Dominique de Villepin pourrait-il venir bousculer l’élection présidentielle de 2027 ?

Par Julian Herrero
1 juillet 2025 16:37 Mis à jour: 1 juillet 2025 18:30

ANALYSE – L’ancien Premier ministre de 71 ans continue d’avancer vers la présidentielle de 2027. Dans un entretien au Parisien le 23 juin, il annonçait la création d’un nouveau parti. Celui qui a occupé les fonctions ministérielles les plus prestigieuses à l’époque de Jacques Chirac croit en sa bonne étoile. Une candidature plutôt singulière qui pourrait rebattre les cartes de la prochaine course à l’Élysée.

Pour l’heure, rien d’officiel, mais l’envie est bien là. La semaine dernière, Dominique de Villepin présentait au Parisien son nouveau parti, la France humaniste dont il sera le président d’honneur. « Tout cela est prématuré […] mais ma détermination ne fait que grandir », déclarait le principal intéressé au 20 h de France 2 le 16 juin.

Autre signe révélateur de ses ambitions présidentielles, la publication le 25 juin d’un ouvrage, Le pouvoir de dire non, aux éditions Flammarion, dans lequel il revient sur les enjeux nationaux et internationaux actuels et défend l’indépendance diplomatique de la France. Un livre qui a tout l’air d’un programme politique.

Ce n’est pas la première fois que Dominique de Villepin songe à la fonction suprême. Très critique de la politique de son rival, Nicolas Sarkozy, il annonçait déjà en 2011 sa candidature à l’élection présidentielle ayant lieu un an plus tard, avant de renoncer en raison du nombre insuffisant de parrainages récoltés.

Mais aujourd’hui, la donne semble avoir changé. Depuis le début de la guerre opposant Israël au Hamas, l’ex-Premier ministre fait la tournée des plateaux, exposant ses vues géopolitiques et bénéficiant de la bienveillance de l’opinion publique. Selon le tableau de bord des personnalités juin 2025 Ifop-Fiducial, il est la personnalité politique préférée des Français avec 54 % de « bonnes opinions ».

Un danger pour la gauche ?

Le retour sur le devant de la scène médiatique et la probable candidature de l’ancien ministre des Affaires étrangères pourrait venir bousculer les participants de l’élection présidentielle à venir, à commencer par ceux de gauche et d’extrême gauche. Il faut dire que certaines prises de position du chiraquien sont davantage de nature à séduire l’électorat de gauche que celui de droite. Ce dernier multiplie les critiques à l’encontre de la politique de Benyamin Netanyahou – au point d’appeler la France, en novembre 2024 sur BFMTV, à appliquer le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale à l’encontre du Premier ministre israélien.

Par ailleurs, Dominique de Villepin empiète également sur le terrain de la gauche sur d’autres sujets épineux, mais cette fois-ci nationaux. Il affirmait en mai, sur la même chaîne d’information en continu, que le port du voile islamique par des fillettes « n’est pas forcément le signe d’une radicalisation ». Une déclaration à rebours de la position de son ancienne famille politique, les Républicains, sur cette question.

La semaine dernière, sur France Inter, il proposait l’abrogation de la réforme des retraites de 2023, sujet très cher aux partis de gauche et d’extrême gauche, se disant plutôt favorable au système par points. « Il faut arrêter de parler d’un âge légal, 64 ans, pour se concentrer sur le respect d’un certain nombre d’années, d’un certain nombre d’annuités et donc sortir de ce traumatisme », assénait-il.

Ces différentes prises de position pourraient avoir comme conséquence la fragmentation de l’électorat de gauche en vue de 2027 dont une partie serait tentée par la candidature Villepin. Ce qui pénaliserait directement les Insoumis, les Socialistes, les Écologistes et les Communistes.

L’ancien chef de gouvernement de droite est d’ailleurs très apprécié des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Selon un sondage de Cluster 17 datant du mois de février, ils sont 58 % à avoir une opinion positive de Dominique de Villepin.

Et pour la droite ?

Il n’est paradoxalement pas exclu que sa candidature gêne également à droite. Bien que l’homme qui a dit non à la guerre d’Irak en 2003 soit aujourd’hui plus populaire auprès des sympathisants de gauche que de droite, il reste un homme politique qui a fait sa carrière à la droite du spectre politique et défendu des mesures décriées par la gauche alors qu’il était aux affaires, comme la privatisation de certaines entreprises publiques et le contrat première embauche (CPE) avant de le retirer face à la contestation massive.

Sa vision des relations internationales axée sur l’indépendance de la France est également susceptible d’attirer certains électeurs de droite d’obédience gaulliste attachés à la souveraineté et au non-alignement diplomatique.

Très critique de son ancien parti LR dont il dénonce la « dérive tragique » avec l’élection en mai de Bruno Retailleau, l’ancien homme fort du Quai d’Orsay pourrait aussi rassembler autour de sa candidature des électeurs de droite « modérés » peu favorables à la droite conservatrice portée par le ministre de l’Intérieur.

Cela étant, pour le moment, tout reste à faire pour Dominique de Villepin. Un sondage Ifop-Hexagone indiquait dernièrement qu’il n’obtiendrait que 2 % des suffrages. L’ex-Premier ministre de Jacques Chirac va donc devoir créer son espace pour exister politiquement pendant la campagne de 2027. Une tâche ardue quand on sait le nombre de personnalités politiques qui souhaitent être sur la ligne de départ dans moins de deux ans.

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