Facebook mène une course contre la montre pour que son métavers soit un succès

Par Petr Svab
3 décembre 2022 22:09 Mis à jour: 11 décembre 2022 13:22

Meta, anciennement connu sous le nom de Facebook, mise son avenir sur le succès de sa plateforme de réalité virtuelle. Mais ce projet perd trop d’argent et on ne sait combien de temps l’entreprise pourra le maintenir en vie.

Il y a environ un an, Meta était au cinquième rang des sociétés cotées en bourse les plus importantes au monde, derrière Apple, Microsoft, Alphabet et Amazon. Désormais, la société est à la 25e place, derrière Home Depot.

Meta a vu sa santé financière décliner dans tous les domaines. Les revenus ont chuté de plus de 4% au troisième trimestre, d’une année sur l’autre. Les dépenses administratives ont augmenté, tandis que les bénéfices ont été divisés par deux.

La société a reconnu qu’elle avait trop recruté ces dernières années, annonçant le licenciement de 11.000 employés et un gel des embauches jusqu’en mars.

Mais le facteur le plus important semble être le gouffre financier créé par la division de réalité virtuelle de Meta, Reality Labs, qui a accumulé une perte d’exploitation de plus de 21 milliards de dollars au cours des deux dernières années, dont plus de 3,6 milliards de dollars pour le seul troisième trimestre de l’année 2022 (pdf).

Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, a déclaré aux investisseurs qu’il s’attendait à ce que ces pertes continuent de s’accumuler. La société prévoit qu’il faudra des années pour que les efforts déployés pour la réalité virtuelle aboutissent.

« J’apprécie la patience. Et je pense que ceux qui sont patients et investissent avec nous finiront par être récompensés », a déclaré Mark Zuckerberg lors de la conférence téléphonique consacrée aux résultats du troisième trimestre (pdf).

Reste à savoir si Meta pourra se maintenir à flot en attendant d’être payée, si cela arrive.

Le modèle économique de Meta repose en grande partie sur une exploitation lucrative des informations recueillies auprès des utilisateurs sur ses plateformes Facebook et Instagram – en leur proposant des publicités ciblées. Sa collecte d’informations a toutefois été considérablement limitée par une nouvelle fonctionnalité du système d’exploitation d’Apple qui permet désormais aux utilisateurs de bloquer facilement les applications téléphoniques qui surveillent leur activité.

Parallèlement, les jeunes utilisateurs ont été davantage attirés par les plateformes de vidéos courtes telles que TikTok. Ce n’est que l’année dernière que Meta a commencé à rattraper son retard avec sa fonction « Facebook Reels », une copie apparente de TikTok.

Si le nombre d’utilisateurs de Facebook a continué d’augmenter, la croissance provient des marchés non américains, où Meta n’est en mesure de saisir qu’une fraction des recettes publicitaires par utilisateur dont elle bénéficie en Amérique du Nord.

L’entreprise a tenté de se réinventer, en changeant l’année dernière son nom de Facebook en Meta et en se concentrant principalement sur la division de réalité virtuelle, ayant lancé la production du matériel de réalité virtuel de Meta, casques et contrôleurs VR, ainsi que des applications et de l’espace virtuel, le « métavers ».

Zuckerberg a fait la promotion du métavers avec enthousiasme, affirmant qu’à l’avenir, une grande partie du travail et des loisirs se dérouleront dans son monde virtuel. Il s’est engagé à investir 150 milliards de dollars sur une décennie dans ce projet.

À ce jour, cependant, les résultats sont mitigés.

Les casques VR de Meta ont bénéficié de critiques très positives et se sont bien vendus. Quelque 6 à 7 millions de casques Quest 2 ont été expédiés l’année dernière et se vendent actuellement aux alentours de 400 dollars la pièce. Le dernier né, le Quest Pro, offre des graphismes et des contrôles améliorés, mais pour environ 1500 dollars.

En revanche, la plateforme d’environnement virtuel de Meta, appelée Horizon Worlds, a reçu un accueil froid, voire a été tourné en dérision. Meta revendique quelque 200.000 utilisateurs actifs mensuels, soit moins de la moitié de ce qui était attendu pour cette fin de l’année. Les vidéos en ligne montrent des graphismes simplistes et des « mondes » soit vides, soit peuplés d’une poignée d’utilisateurs.

Le fait que les avatars contrôlés par les utilisateurs pour interagir avec l’environnement et leurs partenaires n’aient pas de jambes constitue la critique la plus fréquente. Zuckerberg a promis de nouveaux avatars avec des jambes « plus tard l’année prochaine ».

Selon les utilisateurs, ce monde virtuel ne les aide pas suffisamment à comprendre ce qu’ils doivent y faire.

Certains éléments indiquent que Meta pourrait transformer son métavers en une sorte de bureaux. Meta a conclu un partenariat avec Microsoft pour assurer l’intégration de ses applications Office dans le monde virtuel. De plus, le nouveau casque extrêmement couteux de Meta est conçu pour permettre aux utilisateurs de créer un espace de travail fonctionnel dans l’environnement virtuel, avec des écrans flottants et des réunions d’avatar à avatar entre collègues de travail.

Pour certains, le bureau virtuel est un plaisir. D’autres doutent de l’appétit des travailleurs pour davantage de réunions virtuelles après plusieurs années de visioconférences organisées pendant les périodes de confinements Covid-19.

Toutefois, en se concentrant sur l’espace de travail virtuel, Meta pourrait cibler une commercialisation directe auprès des entreprises. Ainsi, Meta pourrait accroître sa base d’utilisateurs grâce aux contrats conclus avec les employeurs.

Déplacer le secteur du travail vers le métavers présente encore plusieurs obstacles.

La majorité des utilisateurs de réalité virtuelle éprouvent une sorte de nausée après avoir passé un certain temps à porter le casque. Les femmes et les personnes âgées semblent plus sensibles. Ce malaise semble s’atténuer au fur et à mesure du temps, mais pour beaucoup, il persiste, à en croire les études.

Ensuite, se posent les problèmes de confidentialité.

Les casques et les contrôleurs VR utilisent plusieurs caméras pour scanner le visage, le corps et l’environnement de l’utilisateur, ce qui permet au système de recueillir un trésor de données extrêmement personnelles, jusqu’au suivi du mouvement des yeux. Il n’est pas encore possible de savoir jusqu’où ce type de données pourrait conduire pour prédire ou même influencer le comportement de l’utilisateur.

Certains utilisateurs ont exprimé leur inquiétude quant à la transmission de ces données à Meta, d’autant plus que l’entreprise peine notoirement à respecter la vie privée des utilisateurs. La société s’est excusée à plusieurs reprises pour sa gestion des problèmes de confidentialité.

Si Mark Zuckerberg semble pleinement engagé dans cet effort, il doit encore satisfaire les investisseurs en cours de route.

Alors que l’économie se prépare à une récession, Meta pourrait voir ses revenus publicitaires diminuer, ce qui rendra plus difficile de convaincre les actionnaires à injecter des milliards dans le métavers. Cependant, Zuckerberg semble convaincu qu’il n’a besoin que d’un peu plus de temps, ce qui risque d’être la chose qui lui manquera cruellement.

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