En France, la récolte du jasmin bat son plein pour les 100 ans du Chanel N°5

Par Epoch Times avec AFP
27 août 2021 13:30 Mis à jour: 27 août 2021 13:32

La cueillette du jasmin bat son plein en France près de Grasse, entre Alpes et Méditerranée, pour le parfum Chanel le plus vendu au monde, le mythique N°5, qui fête ses 100 ans cette année.

Cultivée désormais sur moins d’une douzaine d’exploitations autour de cette ville, berceau historique de la parfumerie, la petite fleur blanche – Jasminum Grandiflorum pour les botanistes- éclot la nuit et se ramasse le matin.

8.000 à 10.000 fleurs pour un kilo 

Un labeur éprouvant effectué à 90% par des femmes, courbées ou accroupies sous le soleil entre les rangées d’arbustes, exclusivement à la main et d’un geste répété des milliers et des milliers de fois puisqu’il faut 8.000 à 10.000 fleurs pour faire un kilo à la pesée en fin de matinée.

« Le jasmin, c’est plus délicat, plus long », avoue Colette Mul, 50 ans, dont la famille cultive des plantes à parfum depuis 1840, en exclusivité pour la maison Chanel depuis 1987, sur 20 hectares en passe de s’agrandir.

Des ouvrières ramassent des fleurs de jasmin, utilisées pour le parfum Chanel N°5, à Pégomas, dans le sud-est de la France, le 26 août 2021. Photo de Valery HACHE / AFP via Getty Images.

Des saisonniers, 40 à 45 personnes, « reviennent chaque année »

La récolte de jasmin s’étale de juillet à octobre et le noyau dur des saisonniers, 40 à 45 personnes, « revient chaque année », dit-elle, complété par des familles bulgares pour qui la rémunération est attractive, avec un salaire minimum français (Smic) valant quatre fois celui en cours dans leur pays, plus des primes de rendement.

« C’est de la patience, de la dextérité, de la souplesse », complète le mari de Colette, Fabrice, 56 ans. La fleur, dit-il, est si légère: « Tenez, mettez-la dans la main, vous ne la sentez même pas ».

Il caresse un arbuste de la main: « On peut voir tous les stades de maturité des boutons. Les bourgeons sont rouges, ils éclosent blancs. Ceux qu’on va cueillir dans quinze jours ne sont pas encore formés ».

-A Pégomas, dans le sud-est de la France, le 26 août 2021 des fleurs de jasmin sont utilisées pour le parfum Chanel N°5, après avoir été ramassées. Photo Valery HACHE / AFP via Getty Images.

Sous ses pieds, l’irrigation souterraine au goutte-à-goutte permet une économie d’eau de 20%. Au loin, se dessine le massif du Tanneron où des plantations d’eucalyptus peignent un somptueux camaïeu de verts.

L’usine est à la sortie de la propriété, avec ses cuves en inox où les centaines de molécules composant l’odeur du jasmin sont extraites en plongeant les fleurs, sans les tasser, dans des bains successifs d’isohexane, un solvant chimique non cancérogène pour ceux qui le manipulent et qui a remplacé l’hexane il y a trois ans.

Si Grasse a préservé ses savoirs- faire, classés depuis 2018 au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, sa production annuelle de jasmin, en perdition dans les années 1980, se limite à 13 tonnes, la majeure partie produite par Mul pour Chanel.

Le N°5  le best-seller de Chanel

Le jasmin de Grasse reste cependant « probablement l’ingrédient le plus important du N°5 », affirme Olivier Polge, le « nez » de Chanel.

Il « nous a donné énormément de travail car il a été un peu en danger », ajoute le parfumeur qui ne l’utilise que dans l’extrait de N°5, à savoir « la formule la plus concentrée, la plus haut de gamme et qui est l’identité du parfum », mais pas dans l’eau de toilette.

Le parfumeur maison français de Chanel Olivier Polge  à Pegomas, dans le sud-est de la France, le 26 août 2021. – Le parfum N°5 de Chanel célèbre son 100e anniversaire en 2021. Photo de Valery HACHE / AFP via Getty Images.

Né en 1921 et novateur avec sa grammaire olfactive abstraite de 80 ingrédients, ne rappelant aucune fleur en particulier, le N°5 est le best-seller de Chanel, aux côtés des deux créations récentes, Coco Mademoiselle et Chance.

Le jasmin tapissait la campagne de Grasse

« Ca a été le premier parfum couturier avec cette idée de Gabrielle Chanel que le parfum pouvait être l’expression de son style », reprend Olivier Polge.

A l’époque, le jasmin tapissait la campagne de Grasse qui comptait assez de bras prêts à se louer pour cette cueillette devenue l’apanage de pays à bas coût de main d’œuvre. L’Egypte et l’Inde, où Chanel se fournit aussi, assurent aujourd’hui 95% du tonnage mondial.

Un ouvrier prépare des fleurs de jasmin pour l’extraction du parfum à Pégomas, dans le sud-est de la France, le 26 août 2021. -Photo de Valery HACHE / AFP via Getty Images.

Sur le nombre de flacons vendus, le prix payé au kilo, « on est peu loquace », confesse la directrice du service de presse de Chanel, Sophie Verges.

Plusieurs fois par an, elle entraîne des journalistes du monde entier, quelques influenceurs aussi parfois, dans ce décor champêtre où Chanel peut se vanter de tout faire sur place, de la fleur au flacon d’absolu.

« Dix minutes après la pesée, c’est chargé dans l’extracteur ce qui évite une oxydation et une perte de matière odorante, dit Mme Verges, ça permet aussi à notre parfumeur d’intervenir, un peu comme un peintre qui produirait sa propre palette de couleurs ».

 

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