Émeutes: la lâcheté des politiques, l’échec de l’État et l’impunité des casseurs

Par Nicolas Lecaussin
30 juin 2023 17:57 Mis à jour: 30 juin 2023 17:58

La mort du jeune Nahel est terrible, évidemment tragique. Lorsqu’un tel événement se produit, la retenue est l’attitude la plus décente, et elle n’empêche pas la compassion.

Il faut cependant, toutes les règles de la justice, de la démocratie, de l’équité, le commandent, laisser les enquêteurs travailler et rendre leurs conclusions. Mais nos politiques semblent ne pas connaître ces mots, « retenue », « décence ». Ils sont dans l’instant entrés en ébullition, dégainant avis, condamnations, voire prises de position.

Le président de la République n’a pas raté l’occasion de se mettre en avant. Alors que lui, qui n’est ni juge, ni policier, aurait dû donner l’exemple de la réserve et laisser parler son ministre de l’Intérieur, dont c’est le rôle, il a au contraire jeté de l’huile sur le feu : « Rien, rien ne justifie la mort d’un jeune », a-t-il dit en évoquant « l’émotion de la nation toute entière » et assurant « respect et affection » à la famille de Nahel. « Il faut que la vérité soit faite dans les meilleurs délais et que nous soyons tous informés et que la justice passe. » C’est la moindre des choses et il ne devrait pas avoir à le dire, les institutions sont là pour faire ce travail. Ce n’est pas non plus à l’Assemblée de se recueillir « en mémoire de Nahel, en soutien à ses parents et à ses proches ». Rien d’étonnant à ce que ce battage déplacé excite les émeutiers des banlieues : puisque l’indignation s’exprime à tous les étages, pas de raison qu’ils n’y participent pas, eux aussi ; avec leurs moyens bien connus : la violence, les hurlements, les saccages, les pillages. D’ailleurs c’est devenu un rituel, à chaque événement dans lequel est impliqué un jeune de banlieue qui se termine mal : grand émoi dans les hautes sphères, débordements de reportages dans les médias, mobilisation ultra-rapide des casseurs.

Pourtant, ni l’indignation ni les larmes de crocodile ne font revenir le calme, nous avons maintes fois eu l’occasion de le constater. Pas plus que l’argent déversé dans les quartiers sensibles. Au projet de loi de finances pour 2023, tel que recensé par le document de politique transversale annexé au budget (aussi appelés « oranges »), les coûts annuels de la politique de la ville atteignent 37 Mds€. Cette politique de la ville, selon le PLF 2023, a pour objectif de réduire les écarts de développement entre les quartiers urbains défavorisés et les autres territoires et d’améliorer les conditions de vie des habitants de ces quartiers. Touchant 5,4 millions d’habitants, dont 15% sont des jeunes, la politique de la ville concerne 1514 quartiers répartis dans 859 communes, en métropole et dans les Outre-mer, qui concentrent des difficultés économiques et sociales importantes (chômage, pauvreté, insécurité, enclavement, etc.). Elle est conduite par l’État en partenariat avec les collectivités territoriales et de nombreux acteurs socio-économiques, particulièrement à l’échelon local. Avec quels résultats ?

Il faut que les politiques comprennent que l’argent ne fait pas tout et que le chantier est beaucoup plus complexe qu’ils ne le pensent. Tant que l’État de droit ne sera pas respecté, n’importe quel incident, a fortiori accident, dans les banlieues, déclenchera des violences.

Article écrit par Nicolas Lecaussin. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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