Pékin voit une opportunité dans les plans climatiques de Washington, selon un expert

Par Bill Pan et Joshua Philipp
14 août 2023 22:13 Mis à jour: 14 août 2023 22:13

Les efforts désespérés de l’administration Biden pour rallier la Chine au programme de lutte contre le changement climatique offrent au régime communiste chinois une « formidable opportunité » pour faire évoluer la situation à son avantage, a expliqué Kelly Sloan, chercheur principal en énergie et environnement au Centennial Institute.

« Il y a beaucoup de choses que la Chine veut et que les États-Unis semblent prêts à abandonner », a-t-il déclaré lors d’une interview accordée le 28 juillet à l’émission Crossroads de la chaîne EpochTV.

« Ils veulent voir ce qu’ils peuvent obtenir des États-Unis en termes de négociations commerciales, de réduction de certains contrôles à l’exportation – peut-être faire marche arrière dans les contrôles sur les importations de composants de fentanyl [la drogue devenue un véritable fléau en Amérique du Nord], dans la vente d’armes à Taïwan, dans les garanties de sécurité pour Taïwan », a-t-il précisé à l’animateur Joshua Philipp. « La Chine est prête à passer des accords. Elle considère cela comme une monnaie d’échange. »

Cette interview intervient après que John Kerry, l’envoyé spécial de Joe Biden pour le climat, s’est rendu à Pékin pour reprendre les négociations bilatérales sur le climat qui avaient été suspendues pendant près d’un an. Les rencontres avec les responsables chinois ont révélé « des points sur lesquels nous étions clairement d’accord », selon M. Kerry, mais n’ont pas abouti à un nouvel accord sur le changement climatique.

Malgré l’absence de percée, les partisans de l’agenda climatique de l’administration Biden ont célébré la réouverture de la diplomatie climatique entre les deux pays et sont restés optimistes quant à l’obtention de « résultats ambitieux et convenus », comme l’a dit John Kerry, lors du prochain sommet COP28 des Nations unies prévu en novembre-décembre 2023 à Dubaï.

Le voyage de quatre jours de M. Kerry n’a pas été bien vu par les membres républicains du Congrès américain, notamment par Michael McCaul qui préside la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.

« M. Kerry est rentré de son voyage en Chine sans rien recevoir du Parti communiste chinois (PCC), hormis des plans pour de futurs entretiens, ce qui montre une fois de plus que cette administration [de Biden] n’a aucune stratégie par rapport à la Chine », a-t-il martelé. « La diplomatie peut être efficace, mais pas à partir de la position de faiblesse. L’administration doit avoir des objectifs et des demandes clairs envers la Chine. »

Kelly Sloan partage les critiques formulées par M. McCaul, estimant que non seulement John Kerry ne s’est pas placé en position de force dans les négociations, mais que même les objectifs de ces négociations n’étaient pas très clairs.

« Le problème que j’ai constaté lors de la visite de M. Kerry à Pékin est qu’il semble partir d’une position de désespoir », a-t-il noté. « Je pense que le Parti communiste chinois s’en rend bien compte et qu’il est tout à fait disposé à en tirer profit. »

Contrairement à M. Kerry, les dirigeants du PCC ne semblent pas croire que les activités humaines modifient le climat de la Terre ou que la Chine – le plus grand pollueur et émetteur de gaz à effet de serre de la planète – a la responsabilité de contribuer à la réduction de ces changements présumés, a poursuivi M. Sloan. Quoi qu’il en soit, Pékin a clairement fait savoir qu’il ne laisserait pas l’engagement en faveur du climat entraver sa croissance et son expansion économiques.

« Ils ne feront rien qui puisse compromettre leur croissance économique. Ils doivent se lancer en force dans le 21e siècle et ils auront besoin de combustibles fossiles, d’électricité et d’énergie pour y parvenir », a-t-il expliqué.

En fait, peu après le retour de M. Kerry, le dirigeant chinois Xi Jinping a réaffirmé dans un discours que la Chine résisterait aux pressions extérieures et veillerait à ce que « la voie, la manière, le rythme et l’intensité » de la réalisation des objectifs climatiques soient « déterminés par le pays lui-même plutôt que par d’autres », a rapporté Xinhua News, l’organe de propagande du PCC.

« Ils ne vont pas sacrifier leur économie sur l’autel du changement climatique et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre », a indiqué Kelly Sloan. « Je ne vois donc pas très bien ce que M. Kerry pense pouvoir réellement obtenir, et je m’inquiète de ce que M. Kerry pourrait être prêt à abandonner en échange du peu qu’il pourrait obtenir. »

« Pour eux, cela leur donne non seulement un avantage économique, mais aussi un avantage géopolitique. Ils peuvent proposer beaucoup de choses. Il peut s’agir de la liberté de transit de la marine américaine dans le détroit de Taïwan ou dans le Pacifique Sud en général. Ils voient là une formidable occasion d’essayer d’arracher tout ce qu’ils peuvent, en particulier aux États-Unis, mais aussi à d’autres pays occidentaux. »

La tentative de l’administration Biden d’accélérer la transition vers les énergies dites renouvelables a également été éclipsée par les violations des droits de l’homme commises par la Chine. En 2021, par exemple, un rapport, suivi par d’autres, a révélé que le régime chinois recourait à l’esclavage dans la région du Xinjiang, au nord-ouest du pays, pour fabriquer des panneaux solaires ; aujourd’hui, la Chine domine la fabrication et l’approvisionnement mondial. Interrogé sur ce rapport lors du sommet COP26 tenu en 2021 à Glasgow, John Kerry a répondu que son travail consistait à « être le responsable du climat » et que cette question n’était « pas de son ressort ».

« Je pense que traiter avec la Chine et ignorer les violations des droits de l’homme en échange de quelques panneaux solaires est moralement répugnant », a commenté Kelly Sloan, ajoutant que les pays occidentaux doivent être « très réalistes » à l’avenir, lorsqu’ils tentent de conclure des accords avec le PCC.

« Ce n’est pas seulement économique. C’est stratégique. C’est géopolitique. Et nous ne pouvons pas non plus ignorer l’aspect moral », a-t-il ajouté. « Il y a une raison pour laquelle nous sommes qui nous sommes. Pas seulement aux États-Unis, mais en Occident en général. Nos accords doivent signifier quelque chose. »

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