G20 – Les principaux dirigeants, dans quel contexte arrivent-ils au sommet?

28 novembre 2018 10:45 Mis à jour: 28 novembre 2018 10:48

Contrairement au précédent G20 organisé en 2017 à Hambourg, la chancelière allemande Angela Merkel, en fin de cycle politique, se présentera nettement affaiblie sur la scène internationale. Avec une croissance du PIB attendue de 1,8% en 2018 et 2019 et un taux de chômage historiquement bas (5%), Berlin se porte économiquement bien en grande partie grâce à ses importants excédents commerciaux. Consciente que son économie repose en partie sur l’export, la chancelière, qui s’oppose à toutes mesures protectionnistes pouvant mettre à mal le libre-échange, devrait à nouveau défendre le multilatéralisme à Buenos Aires.

Mohammed ben Salmane dit « MBS », arrive au G20 précédé par le scandale de la mort du journaliste Jamal Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul, qui a fait pâlir son étoile internationale. L’ONG Human Rights Watch a demandé à l’Argentine de poursuivre le prince héritier sur ce dossier et celui de la guerre au Yémen. A Buenos Aires, MBS croisera pour la première fois le président turc Recep Tayyip Erdogan. Ryad, qui pourrait aussi profiter de ce sommet pour aborder la question de la chute du cours du pétrole avec les autres poids lourds des hydrocarbures, dont la Russie et les États-Unis, doit accueillir le G20 en 2020.

Le président Mauricio Macri reçoit les chefs des plus grandes puissances mondiales alors que son propre pays, troisième économie d’Amérique latine, traverse une profonde crise économique, avec une inflation annuelle de 45% et une économie en récession qui a affaibli ce dirigeant de centre-droit. Dans un contexte de crise du multilatéralisme, la présidence argentine du G20 espère pouvoir trouver des points de consensus pour la déclaration finale, malgré des contentieux internationaux majeurs.

C’est un Michel Temer sur le départ et très impopulaire qui se rend à Buenos Aires. Tous les regards sont déjà tournés vers le président élu d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui prendra ses fonctions le 1er janvier avec un gouvernement ultra-libéral et qui devrait tourner le dos au multilatéralisme. Invité à participer au G20 par M. Temer, le futur dirigeant de la première économie d’Amérique latine a décliné pour des raisons de santé.

Le président chinois Xi Jinping sera l’un des protagonistes d’un moment-clé du G20: sa rencontre avec Donald Trump, alors que l’escalade de représailles douanières entre Pékin et Washington fait trembler l’économie mondiale. Xi se présente en défenseur du multilatéralisme et en opposant au protectionnisme. Mais Américains et Européens dénoncent les nombreuses entraves que rencontrent encore leurs entreprises implantées dans le géant asiatique communiste, ainsi que des pratiques déloyales, comme le transfert forcé de technologie, voire le vol de propriétés intellectuelles.

Dix ans après le premier sommet du G20 qui promettait de défendre le multilatéralisme, le président américain Donald Trump se présente à Buenos Aires en chantre de l’« America First » et bien décidé à mettre la pression sur ses homologues chinois et russe à l’occasion de rencontres bilatérales qu’il va multiplier pour défendre ses propres dossiers. Concernant la Chine, son administration a fait savoir qu’il y avait une « bonne chance » qu’un accord soit conclu avec Pékin sous certaines conditions. Comme toujours, les faits et gestes de l’imprévisible président américain seront scrutés à la loupe: au sommet du G7 en juin au Canada, Donald Trump avait sabordé à la dernière minute le communiqué final péniblement négocié.

Dans un G20 qui s’annonce « conflictuel », le président Emmanuel Macron va s’efforcer d’avancer sur une réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de préserver l’Accord de Paris sur le climat, en dépit des tensions entre la Chine et les États-Unis qui risquent de dominer le sommet. Les retrouvailles avec Donald Trump s’annoncent fraîches, peu après un tweet moqueur du président américain sur la faible cote de popularité de son homologue français, confronté ces derniers jours au mouvement des « gilets jaunes » dans l’Hexagone.

Pour le premier déplacement d’un chef de gouvernement britannique en Argentine depuis la guerre des Malouines en 1982, Theresa May aura sans doute la tête à Londres. La Première ministre conservatrice est en difficulté à quelques jours d’un vote crucial (11 décembre) au Parlement sur l’accord de Brexit, menacé d’être retoqué par des députés très sceptiques. En cas de sortie de l’UE, Londres mise beaucoup sur un accord de libre-échange avec son allié américain.

Fort d’une économie stabilisée depuis la crise de 2014/2015 (inflation basse, déficit maîtrisé), le président Vladimir Poutine sera sans aucun doute une des figures du sommet, son pays étant au cœur de dossiers internationaux majeurs tels que la guerre en Syrie, la crise en Ukraine, les sanctions occidentales ou les tensions russo-américaines. Mais, dans un contexte d’escalade entre Moscou et Kiev, la rencontre avec Donald Trump, très attendue, pourrait être annulée. Le président américain a en effet déclaré vouloir attendre un compte-rendu de ses conseillers en sécurité nationale avant de se décider.

D.C avec AFP

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