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Effets secondaires : « Il y a une sous-déclaration de 90 à 95% » – Emmanuelle Darles et Vincent Pavan

novembre 16, 2022 18:06, Last Updated: novembre 28, 2022 18:02
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Emmanuelle Darles est docteur d’État en informatique, spécialisée en simulation numérique et modélisation, et enseignante-chercheuse à l’université de Poitiers. 

Vincent Pavan est maître de conférences et chercheur en mathématiques à l’université d’Aix-Marseille. 

Les 24 et 25 septembre 2022, ils ont tous les deux participé à un colloque sur la crise sanitaire dans la région de Marseille. L’objet de ce colloque consistait notamment à proposer une analyse critique des décisions politiques prises pendant l’épidémie de covid ainsi qu’à étudier le rôle de la fraude et de la corruption dans le cadre de la crise sanitaire.

Lors de leurs interventions, Emmanuelle Darles et Vincent Pavan ont détaillé les modalités d’exercice de la corruption dans les champs informatique, mathématique et épidémiologique. 

Selon les deux universitaires, la science et les mathématiques ont en effet pu être dévoyées pour justifier la prise de mesures politiques au nom d’un impératif de santé publique dans le cadre de l’épidémie.

« Il y a une crise scientifique, une crise de l’intégrité, une crise des bonnes pratiques. Quand on affiche un résultat, quand on émet une théorie, on la prouve et on la rend reproductible. Cela n’a jamais été fait. On a par exemple imposé le passe sanitaire sur la base d’un article scientifique dont on n’avait pas le code de calcul. Vincent Pavan a démontré par la suite qu’il s’agissait d’une tromperie », souligne Emmanuelle Darles. 

Selon Vincent Pavan, l’usage frauduleux de la science et du langage mathématique par le pouvoir politique dans le cadre d’une forme de biocratie est particulièrement inquiétant. 

« La corruption de la science consiste à faire en sorte que le vrai remplace le bien dans la construction et dans la vie des individus. […] C’est quand vous imposez les lois scientifiques à la place des lois positives, des lois morales que les sociétés totalitaires arrivent », souligne l’auteur du livre Le Débat interdit.

Auteurs d’une étude critique du rapport sur les effets indésirables des vaccins produit par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) au mois de juin, Emmanuelle Darles et Vincent Pavan pointent également du doigt « un défaut de vigilance » de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et de l’Agence européenne des médicaments (EMA) dans le cadre du dispositif de pharmacovigilance passive relatif aux vaccins. 

« On sait qu’il y a une sous-déclaration des effets indésirables qui est de l’ordre de 90 à 95%. Si l’on veut avoir une estimation raisonnable des effets indésirables totaux à partir des effets indésirables remontés en pharmacovigilance passive, il faut en général multiplier les chiffres par un facteur 10 ou un facteur 20 », observe Vincent Pavan.  

« Nous avons bien compris que les chiffres distribués par l’EMA et par l’ANSM étaient sous-estimés du facteur de pharmacovigilance passif, c’est-à-dire d’un facteur 10 à 20 », relève-t-il. 

Et le mathématicien d’ajouter : « Il y a beaucoup d’interrogations sur les alertes de vigilance qui n’ont manifestement pas été produites. […] Je tiens à rappeler que l’ANSM a été condamnée dans l’affaire du Mediator, justement pour ce défaut de vigilance. Depuis, rien n’a vraiment changé. […] Il y a une faillite, je crois que nous pouvons le dire, des agences de santé, qu’il s’agisse des Centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) ou de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). »

Pour Emmanuelle Darles, il est urgent que les victimes d’effets indésirables soient reconnues, indemnisées et accompagnées : « Il faut que le doute puisse bénéficier aux patients et non aux laboratoires pharmaceutiques. L’enjeu est là aujourd’hui. »

« Très récemment, nous nous sommes aperçus que certaines déclarations de décès étaient supprimées d’une semaine à l’autre au niveau des bases de données de pharmacovigilance européenne. Nous avons aujourd’hui un delta d’à peu près 6000 décès qui manqueraient dans la base », poursuit l’universitaire. 

Au-delà des problèmes de fraude et de corruption que la crise sanitaire a permis de mettre en exergue, Vincent Pavan estime également que cet épisode révèle une société où l’humanité, la tendresse et l’empathie sont absentes, prête à laisser libre cours à toutes les formes de déchaînement de violence. 

« Où est la tendresse lorsque le président dit des non vaccinés qu’il a envie de les emmerder ? […] On prépare une forme de guerre civile, on monte les gens les uns contre les autres, on désigne les non vaccinés comme étant responsables de tous les maux. »

Et Emmanuelle Darles de conclure : « On va vers une société qui est totalement humanoïde et totalement chosifiée. Cette crise est un prélude, ce que l’on veut nous faire accepter, c’est l’homme augmenté, l’homme-machine. […] Si nous voulons nous en sortir grandis et vivants, je pense qu’il va falloir accepter notre humanité. Il va falloir accepter nos défauts, mais aussi construire une société beaucoup plus empathique où l’intelligence émotionnelle a complètement sa place. On parle beaucoup de l’intelligence, on parle beaucoup du savoir, mais la base de l’être humain, ce n’est pas tellement ses connaissances, c’est d’abord ce qu’il a en lui. »

Retrouvez l’analyse intégrale d’Emmanuelle Darles et Vincent Pavan dans la vidéo.

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