Parmi les opposants à la proposition de loi relative à la fin de vie, examinée par les députés jusqu’au 27 mai 2025, se trouvent des élus, des associations diverses, un collectif de psychologues, des religieux, des soignants et même l’Académie de Médecine.
« J’attends des soins, pas l’euthanasie ! » est le slogan de la nouvelle campagne d’Alliance Vita, une association qui défend la dignité de toute vie humaine, fondée au moment des premières lois de bioéthiques dans les années 1990.
L’association a organisé le 12 mai une opération aux images marquantes. Dans une cinquantaine de villes, des militants en blouse se sont allongés par terre, symbolisant des hôpitaux de fortune pour alerter contre le manque d’accès aux soins et les dangers de la légalisation de l’euthanasie.
Aujourd’hui,
des happenings ont lieu dans une cinquantaine de villes en France pour réclamer des soins et refuser l’euthanasie.
Ici, à Paris la mobilisation commence #DesSoinsPasLeuthanasie pic.twitter.com/nLmGjnCwxK— Alliance VITA (@allianceVITA) May 12, 2025
« Oui à une loi développant les soins palliatifs. Non à une loi légalisant euthanasie et suicide assisté déguisés derrière le masque trompeur de l’aide à mourir », a affirmé le porte-parole d’Alliance VITA, Tugdual Derville, dans un communiqué. « Soigner, c’est aider à vivre, jusqu’au terme de la vie, c’est soulager et apaiser, sans acharnement thérapeutique ni euthanasie. »
Alliance Vita n’est pas la seule à alerter sur les dangers de l’euthanasie et du suicide assisté, chacun le faisant à sa manière.
« Plutôt que de soigner, on nous suggère d’accélérer la fin », a déclaré Jordan Bardella dans le JDD le 4 mai. « Une société qui n’a plus les moyens d’accompagner la vie jusqu’à son terme ne se grandit pas en légalisant la mort comme une solution par défaut. »
Quelques jours plus tard, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a indiqué à nos confrères du JDD à propos du texte étudié par les députés : « S’il était voté en l’état, il deviendrait plus facile de demander la mort que d’être soigné ».
Philippe Juvin, député des Hauts-de-Seine, également professeur de médecine et chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, a expliqué qu’ « une loi sur la mort ne peut reposer sur des notions floues et des critères subjectifs ». Il ajoute que le texte « ouvre la porte à de multiples interprétations et présente le risque de prendre le chemin d’une pente glissante menant à une société dans laquelle on invite les gens au suicide ».
🏛️ L’interdit de donner la mort est un principe absolu. Il ne peut y avoir d’exception à un principe absolu.
Merci de votre fermeté, @PhilippeJuvin. #FinDeVie #Euthanasie #DirectAN #SuicideAssisté pic.twitter.com/sSIoNjzakd
— Le Syndicat de la Famille (@SyndicatFamille) May 13, 2025
Des associations qui se positionnent contre le projet de loi
Un certain nombre d’associations se sont positionnées afin d’alerter les parlementaires contre les dérives possibles d’une loi légalisant l’euthanasie et le suicide assisté, chacune avançant un grand nombre d’arguments.
Selon le site Aleteia qui en répertorie quelques-unes, on y trouve plusieurs associations de soignants et même l’Académie de Médecine, qui a rappelé dans un communiqué du 6 mai dernier sa position de juin 2023 : « écarter l’euthanasie au regard de sa forte portée morale et symbolique, mais aussi du fait que les professionnels et membres des associations de l’accompagnement en fin de vie s’y opposent et redoutent cette pratique ».
Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) s’inquiète du fait de légiférer maintenant, ce qui ne devrait être fait que lorsque « l’assurance de moyens de subsistance et de soins décents seraient acquise à long terme pour tous ». Ce n’est pas le cas en 2025.
Du côté du collectif de psychologues L’Appel des psys, il affirme que « valider la mort comme réponse à cette souffrance psychique, c’est trahir nos patients ». Le collectif précise également : « Nous, psychologues, psychiatres et psychothérapeutes, refusons de devenir les témoins impuissants d’un système qui renonce à soigner, à accompagner; qui abandonne en somme », et conclut : « Nous disons non. Sans compromis. »
En tant qu’association regroupant les principaux acteurs de soins palliatifs, la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (SFAP) estime que la proposition de loi « souffre de nombreuses lacunes procédurales et cliniques » et « ouvre la voie à des pratiques à haut risque éthique et humain ».
Le débat sur le texte concernant ‘la fin de vie’, qui vise à légaliser l’euthanasie et le suicide assisté, a commencé hier soir en séance publique à l’Assemblée nationale. Ce texte a été largement remanié en commission, et voici les principaux éléments issus de ces modifications,… pic.twitter.com/AXFnDCPemR
— SFAP SoinsPalliatifs (@asso_SFAP) May 17, 2025
Les personnes handicapées à risque
La Fondation Jérôme Lejeune, qui œuvre dans la recherche et les soins pour la trisomie 21 et autres déficiences intellectuelles génétiques, dénonce le fait que la commission des affaires sociales a refusé de protéger les personnes porteuses de déficience intellectuelle dans le cadre de la proposition de loi sur la fin de vie. « Les premières victimes du texte seront les personnes vulnérables, et notamment les personnes porteuses d’un handicap mental », s’inquiète le président de l’association, Jean-Marie Le Méné.
D’autres associations de personnes handicapées telles que les Dévalideuses, le CLHEE ou Handi-Social, comptent parmi les opposants au projet de loi discuté à l’Assemblée nationale.
Pour Elisa Rojas, avocate française spécialisée dans les droits des femmes et des personnes handicapées et elle-même en situation de handicap, « le texte est dangereux (…), car il met en danger la vie des personnes dont le pronostic vital n’est pas engagé à court terme, c’est-à-dire une multitude de personnes malades et/ou handicapées ». L’avocate explique à l’hebdomadaire La Vie que « le risque majeur est de voir des personnes malades et handicapées dirigées vers le suicide assisté et l’euthanasie non parce qu’elles veulent mourir, mais parce qu’elles n’ont plus les moyens de se soigner et de vivre ».
Un collectif de 575 juristes alerte sur les risques de dérive si la proposition de loi sur l’aide à mourir devait être votée le 27 mai. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, ils écrivent qu’ « il est de notre devoir d’alerter nos concitoyens devant l’ouverture de cette ‘aide à mourir’, dangereuse à tous égards et porteuse d’abus ».
Des religieux se positionnent
Les représentants des principales religions pratiquées en France (catholique, musulmane, protestante, orthodoxe, juive et bouddhiste) ont de leur côté appelé à une vigilance éthique dans une tribune de la Conférence des responsables de cultes de France. « Légaliser la mort administrée ne sera pas un progrès, mais une régression éthique, sociale et médicale », expliquent les religieux.
Sur les réseaux sociaux ou en s’adressant aux députés, des évêques ont aussi pris une position claire.
« Comme l’histoire nous l’a maintes fois montré, ouvrir des brèches dans l’interdit de tuer ou banaliser la mort provoquée favorise l’expansion de la violence et encourage une culture de l’indifférence », a déclaré le 12 mai Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, s’adressant aux députés et souhaitant qu’ils aient « le courage d’aller à contre-courant ».
Sur X, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et actuel Président de la Conférence des évêques de France s’est adressé directement à Emmanuel Macron : « Non, Monsieur le Président, le choix de faire mourir et d’aider à se tuer n’est pas celui du moindre mal. C’est celui de la mort tout court ».
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