Le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz, tout juste élu dans la douleur, et Emmanuel Macron ont affiché mercredi à Paris leur volonté de « répondre ensemble aux défis que l’Europe affronte » en donnant un « nouveau départ » à la relation bilatérale.
« Nous souhaitons que l’action se construise systématiquement ensemble. Nous voulons répondre ensemble aux défis que l’Europe affronte », a lancé le président français, appelant à relancer le « réflexe franco-allemand » après quatre années souvent compliquées avec le social-démocrate Olaf Scholz.
La promesse d’un élan et une même exigence : faire avancer l’Europe. À nous de réussir. Bienvenue à Paris, @Bundeskanzler ! pic.twitter.com/jYE2qPpi7k
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 7, 2025
« Nous avons convenu d’un nouveau départ pour l’Europe », a renchéri Friedrich Merz lors d’une conférence de presse commune à l’Élysée, soulignant que le partenariat franco-allemand n’était pas toujours « évident ».
Friedrich Merz est aussi arrivé à Paris, première étape traditionnelle d’un nouveau dirigeant allemand à l’étranger, avec l’ambition de redonner tout son poids à l’Allemagne en Europe, après plusieurs années de retrait.
« Nous avons une responsabilité particulière pour l’Europe. Nous allons oeuvrer ensemble pour un meilleur avenir commun », a-t-il martelé, promettant des « impulsions décisives » pour la construction européenne.
Paris fonde de grands espoirs dans Friedrich Merz, qui parle ouvertement de renforcer la souveraineté européenne, y compris militaire.
Souveraineté économique
Emmanuel Macron et Friedrich Merz considèrent la prospérité comme une condition sine qua non de la souveraineté, selon la tribune publiée et reprise par Le Figaro. « Pour réduire les coûts de l’énergie et garantir la sécurité d’approvisionnement, la France et l’Allemagne mettront en œuvre un réalignement de leurs politiques énergétiques, fondées sur la neutralité climatique, la compétitivité et la souveraineté », écrivent-ils.
Ils veulent « également alléger de toute urgence les charges administratives dans l’UE, qui étouffent la croissance, en procédant à un passage en revue de l’ensemble des règles européennes ».
Cela s’accompagnera d’efforts sur « les investissements, la recherche, l’innovation, les partenariats et les effets d’échelle dans les secteurs clés où l’UE doit conserver un avantage concurrentiel, notamment l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, l’énergie et les technologies propres, les biotechnologies, l’espace, les semi-conducteurs et la défense ».

Confronté « à une concurrence mondiale plus rude », « l’engagement continu en faveur d’un commerce ouvert, équitable » est prôné mais assorti de « règles ». Pour des relations économiques mutuellement bénéfiques, « il faut que les conditions de concurrence soient véritablement équitables ». Avec les États-Unis, cela pourrait se concrétiser par « un agenda commercial et d’investissement qui soit mutuellement bénéfique ».
Ils souhaitent mettre en place « une politique de sécurité économique efficace au sein de l’UE ». En particulier vis-à-vis de la Chine, une approche commune sera adopté pour les « évaluations de sécurité stratégique ».
Guerre en l’Ukraine
Sur les questions de défense et l’Ukraine, l’hostilité affichée par Donald Trump et son administration à l’égard de l’Europe, et les doutes sur le soutien militaire américain, ont fait bouger les lignes en Allemagne.
Concernant la participation allemande à une éventuelle force de réassurance européenne en Ukraine ou à d’autres garanties de sécurité, le chancelier a toutefois conditionné tout engagement à « un accord de paix » et à une participation américaine au « processus ».

« La guerre en Ukraine ne prendra pas fin sans encore plus d’engagement politique et militaire des États-Unis, les Européens ne peuvent pas s’y substituer », a-t-il estimé. Un futur cessez-le-feu « devrait être garanti par une participation des États-Unis », a-t-il martelé alors que Donald Trump n’avance à cette heure aucun engagement en ce sens.
« Nous adopterons également une approche concertée concernant la Russie et la menace systémique que celle-ci représente pour la sécurité européenne », conviennent également les deux chefs d’États.
Dissuasion nucléaire
Le nouveau chancelier a par ailleurs confirmé vouloir engager des discussions avec Paris et Londres, les deux seules puissances nucléaires en Europe, sur la dissuasion nucléaire.
Il s’était déjà dit favorable à l’idée de placer son pays – dépendant jusqu’ici de la protection nucléaire américaine – sous le parapluie français et britannique. Ce qui constitue une rupture énorme avec la tradition atlantiste germanique.
« Nous allons donner mandat à nos ministres respectifs d’entamer cette discussion », mais « pas pour se substituer aux garanties offertes par les Etats-Unis », a-t-il toutefois souligné.
« Renforcer » le conseil de défense franco-allemand
Les deux dirigeants ont également indiqué vouloir « renforcer » le conseil de défense et de sécurité franco-allemand pour apporter des « réponses opérationnelles » concrètes aux défis stratégiques communs.
Un conseil des ministres franco-allemand devrait aussi dès l’été concrétiser la volonté de relance tous azimuts de la coopération et la coordination bilatérales.
D’autres divergences ne devraient cependant pas disparaître du jour au lendemain.
Mercosur, un point de divergence
Friedrich Merz, dont le pays est fortement exportateur, a demandé aux États de l’Union européenne de ratifier « rapidement » l’accord de libre échange entre l’UE et des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay), auquel la France s’oppose, craignant une fronde agricole.
« On trouvera des accords qui permettent la juste préservation des conditions de travail, l’équité pour nos producteurs », a répondu le président français.

Autre point de divergence, Berlin a certes assoupli en mars sa règle du « frein à l’endettement », qui limite la capacité d’emprunt du pays pour les dépenses militaires et pour les régions, mais elle n’est pas prête à donner son feu vert à des euro-obligations, promues par Paris.
Friedrich Merz se rendra dans la foulée mercredi à Varsovie, où il espère aussi relancer des relations en souffrance, puis à Bruxelles vendredi.
L’élection mardi aux forceps du nouveau chancelier allemand par les députés du Bundestag, après deux tours de scrutin alors qu’il devait s’agir d’une formalité, inquiète. Car elle a révélé au grand jour la fragilité politique du dirigeant conservateur et de sa coalition avec les sociaux-démocrates, sur qui toute l’Europe compte pour remettre l’Allemagne au centre du jeu après des années de surplace sous l’ère Olaf Scholz et six mois de crise politique intérieure.
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