Des milliards « gaspillés » pour héberger les migrants au Royaume-Uni : un rapport fait scandale
Selon un rapport parlementaire, le Royaume-Uni a "gaspillé" des milliards de livres d'argent public en hébergeant, depuis 2019, des demandeurs d'asile dans des hôtels. Cette publication, diffusée un lundi, accentue la pression sur le gouvernement travailliste sur la question de l’immigration.

Des migrants se pressent sur le canot pneumatique d'un passeur pour tenter de traverser la Manche, après avoir quitté la plage de l'Écault à Saint-Étienne-au-Mont, près de Neufchâtel-Hardelot.
Photo: SAMEER AL-DOUMY/AFP via Getty Images
La publication du rapport intervient au lendemain de l’arrestation d’un demandeur d’asile éthiopien, Hadush Kebatu, relâché « par erreur » de prison vendredi alors qu’il purgeait une peine pour « agressions sexuelles ». L’homme, hébergé dans un hôtel pour migrants à Epping près de Londres, avait été au cœur de « violentes manifestations anti-migrants » devant des établissements hôteliers du Royaume-Uni durant l’été.
Un dispositif devenu la règle, non l’exception
Aux termes de la loi sur l’immigration et l’asile de 1999, le gouvernement a l’obligation de « fournir un hébergement aux demandeurs d’asile pendant l’examen de leur dossier ». Pourtant, l’hébergement en hôtel, pensé initialement comme solution temporaire, « est devenue la solution privilégiée, conduisant à un système défaillant coûteux et impopulaire auprès des communautés locales », observent les parlementaires. Leur rapport examine la situation depuis 2019, alors que les Conservateurs étaient au pouvoir.
Un coût estimé à 17,5 milliards d’euros en 2029
Les estimations parlementaires indiquent que le coût global de l’hébergement en hôtel pourrait atteindre « 15,3 milliards de livres (17,5 milliards d’euros) en 2029 », contre « 4,5 milliards (5 milliards d’euros) en 2019 ». Selon le ministère de l’Intérieur, « plus de 32.000 migrants étaient en juin 2025 hébergés en hôtels – sur un total de 103.000 – contre 56.042 en septembre 2023, un record ».
Outre les hôtels, les migrants sont hébergés en « centres de rétention, appartements partagés, bases militaires converties, etc. » Le rapport note aussi qu’il n’existe pas de « campements de migrants sauvages dans l’espace public, comme en France notamment ».
Le Premier ministre Keir Starmer a « promis d’en finir avec les hôtels d’ici 2029 ».
Explosion des coûts
Le rapport souligne que la « pandémie de Covid-19 » et l’augmentation « spectaculaire » des arrivées de migrants par « embarcations de fortune » ont provoqué le recours massif aux hôtels. « Nous nous sommes simplement retrouvés avec plus de personnes que ce que les contrats avaient anticipé, et cela a fait exploser les coûts », a déclaré lundi Karen Bradley, présidente de la commission ayant élaboré le rapport, sur la radio BBC4.
Les traversées de la Manche demeurent nombreuses : « depuis le 1er janvier, 36 954 personnes ont débarqué sur les côtes anglaises depuis la France après une périlleuse traversée, contre 36 816 migrants sur l’ensemble de 2024. »
Des libérations erronées en forte hausse
Lundi devant la Chambre des communes, le ministre de la Justice David Lammy a annoncé « l’ouverture d’une enquête indépendante sur les circonstances ayant mené à la libération erronée de M. Kebatu ». Il souligne que les « libérations malencontreuses de détenus » sont en forte hausse depuis 2021 : « 262 prisonniers ont été relâchés par erreur d’avril 2024 à mars 2025 en Angleterre et au Pays de Galles, contre 115 sur la même période un an plus tôt », selon les autorités pénitentiaires.
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