Vidéos de victimes de torture filmées en secret dans des prisons en Chine

Par Epoch Times
5 juin 2019 07:18 Mis à jour: 13 juillet 2019 12:28

AVERTISSEMENT : Cet article contient des images explicites d’une victime de torture.

Depuis le début de la persécution du Falun Gong en 1999, d’inquiétants récits de torture dans les camps de travaux forcés, les centres de détention et les prisons de Chine ont été rapportés. Cependant, il n’a jamais été possible de prendre des photos ou des vidéos dans ces lieux, et encore moins de les en faire sortir clandestinement.

Yu Ming, un pratiquant de Falun Gong, a changé tout cela.

Yu Ming a réussi à enregistrer secrètement des vidéos à l’intérieur du tristement célèbre camp de travaux forcés de Masanjia et de la prison de Benxi, puis de les en faire sortir en secret.

Dans la prison de Benxi, Yu Ming a utilisé des caméras cachées pour documenter la mort d’un pratiquant torturé, nommé Hu Guojian. Il a également conservé le témoignage écrit d’un autre pratiquant s’appelant Lu Yuanfeng. Voici leurs deux histoires.

Vidéo tournée en 2016 à l’hôpital central de Benxi montrant Hu Guojian dans le coma et menotté au lit :

La mort de Hu Guojian

En 2017, Yu Ming a été détenu à l’hôpital de la prison de Benxi pour avoir pratiqué le Falun Gong ; c’était sa quatrième détention. Là, il y rencontrera Hu Guojian, un autre pratiquant qui avait également été arrêté suite à la persécution.

La prison de Benxi vue de l’intérieur filmée par une caméra cachée par Yu Ming en 2017 :

Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, a été présenté pour la première fois en Chine en 1992 et s’est rapidement répandu par le bouche à oreille. Cette discipline spirituelle traditionnelle consiste à vivre selon les principes d’authenticité, de bienveillance et de tolérance (vérité-compassion-patience), et comprend cinq séries d’exercices, dont une méditation.

Hu Guojian avant la persécution. (Minghui.org)

Le chef du Parti communiste chinois de l’époque, Jiang Zemin, craignait la popularité du Falun Gong et en particulier que ses enseignements moraux traditionnels puissent être plus attrayants pour le peuple chinois que l’idéologie athée et matérialiste du Parti.

En juillet 1999, Jiang Zemin a lancé une campagne de répression à l’échelle nationale pour éradiquer cette pratique.

Une prise de vue filmée par Yu Ming montrant Hu Guojian dans son lit d’hôpital :

Hu Guojian, un pratiquant de Falun Gong âgé de 45 ans et originaire du nord-est de la Chine, a été arrêté de nouveau le 7 juillet 2015, cinq ans après avoir été libéré de dix ans d’emprisonnement. Cette fois-ci, il fut condamné à quatre ans de prison.

Le 4 mai 2016, Hu Guojian a été transféré à la prison de Benxi, où il a été soumis aux travaux forcés, privé de sommeil et de nourriture. Lorsque sa femme lui a rendu visite 19 jours plus tard, elle a constaté avec effroi qu’il avait perdu un tiers de son poids, passant de plus de 91 kg à moins de 50 kg.

Vidéo tournée en 2017 à l’hôpital de la prison de Benxi montrant Hu Guojian dans son lit d’hôpital :

Le 26 mai, Hu Guojian a été emmené aux toilettes par Wang Xingang (le détenu responsable), et Yuan Dejia et Yu Changlong (deux autres détenus). Ils ont déshabillé Hu, lui ont versé de l’eau glacée sur la tête à plusieurs reprises, puis l’ont forcé à s’asseoir sur un petit banc et ne lui ont pas permis de dormir.

Vers 22 h, Hu a perdu connaissance. Les détenus lui ont donné des coups de pied à la tête et l’ont violemment insulté.

Vidéo tournée en 2017 à l’hôpital de la prison de Benxi montrant Hu Guojian couché dans le coma :

Comme Hu Guojian restait inconscient, il a été transporté d’urgence à l’hôpital, où on lui a diagnostiqué une hémorragie cérébrale grave qui nécessitait une neurochirurgie.

Hu Guojian s’est retrouvé dans le coma, seulement 22 jours après son transfert à la prison de Benxi. Il n’a jamais repris conscience.

Après huit mois à l’hôpital, malgré son état végétatif, Hu Guojian a été ramené à la prison pour y finir sa peine.

Prison de Benxi vue de l’intérieur et enregistrée avec une caméra cachée par Yu Ming en 2017 :

C’est dans ce contexte que Yu Ming a pu filmer en secret des images de Hu Guojian couché dans son lit dans le coma.

Yu Ming a été libéré le 31 octobre 2017, après avoir purgé sa peine de 4 ans. Il a alors contacté la famille de Hu Guojian et a essayé de demander justice pour Hu, qui était toujours en prison.

Vidéo tournée le 14 mai 2018 avec une caméra cachée à l’intérieur de l’Hôpital central de Benxi, montrant un membre de la famille de Hu Guojian pleurant à ses côtés :

Tôt le matin du 14 mai 2018, les autorités de la prison ont soudainement informé la famille de Hu Guojian que ce dernier était dans un état critique et avait été amené à l’Hôpital central de Benxi.

Il était déjà midi quand la famille de Hu Guojian est arrivée à l’hôpital, accompagnée de Yu Ming. Dès leur arrivée, Yu a commencé à filmer en secret. Il comprenait l’importance de tout documenter sur vidéo.

Il y avait plus d’une douzaine de policiers sur les lieux. Finalement, ils ont découvert que Yu Ming enregistrait des vidéos.

Ils se sont mis en colère et ont immédiatement voulu confisquer la caméra cachée de Yu Ming. Comme Yu essayait de résister, ses mains ont commencé à saigner, et il a finalement dû lâcher prise.

Vidéo tournée le 14 mai 2018 avec une caméra cachée à l’intérieur de l’Hôpital central de Benxi, montrant un membre de la famille de Hu Guojian en train de pleurer :

Ce que les policiers n’ont pas découvert, c’est que Yu Ming avait en fait deux caméras cachées sur lui. Les policiers avaient trouvé et enlevé celle qui était accrochée à sa chemise, mais ils n’avaient pas remarqué la seconde caméra sur son poignet.

Quelques heures après l’arrivée de sa famille à l’hôpital, Hu Guojian est décédé, à l’âge de 48 ans.

Aujourd’hui encore, son corps est toujours congelé et stocké à la morgue. Sa famille a refusé d’incinérer le corps, estimant qu’il devrait être conservé comme preuve que sa mort a été causée par les coups reçus à la prison de Benxi. Ils veulent que justice soit faite.

Les autorités ont un jour proposé de payer 100 000 yuans, soit 13 394 €, à la famille de Hu Guojian pour « régler » cette affaire et faire incinérer la dépouille de Hu. Mais sa famille a refusé.

Yu Ming a souligné que la famille de M. Hu souffrait énormément depuis sa mort. Sa mère était tellement bouleversée que sa maladie cérébro-vasculaire s’est aggravée et elle est devenue paraplégique. Hu Guojian était étudiant à l’université. Son épouse n’a pas d’emploi à temps plein et a beaucoup de mal à subvenir aux besoins de toute la famille.

La mère du défunt Hu Guojian a été envoyée dans une maison de retraite et voulait souvent se suicider, car elle ne souhaitait pas être un tel fardeau pour l’épouse du défunt.

La mort de Lu Yuanfeng

Yu Ming a également documenté la mort de Lu Yuanfeng provoquée par la torture.

Vers la fin de l’année 2016, à l’Hôpital de la prison de Benxi, Yu Ming a rencontré Lu Yuanfeng, un agriculteur de 62 ans du village de Daxing dans la province du Liaoning.

Lu Yuanfeng avant la persécution. (Minghui.org)

Lu Yuanfeng venait d’être brutalement torturé, électrocuté avec des matraques électriques pendant 45 minutes et incarcéré en cellule d’isolement. Après que le médecin eut découvert que sa tension artérielle était dangereusement élevée, il fut envoyé à l’hôpital.

Après avoir pris connaissance de la situation de Lu Yuanfeng, M. Yu Ming lui suggéra de mettre par écrit les tortures qu’il avait subies et de déposer une plainte formelle contre ses bourreaux, ce qu’il fit.

Carte d’identité, lettre manuscrite et photo de Lu Yuanfeng :

Dans sa plainte manuscrite contre Jia Changhai, chef de la brigade d’éducation et de discipline du quartier n° 2 de la prison de Benxi, Lu Yuanfeng a écrit :

« À 10h00 le 9 novembre 2016, l’accusé Jia Changhai a ordonné au détenu Wang Kebin de m’amener au Bureau de l’éducation et de la discipline du quartier n°2. Après mon arrivée au bureau, Jia Changhai m’a demandé si je croyais toujours au Falun Gong. J’ai dit oui. Puis Jia Changhai et un autre garde de police, Niu Dai, m’ont menotté les mains derrière le dos, m’ont couché au sol et m’ont donné des chocs électriques sur le dos, le torse, la tête et les mains pendant plus de dix minutes jusqu’à ce que la batterie [de la matraque électrique] soit vide. Je souffrais de maux de cœur continus ; j’avais mal au dos. Pendant tout le processus, Niu Dai me maintenait la tête au sol avec son pied. »

Après avoir écrit la lettre de plainte, Lu Yuanfeng a cassé le stylo à bille, secoué son encre, appuyé son pouce dans l’encre et a ensuite apposé ses empreintes digitales pour que la lettre soit « légalement » et officiellement signée, selon la tradition chinoise.

En fait, ce jour-là Lu Yuanfeng a encore reçu des chocs électriques pendant encore 35 minutes jusqu’à ce que la batterie de la troisième matraque s’épuise. Après avoir finalement accepté de renoncer au Falun Gong, Jia Changhai a arrêté de le torturer. Niu Dai n’a jamais levé le pied de la tête de M. Lu pendant les 45 minutes de l’épreuve.

Lu Yuanfeng n’est resté à l’hôpital de la prison que 10 jours avant d’être ramené en prison où il a continué d’être torturé et contraint à des travaux forcés.

Le 26 août 2017, Lu Yuanfeng eut une attaque et tomba en se cassant les jambes. La prison l’envoya dans un hôpital extérieur pour une radiographie, mais le ramena sans qu’il ait d’autres soins médicaux.

Lorsque Lu Yuanfeng fut libéré le 19 novembre 2017, son état était si grave qu’il était pratiquement paralysé à cause de ses jambes cassées et sa vision était devenue mauvaise. De plus, il ne pouvait plus parler correctement.

Vingt et un jours plus tard, Lu Yuanfeng mourut chez lui, à l’âge de 63 ans.

La prison de Benxi filmée par Yu Ming avec une caméra cachée :

Alors qu’il était encore en prison, Yu Ming fit sortir en secret la lettre de plainte de Lu Yuanfeng, car il était trop risqué de la garder là. Après sa libération – 20 jours avant la libération de Lu Yuanfeng – Yu Ming réussit à récupérer la lettre. Puis il essaya de contacter la famille de Lu, pour voir si quelque chose pouvait être fait pour traduire en justice les bourreaux de Lu.

Comme il n’avait pas les coordonnées de Lu Yuanfeng, il lui a fallu beaucoup de temps pour trouver son adresse.

Quand il arriva chez Lu Yuanfeng, il découvrit que celui-ci venait de mourir.

« Je peux difficilement décrire ce que je ressentais à ce moment », a déclaré Yu Ming. « Outre ces deux décès que j’avais réussi à documenter avec des vidéos, il y avait plus d’une douzaine de pratiquants de Falun Gong autour de moi qui avaient été torturés à mort. Combien d’autres vies seront encore perdues avant que le massacre ne soit arrêté ? »

Les photos de quelques personnes tuées en Chine par le régime pour avoir pratiqué le Falun Gong. Le site Web Minghui.org, qui sert de centre d’information sur la persécution du Falun Gong, a confirmé 68 décès de pratiquants durant l’année 2018 uniquement. Toutefois, en raison du strict contrôle de l’information par le régime chinois et de la difficulté d’obtenir des informations hors de Chine, ce chiffre ne devrait représenter qu’une fraction du nombre réel de décès. (Minghui.org)

 

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