entier est relié et se comporte comme une seule gigantesque interconnexion, cachée derrière la mosaïque infiniment morcelée des apparences », expliquera notamment David Bohm à son interlocuteur.

Et le célèbre physicien de poursuivre : « […] c’est une illusion assez grossière que de voir en chaque individu humain une réalité indépendante. À un certain niveau, nous relevons tous d’une seule et unique entité. Nous sommes liés. L’oublier, c’est s’exposer à une sérieuse confusion de tous les sens, et donc à de graves périls. »

L’interdépendance du vivant

Des propos sur l’interdépendance du vivant qui rejoignent d’ailleurs ceux recueillis par Patrice Van Eersel auprès d’un policier de Chicago ayant fait une revue de vie lors d’une Expérience de mort imminente (EMI), d’une part.

« Si j’avais fait de la peine à quelqu’un, je le ressentais, même des années après. Et si je lui avais fait du bien, je le ressentais aussi. Ce jour-là, j’ai compris pour le restant de mes jours que ce que tu fais aux autres, c’est à toi-même que tu le fais », témoignera notamment l’expérienceur.

Mais aussi ceux tenus par le cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel de la confrérie soufie Alawiyya, d’autre part : « […] nous ne sommes pas seuls, mais reliés corps et âme à toute l’humanité et plus généralement à tout l’univers. En vous comme en moi se retrouve l’humanité entière, avec l’ensemble de ses pulsions, de ses forces, de ses faiblesses, de ses beautés, de ses laideurs, de son ombre, de sa lumière. En nous se déroule donc forcément un affrontement entre nos dualités. C’est une immense bataille. »

Et le cheikh d’ajouter : « Irrésistiblement, les humains sont amenés à comprendre que derrière l’immense diversité des cultures, des traditions, des philosophies, des religions, il y a une origine commune et que celle-ci est enracinée dans le cœur de chacun. La véritable paix dépend de cette compréhension. C’est l’un des plus étonnants paradoxes. À l’intérieur de vous-même, il n’y a que vous. Mais si un seul être humain parvient à franchir une étape dans l’éveil de sa conscience, il le fait pour toute l’humanité. »

La musique des plantes et ses propriétés insoupçonnées

Si Patrice Van Eersel s’est intéressé à la nature de la conscience humaine pendant son enquête, il a également cherché à savoir si la croyance des peuples anciens en l’existence d’une conscience globale, habitant l’ensemble des êtres vivants, était fondée.

Une question qui l’a notamment amené à étudier la conscience des végétaux en se penchant sur les expériences menées dans les années 60 par Cleve Backster un agent de la CIA qui avait eu l’idée de brancher son détecteur de mensonges sur une plante ou, plus récemment, par le savant français Joël Sternheimer ainsi que par Jean et Frédérique Thoby dans les Landes.

À travers plusieurs anecdotes fascinantes, Patrice Van Eersel montre ainsi que les plantes semblent disposer d’une forme de conscience, de sensibilité ou d’intelligence qui leur permet d’entrer en résonance avec d’autres êtres vivants, voire d’influencer leur métabolisme via leur activité électromagnétique lorsque celle-ci est traduite en musique.

En témoigne notamment l’histoire extraordinaire de François Daubet, responsable d’un grand haras suisse, qui est parvenu à sauver deux chevaux promis à l’euthanasie grâce à « une cure de deux mois de “musique de fougère”, à raison de quarante-cinq minutes d’écoute par jour, chacun des deux chevaux disposant dans son box d’une fougère branchée sur une enceinte ».

Au terme de cette enquête, le journaliste en est convaincu, non seulement d’« innombrables phénomènes signalent avec force notre appartenance au Tout, au sens le plus large », mais « la nature tout entière, animale, végétale, minérale, atomique ou cosmique, rayonne d’une conscience musicale ».

Et Patrice Van Eersel de conclure : « Le regard que notre société porte sur la mystérieuse dimension que nous appelons “conscience ” évolue soudain à grande vitesse – au moins en certains lieux – et cela pourrait avoir une importance cruciale dans un monde dont l’avenir est devenu trouble, pour ne pas dire terriblement inquiétant. »

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