EUROPE

Extradition de Julian Assange: la justice britannique réclame de nouvelles garanties aux États-Unis

mars 26, 2024 16:45, Last Updated: mars 26, 2024 18:14
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La justice britannique a demandé mardi aux États-Unis de nouvelles garanties quant au traitement qui serait réservé à Julian Assange, sous peine d’accorder au fondateur de Wikileaks un dernier recours au Royaume-Uni contre son extradition.

Les juges de la Haute Cour de Londres ont donné un délai de trois semaines aux autorités américaines, qui veulent juger l’Australien de 52 ans pour une fuite massive de documents confidentiels. Ils veulent s’assurer qu’aux États-Unis, Julian Assange pourra bénéficier du premier amendement de la Constitution américaine qui protège la liberté d’expression, et qu’il ne sera pas condamné à la peine de mort, selon un résumé du jugement.

« Si ces assurances ne sont pas fournies » dans ce délai, Julian Assange pourra faire appel de la décision de l’extrader, accordée en juin 2022 par le gouvernement britannique, ont décidé les juges Victoria Sharp et Jeremy Johnson.

Si elle le sont, une nouvelle audience se tiendra le 20 mai avant que les juges ne décident si ces garanties sont satisfaisantes, pour décider si Julian Assange peut ou non bénéficier d’un dernier recours au Royaume-Uni, dans une affaire devenue un symbole des menaces contre la liberté de la presse.

Une décision « incroyable »

Les soutiens de Julian Assange avaient en tout état de cause prévenu qu’il saisirait en cas de défaite la Cour européenne des droits de l’Homme dans l’espoir de faire suspendre l’extradition. Julian Assange risque jusqu’à 175 ans de prison pour avoir publié à partir de 2010 plus de 700.000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi eux figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l’agence Reuters, tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.

Son épouse Stella Assange a jugé « incroyable » la décision rendue mardi, qui selon elle revient à solliciter « une intervention politique des États-Unis ». « Prisonnier politique », le fondateur de Wikileaks est « persécuté parce qu’il a révélé le vrai coût de la guerre en termes de vies humaines », a-t-elle ajouté devant la Haute Cour.

De nombreuses voix ont exhorté le Président américain Joe Biden à abandonner les 18 chefs d’accusation retenus contre M. Assange durant le premier mandat de Donald Trump, en vertu d’une loi de 1917 sur l’espionnage. Amnesty international a par la voix de son conseiller juridique Simon Crowther, estimé que les garanties demandées sont « viciées » et que celles qui ont été apportées jusqu’à présent sont pleines de « failles ». Rebecca Vincent, directrice de campagne chez Reporters sans frontières, à quant à elle vu dans la décision de mardi « un espoir final » de justice au Royaume-Uni.

Un risque de suicide

Ces dernières semaines, les proches de Julian Assange, détenu depuis cinq ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres, ont alerté sur la dégradation de son état de santé. Sa défense met également en avant un risque de suicide en cas d’extradition. Souffrant, il était absent des deux jours d’audience en février, où les avocats de Julian Assange avaient plaidé qu’une extradition mettrait sa santé et même sa vie en danger et que ces poursuites contre lui étaient « politiques », un argument écarté par les juges mardi.

L’Australien est poursuivi pour des « pratiques journalistiques ordinaires » consistant à « obtenir et publier des informations », avait fait valoir son avocat Edward Fitzgerald. L’avocate Clair Dobbin, qui représente le gouvernement américain, avait de son côté fait valoir que M. Assange avait « publié sans discernement et en connaissance de cause les noms d’individus qui ont servi de sources d’information pour les États-Unis ».

En janvier 2021, la justice britannique avait initialement tranché en faveur du fondateur de WikiLeaks. Invoquant un risque de suicide, la juge Vanessa Baraitser avait refusé de donner son feu vert à l’extradition. Mais cette décision a ensuite été infirmée.

Pour tenter de rassurer sur le traitement qui lui serait infligé, les États-Unis ont depuis affirmé qu’il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence (Colorado), surnommée l’« Alcatraz des Rocheuses », et qu’il recevrait les soins cliniques et psychologiques nécessaires. Les Américains avaient aussi évoqué la possibilité qu’il puisse demander à purger sa peine en Australie.

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