« Les hommes battus représentent 28% des victimes de violences conjugales », et pourtant le sujet est tabou

Par Nathalie Dieul
1 décembre 2020 19:00 Mis à jour: 1 décembre 2020 19:00

Lui-même confronté à des violences conjugales il y a plusieurs années, Pascal Combe, 63 ans, a créé l’association Stop hommes battus afin de briser les tabous et faire reconnaître la réalité de ces victimes trop souvent ignorées.

« Les hommes battus représentent 28 % des victimes de violences conjugales », assure Pascal Combe, en entrevue au Parisien. « Or, personne ne veut en entendre parler ! C’est un tabou, comme celui des femmes maltraitantes… Si on ne soigne pas tout le monde, ça continuera ! »

Lorsqu’il a été victime de violences conjugales, l’homme qui habite au Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne) s’est rendu compte qu’il n’y avait aucune structure d’urgence pour accueillir et accompagner les hommes battus. C’est la raison pour laquelle Pascal Combe a fini par créer l’association Stop hommes battus.

« À l’époque, on m’avait même dit : ‘Si vous vous sentez en danger, il vaut mieux aller dans la rue' », raconte-t-il à nos collègues de La République de Seine-et-Marne.

Le fait de parler des hommes battus ne minimise évidemment pas l’impact des violences conjugales sur les victimes de sexe féminin, assure le sexagénaire, précisant que « les violences n’ont pas de genre ».

« Les femmes battues ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire reconnaître leur souffrance, mais nous avons aussi des droits à faire reconnaître », insiste Pascal Combe.

« Seulement 5 % [des hommes battus, ndlr] portent plainte (contre 15 % des femmes battues), car cela remet en cause le statut de virilité de l’homme. Toutes les statistiques sont faussées », explique celui qui a lui-même été victime de violences de la part d’une femme mesurant 1,80 m pour 100 kg.

Après neuf mois de relation à distance, cette femme a cassé un des doigts de Pascal Combe trois jours seulement après l’arrivée de Pascal Combe chez elle. Elle lui a expliqué : « C‘est pour savoir si tu sais te défendre.« 

Les violences ont continué à empirer jusqu’au jour où la femme est allée encore plus loin. « Elle a voulu me tuer en me comprimant le torse par-derrière avec ses bras pour m’étouffer. J’ai pu me dégager et lui mettre mon poing dans la figure. Je lui ai cassé trois dents », se souvient celui qui était resté avec cette femme à cause de l’emprise qu’elle exerçait sur lui.

Pascal Combe raconte pourquoi il n’a jamais porté plainte pendant tout ce temps : « Mon ancienne compagne m’avait fait promettre de ne jamais parler. J’ai fini par me défendre, mais à l’hôpital, j’ai été confronté à la discrimination : on a nié mon statut de victime. Et comme c’est elle qui a déposé plainte la première, j’ai été placé en garde à vue. Même si j’ai ensuite saisi la justice, j’ai été condamné à 6 mois de prison avec sursis. Être battu, ne pas être reconnu puis être condamné… une triple peine. »

Aujourd’hui encore, « un homme obligé de fuir son domicile se retrouve à la rue. Il n’y a aucune structure pour le recevoir », reconnaît, en entrevue au Pays briard, Jacques Dos Santos, adjoint à la sécurité à la mairie de Saâcy-sur-Marne. Cet ancien haut fonctionnaire de la police vient de s’allier à l’association Stop hommes battus.

« Les hommes victimes de violences conjugales n’en parlent que très peu, parce qu’ils se disent qu’ils ne vont pas être crus, pas entendus, ou qu’ils vont être moqués. C’est tabou », explique celui qui veut sensibiliser les forces de l’ordre de Seine-et-Marne et permettre aux victimes masculines de violences conjugales de bénéficier de places d’hébergement d’urgence, tout comme les femmes.

« On estime qu’il y a près de 150 000 hommes maltraités. On n’ a aucune idée du nombre de suicides, mais il y en a beaucoup. Certains meurent prématurément des suites de maladies développées à cause du stress répété et des traumatismes », assure Jacques Dos Santos.

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