Dons d’organes : des statistiques probablement truquées par le régime chinois

Nouvelles données montrant l'existence d'un système caché de transplantations forcées

Par Frank Fang
17 novembre 2019 22:29 Mis à jour: 13 août 2020 23:54

Une nouvelle étude conclut que le régime chinois falsifie systématiquement ses statistiques sur les dons d’organes, ce qui alimente les craintes que le régime ne prélève de force des organes sur des prisonniers d’opinion.

En 2015, le régime chinois a déclaré qu’il cesserait de s’approvisionner en organes sur des prisonniers exécutés et qu’il s’appuierait exclusivement sur un système de dons volontaires nouvellement mis en place.

Mais une étude, publiée dans la revue scientifique BMC Medical Ethics le 14 novembre, dirigée par Mathew Robertson, doctorant à l’Australian National University (ANU), révèle que « les chiffres des dons d’organes fournis par Pékin ne collent pas, et il existe des preuves très convaincantes qu’ils sont falsifiés. »

Jacob Lavee, co-auteur de l’étude et professeur de chirurgie à l’Université de Tel Aviv, a déclaré à The Epoch Times par courriel qu’en appliquant des méthodes statistiques aux données officielles chinoises sur les dons, l’étude révèle que ces chiffres « sont presque exactement l’application d’une formule mathématique », une fonction quadratique.

« Lorsqu’on examine de près le nombre d’organes apparemment prélevés, on constate qu’ils correspondent à cette équation artificielle presque point par point, année après année. Ils sont trop soignés pour être vrais », déclare M. Robertson dans un communiqué de presse de l’ANU. Robertson était auparavant rédacteur de The Epoch Times.

« Ces chiffres ne semblent pas être des données réelles provenant de la réalité des dons d’organes. Ce sont des nombres générés à l’aide d’une équation », dit-il.

L’étude analyse les données officielles chinoises sur les dons volontaires d’organes dans les hôpitaux entre 2010 et 2018.

Les données utilisées dans cette étude sont celles publiées par le China Organ Transplant Response System (COTRS) et la Croix-Rouge chinoise. Le COTRS constitue la base du système de don volontaire d’organes en Chine – chaque transplantation d’organe est, censément,  attribuée uniquement par son intermédiaire. La Croix-Rouge chinoise est tenue de vérifier chaque don d’organes et d’en être témoin.

Les chercheurs ont également comparé les chiffres chinoiss avec les données de 50 autres pays de l’Observatoire mondial du don et de la transplantation, une base de données gérée par l’Organisation mondiale de la santé, et ont constaté qu’aucun des ensembles de données des autres pays ne suivait de formule mathématique prédéterminée.

« L’ensemble des données chinoises s’écarte de tous les autres pays de un à deux ordres de grandeur », constate le Pr. Lavee.

« Il ne peut y avoir d’autre explication à de tels écarts que celle de la manipulation des données », ajoute-t-il.

En outre, l’étude révèle des « anomalies majeures » dans les ensembles de données qui renforcent les soupçons de manipulation. Par exemple, sur une période de 10 jours en 2016, les données de la Croix-Rouge indiquent que 21,33 organes ont été prélevés. « Une impossibilité évidente », commente M.Robertson.

Les conclusions de l’étude ont été examinées par Sir David Spiegelhalter, ancien président de la Royal Statistical Society au Royaume-Uni.

« Les anomalies dans les données examinées[…] suivent un schéma systématique et surprenant « , déclare M. Spiegelhalter dans le communiqué de presse de l’Université.

Spiegelhalter ajoute qu’il ne voit aucune raison valable pour qu’une telle tendance quadratique se développe naturellement.

Le Pr. Lavee insiste sur l’importance des conclusions qui jettent des  » doutes sérieux «  sur les affirmations du régime chinois selon lesquelles il aurait réformé son système de transplantation d’organes au cours des dernières années.

Depuis plus d’une décennie, les chercheurs recueillent de plus en plus de preuves de prélèvements forcés d’organes à large échelle. D’après ces éléments  le régime tue des prisonniers d’opinion, dont la plupart sont des pratiquants du groupe spirituel persécuté Falun Gong, pour leurs organes et les vend sur le marché des transplantations.

Le Falun Gong, aussi connu sous le nom de Falun Dafa, consiste en un ensemble d’enseignements moraux et d’exercices méditatifs. Il est fortement réprimé depuis 1999. Ses membres sont soumis à des détentions arbitraires, au travail forcé et à la torture. Des milliers de personnes sont mortes en détention, selon le Centre d’information Falun Dafa.

Un rapport publié en 2016 par l’International Coalition to End Transplant Abuse in China a révélé que le régime chinois pratiquait environ 60 000 à 100 000 greffes chaque année, ce qui dépasse de loin le chiffre officiel de 10 000 à 20 000 par an. La conclusion était fondée sur l’analyse des dossiers publics de 712 hôpitaux chinois, incluant le nombre de lits dédiés à la transplantation, leur taux d’utilisation, le personnel chirurgical, les programmes de formation et les financements publics de ces sites.

En juin 2019, un tribunal populaire indépendant basé à Londres, après un an d’enquête, a conclu que, sans l’ombre d’un doute,  le régime chinois a prélevé de force pendant des années les organes de prisonniers d’opinion « à une échelle importante ».

Il a également constaté que les organes prélevés provenaient pour la plupart de pratiquants de Falun Gong emprisonnés.

Le tribunal était présidé par Sir Geoffrey Nice QC, qui dirigeait auparavant le procès au Tribunal pénal international de l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic.

En septembre, le conseiller juridique du tribunal, Hamid Sabi, a présenté devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (ONU) les conclusions du tribunal, déclarant à l’ONU et aux États membres qu’ils avaient une « obligation légale » d’affronter Pékin pour sa « conduite criminelle ».

En réponse aux conclusions du tribunal et à une étude récente, M. Lavee a déclaré que les organisations internationales et la communauté de la transplantation devraient « examiner en profondeur la question[des abus des transplantations en Chine] et faire tout leur possible pour mettre fin à ces atrocités « .

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