Une manifestation contre les confinements à Shenzhen vire à l’affrontement avec la police

Les habitants de Shenzhen violemment réprimés après s’être soulevés contre les confinements

Par Sophia Lam
2 octobre 2022 17:25 Mis à jour: 2 octobre 2022 20:10

Une manifestation a éclaté dans la mégapole technologique de Shenzhen en début de semaine suite au confinement de trois districts en raison de dix nouveaux cas de Covid‑19.

La Commission de la santé de Shenzhen a annoncé sept cas symptomatiques et trois cas asymptomatiques le 26 septembre, dont quatre dans le district de Luohu, quatre dans le district de Futian et deux dans le district de Longgang, selon les médias d’État chinois. C’est à Futian que se trouve la municipalité de Shenzhen.

Les habitants du village de Shawei, dans le district de Futian, sont descendus dans les rues pour protester contre la politique zéro Covid du Parti communiste chinois (PCC). Les mesures draconiennes et les confinements en cours ont eu un énorme impact sur les moyens de subsistance des habitants. Ce village n’avait signalé qu’un cas positif de Covid.

Selon l’annonce officielle, le village a été déclaré zone à haut risque et a été confiné le 26 septembre, pour une semaine selon le Shenzhen Daily.

Les habitants sont donc bloqués chez eux. Les autorités ont annoncé que le village passera à un niveau « risque moyen » si aucun nouveau cas n’est signalé pendant la période de confinement et si tous les habitants obtiennent un résultat négatif au test Covid le septième jour.

Autrefois Shawei était un village de pêcheur. C’est désormais devenu un quartier urbain de Shenzhen. Il y a très peu d’habitants d’origine, la plupart sont des travailleurs venus d’autres régions à la recherche de meilleures opportunités dans cette mégalopole technologique et commerciale très dynamique.

Depuis le mois de mars, cependant, Shenzhen impose des confinements intermittents. L’économie en souffre énormément, de même que ses 17,5 millions d’habitants.

Manifestation et affrontement avec la police

Une vidéo obtenue par l’édition en langue chinoise d’Epoch Times montre un groupe important d’habitants manifestant devant un centre commercial de Shawei le 26 au soir.

Au début de la vidéo, les manifestants scandent : « Levez le confinement ! » La police débarque pour réprimer la manifestation. Puis l’affrontement éclate. On entend un homme crier : « Battons-nous ! [On] n’a pas peur de vous ! »

« Il y avait plus de 1000 personnes et plusieurs centaines de policiers sur le site de la manifestation », a déclaré par téléphone Xiaoqiang (pseudonyme), habitant de Shawei, à Epoch Times, le soir de la manifestation.

« Il y a eu une confrontation physique. Certaines personnes ont jeté des bouteilles d’eau en plastique sur la police, d’autres la poussait et la bousculait. »

Au moment de son appel, la police avait déjà dispersé les manifestants.

Les habitants ont protesté contre les confinements dans le village de Shawei, à Shenzhen, en Chine, le 26 septembre 2022. La police a été appelée pour réprimer la manifestation. (Avec l’aimable autorisation de la personne interrogée)

« Je ne suis pas sûr que quelqu’un ait été arrêté », a déclaré Xiaoqiang. « Mais le confinement n’a pas été levé. »

« La police a reçu des renforts et s’est alignée pour former des barricades. Les manifestants étaient déjà dispersés. »

La vidéo montre que la police a envoyé de grands renforts à l’extérieur du village.

Les confinements ont « déclenché la manifestation »

Selon Xiaoqiang, les habitants n’arrivent pas joindre les deux bouts à cause des confinements. La plupart sont venus d’ailleurs pour être ouvriers ou livreurs. Le régime chinois désigne les agriculteurs travaillant dans les villes comme des « travailleurs migrants ».

« Depuis mars, Shenzhen a été confinée à de multiples reprises. Les gens ont besoin de gagner leur vie, mais le gouvernement ne nous a pas accordé de répit face aux confinements en cours. »

« Cette fois, [les autorités] ont à nouveau ordonné un confinement de sept jours comme si de rien n’était, ce qui a déclenché la manifestation. Alors les gens se sont mis à crier : ‘Stop au confinement !’ »

Selon Xiaoqiang, les autorités ont isolé tous les contacts proches des personnes infectées dans des centres de quarantaine centralisés et ont imposé des tests PCR fréquents.

« Si vous n’avez pas une preuve de test PCR [négatif] de 24 heures, vous ne pouvez aller nulle part. »

« Si vous entrez accidentellement en contact direct avec une personne infectée, votre code santé passera au jaune, ce qui signifie que vous ne pouvez pas retourner au travail, et votre résidence ou votre lieu de travail sera confiné. »

Xiaoqiang a dénoncé la gestion de la pandémie par les autorités. En empêchant les gens d’aller au travail, elles les privent d’un revenu, ce dont elles n’ont apparemment pas conscience.

« Comment les gens peuvent‑ils gagner leur vie dans de telles circonstances ? Il n’y a pas non plus de réduction des loyers. Il y a des suicides tous les jours, mais les médias n’en parlent pas. Je ne peux pas beaucoup en parler avec vous au téléphone », a avoué Xiaoqiang, craignant des représailles de la part des autorités.

« Pour quoi d’autre aurions‑nous manifesté ? »

Epoch Times a trouvé un message chinois sur les médias sociaux selon lequel une femme de Shantou vivant à Futian s’est suicidée en sautant d’un immeuble le 26 septembre. Shantou est une ville côtière de la province du Guangdong à l’est, située à environ 320 km de Shenzhen.

Un message en ligne affirme qu’une femme de la ville de Shantou s’est suicidée en sautant d’un immeuble dans le district de Futian à Shenzhen. (Capture d’écran via The Epoch Times)

Epoch Times n’a pas été en mesure de vérifier le décès de la femme.

La censure

Immédiatement après l’interview de Xiaoqiang, Epoch Times a recherché des articles en ligne sur la manifestation du village de Shawei, mais a constaté que la plupart d’entre eux avaient déjà été supprimés par les autorités. Epoch Times a cependant réussi à faire une capture d’écran d’un post qui a obtenu 1611 likes avant d’être supprimé.

Une publication en ligne montre les habitants protestant contre les confinements dans le village de Shawei, à Shenzhen, le 26 septembre 2022. (Capture d’écran via Epoch Times)

Le message se lit comme suit : « #Pandémie de Shenzhen# Que le gouvernement jette un coup d’œil. À Shenzhen, une ville de premier plan, les [tests] nucléiques sont obligatoires 24 heures sur 24 depuis le début de l’année. Mais qu’avons‑nous en échange ? Des confinements qui suivent d’autres confinements. Nous, les citoyens, devons gagner notre vie. Les loyers, les hypothèques, la nourriture, les boissons, les besoins quotidiens … il faut de l’argent pour tout. [Nous avons atteint nos limites et nous sommes à bout de nerf. Sinon, qui voudrait manifester ? »

Gao Fei, un militant des droits de l’homme de la ville de Huanggang, dans la province chinoise du Hubei, a déclaré dans une interview accordée à Epoch Times le 25 septembre que les Chinois sont toujours plus mécontents des « mesures déraisonnables et inhumaines de prévention et de contrôle des épidémies ». Selon lui, la société chinoise ressemble désormais à une « poudrière ».

Gu Xiaohua et Xia Song ont contribué à cet article.

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