Un haut responsable de la transplantation en Espagne recommande de punir le tourisme de transplantation

2 novembre 2013 15:32 Mis à jour: 29 octobre 2017 15:33

En Espagne, un responsable de la transplantation  a déclaré que tous les pays du monde devraient renforcer leurs mesures de dissuasion concernant leurs ressortissants qui se rendent à l’étranger pour chercher à recevoir des greffes d’organes illicites: en particulier dans des pays comme la Chine où les prélèvements d’organes se font sur des prisonniers exécutés ainsi que, selon les chercheurs, des prisonniers de conscience.

Le Dr Rafael Matesanz, directeur de l’Organisation nationale de la Transplantation en Espagne (ONT, Organicación Nacional de Trasplantes de España), a expliqué, dans une interview pour la télévision New Tang Dynasty (NTD), un média en partenariat avec Epoch Times, que la loi espagnole était unique en son genre concernant l’application de condamnations  pour les citoyens se rendant à l’étranger dans le but de recevoir un organe dans des circonstances douteuses.

«Pour toute personne qui se rend à l’étranger et reçoit une greffe que nous considérons comme illégale, cette action sera également tenue pour illégale quand elle retournera en Espagne», a déclaré le Dr Matesanz. «Nous ne voulons pas punir le patient, mais nous voulons vraiment éviter qu’il aille potentiellement à l’étranger, paye pour un foie et revienne en Espagne.»

Il a ajouté qu’un phénomène, comme le trafic d’organes, serait en grande partie éliminé si une majorité des pays développaient une telle législation.

«Comme les médicaments»

«Le trafic d’organes c’est comme les médicaments. C’est parce qu’il y a des acheteurs, qu’il y a des gens qui vendent des organes. Le problème principal ne se situe pas en Asie ou en Amérique latine. Le problème principal se trouve aux États-Unis, en Europe de l’Ouest et au Japon – voilà les pays où les gens recherchent des organes, et se rendent alors à l’étranger.»

L’agence gouvernementale du Dr Matesanz, l’ONT, a pour le moins censuré publiquement une personne qui avait encouragé les citoyens à se rendre en Chine pour des organes, lors d’une interview pour les médias espagnols.

«Le problème, avec certains pays riches et développés, c’est que le tourisme de transplantation de leurs citoyens vers l’étranger est quelque chose qui fonctionne comme une ‘soupape de sécurité’ contre la pénurie d’organes et que de nombreux chirurgiens et décideurs politiques font preuve de ‘compréhension’ envers les gens qui vont à l’étranger pour acheter un organe», a précisé Rafael Matesanz lors d’un entretien publié sur le site de Médecins contre le Prélèvement forcé d’Organes (DAFOH, Doctors Against Forced Organ Harvesting), un groupe de défense médicale basé à Washington.

«Il y a un accord général parmi les chirurgiens pour protéger leurs patients», a-t-il expliqué dans l’interview à NTD. «Je ne pense pas que ce soit vraiment une très bonne chose de protéger un patient, en défavorisant un autre sans défense, ni de protéger les personnes qui vendent ce foie ou ces reins.»

Les réserves des médecins

Il est difficile de savoir vraiment si les organisations de transplantation et les groupes médicaux à travers le monde sont réticents face à l’adoption de ces politiques. La Société de Transplantation, un organisme international, n’aura pas répondu immédiatement à une enquête d’Epoch Times au sujet de sa position, en général, sur la question.

La Société de Transplantation d’Australie et de Nouvelle-Zélande a déclaré, plus tôt cette année, en réponse à une demande par courriel: «La conclusion de la Société est que la décision d’imposer des sanctions contre les personnes qui reçoivent des organes humains qui ont été obtenus, sans consentement, est du ressort des différents gouvernements et non d’organisations individuelles.»

Un membre du Parlement dans l’État de la Nouvelle-Galles Du Sud, en Australie, a récemment proposé une loi fonctionnant de manière similaire à la loi espagnole, en cherchant à criminaliser le fait de recevoir des organes de manière illégale.

Le Dr Torsten Trey, directeur exécutif de DAFOH, a indiqué que la Société de Transplantation  d’Australie et de Nouvelle-Zélande aurait pu se montrer plus assertive en matière d’éthique sur la question: «Oui, les lois sont dans les mains des gouvernements, mais les gouvernements requièrent le conseil des représentants professionnels et pour les lois de transplantation, ils font appel aux médecins».

La pression est nécessaire

Selon le Dr Trey, le manque de vérifications concernant de telles pratiques n’offrira pas la possibilité de mettre le régime chinois sous pression pour sa pratique généralisée du prélèvement d’organes sur des prisonniers exécutés ou des pratiquants de Falun Gong, une pratique spirituelle persécutée dans le pays.

Selon David Kilgour et David Matas, deux chercheurs canadiens ayant mis au point un rapport sur le sujet, ce sont les organes des pratiquants de Falun Gong, tués uniquement pour leurs organes qui constituent l’essentiel des transplantations d’organes, en Chine, depuis 2001.

Le Dr Matesanz, dans l’interview accordée à la télévision NTD, a déclaré que la question des prélèvements d’organes sur le Falun Gong avait été «parfaitement prouvée» et qu’il était temps pour les autorités chinoises de devenir transparentes au sujet de leur système de distribution d’organes.

«Une des principales normes est de connaître la source de tous les organes transplantés. S’agit-il d’un donneur vivant? Afin de gagner en crédibilité sur le plan international, la Chine doit fournir toutes ces informations, ce qui est maintenant couramment pratiqué par la plupart des pays de la communauté internationale.»

Lixin Yang et Lidia Loukinykh de New Tang Dynasty ont contribué à ce reportage à Madrid, en Espagne.

Rectification: Un citoyen espagnol a été censuré par les autorités de transplantation du pays pour s’être exprimé dans un journal, non une chaîne de télévision, après un voyage en Chine pour recevoir des organes.

Version originale.

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