Hautes-Alpes : un chirurgien accusé d’avoir utilisé plus de 100 patients comme cobayes

Par Léonard Plantain
28 octobre 2020 08:25 Mis à jour: 28 octobre 2020 08:25

Un chirurgien spécialiste du dos de l’hôpital de Gap (Hautes-Alpes) est accusé par un de ses confrères d’avoir utilisé une centaine de patients comme « cobayes » pour expérimenter une technique chirurgicale non validée en France.

À la suite des graves accusations lancées par le chirurgien Raouf Hammami de l’hôpital de Gap à l’encontre d’un de ses confrères, Gilles N., le procureur de Gap vient de saisir l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP).

Les faits : début 2018, alors qu’il est chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique de l’hôpital de Gap, le docteur Hammami, 52 ans, dit avoir découvert que le docteur N. « a joué à l’apprenti sorcier avec une centaine de patients souffrant de problèmes de dos », pour expérimenter une technique chirurgicale non validée en France, relate RTL.

« Je suis tombé sur une étude menée entre 2015 et 2017 par ce collègue chirurgien, spécialiste du rachis, qui a expérimenté sur 87 patients une nouvelle technique, ‘la cimentoplastie discale’, en dehors de tout cadre légal. En France, on peut injecter du ciment (résine) dans des vertèbres fragilisées pour les renforcer. Or, le docteur N. a lui injecté ce ciment directement dans les disques de la colonne », précise-t-il.

Avec cette méthode, « il peut y avoir des fuites de ciment et des complications au niveau des nerfs, des artères. Avec un risque vital en cas d’hémorragie », précise le docteur Hammami, qui a alors alerté le directeur de l’hôpital, l’Agence régionale de santé (ARS), le conseil de l’Ordre, mais aussi le procureur, pour « faute grave délibérée et mise en danger de la vie d’autrui ».

Ayant pris connaissance de l’affaire, l’ARS a demandé une expertise à deux professeurs de médecine de Nancy – dont voici les conclusions : « Il apparaît que le docteur N. a utilisé une technique non conforme aux données de la science chirurgicale au moment des faits. Le docteur N. aurait dû demander l’avis d’un comité d’éthique ou d’un comité de protection des personnes. »

Ainsi, « conformément à la loi du 4 mars 2002, le docteur Gilles N. aurait dû pour chaque patient expliquer à ceux-ci de façon claire, intelligible et loyale, l’aspect dit ‘novateur’ de la technique qu’il devait utiliser », ont-ils conclu.

Idem du côté de la Société française de chirurgie rachidienne, qui a conclu « qu’en l’état actuel des connaissances, la technique de la cimentoplastie discale devait être considérée comme non validée en France ».

Depuis, c’est une centaine de patients au total qui aurait « expérimenté » cette technique à leur insu. De son côté, le docteur Gilles N. n’a pas souhaité commenter les faits. « Mon client considère que la technique de la cimentoplastie discale n’était pas innovante, qu’elle a été utilisée par d’autres confrères, notamment à l’étranger, mais aussi présentée dans des congrès médicaux », a expliqué son avocat.

Une explication que Bruno Chevalier, un chauffeur de bus de 53 ans, n’accepte pas. Opéré en juillet 2016 par le docteur Gilles N. pour un affaissement de la colonne, il témoigne : « Depuis l’opération, j’ai beaucoup de douleurs. J’ai du mal à marcher. J’ai même été reconnu comme travailleur handicapé à 80 %. J’ai dû être réopéré pour que l’on me retire le ciment qui a débordé. Mais aujourd’hui, il en reste encore. J’ai été pris pour un cobaye par le docteur N., qui ne m’a jamais dit qu’il allait utiliser sur moi une nouvelle technique. »

À noter que ce dossier est surprenant sur un autre point : aujourd’hui, alors que le docteur N. continue d’exercer, le docteur Hammami est suspendu. Selon docteur Hammami, « on veut me faire taire, m’éliminer, car cette affaire risque d’éclabousser beaucoup de monde », dénonce-t-il, avant d’ajouter : « Mais j’irai jusqu’au bout ».

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