Hong Kong: ambiance de lendemain d’apocalypse sur le campus assiégé

Par Epochtimes.fr avec AFP
21 novembre 2019 14:20 Mis à jour: 21 novembre 2019 19:59

Des ombres noires qui errent par petits groupes, des couloirs déserts jonchés de détritus et des cafards dans les cuisines dévastées: cinq jours après le début du siège de l’Université polytechnique (PolyU), une ambiance de lendemain d’apocalypse règne sur ce campus hongkongais.

Les manifestants censés tenir cette « forteresse » de briques dont les tours rondes dominent la péninsule de Kowloon sont invisibles ou presque.

Mais tous les bâtiments portent les stigmates de la bataille du week-end dernier, la plus violente depuis le début en juin de la contestation pro-démocratie.

« La police dit que nous sommes une centaine. Nous évitons de donner de chiffre mais je peux vous dire que nous sommes bien plus nombreux », affirme un manifestant masqué qui se présente comme « Mike », sans qu’on puisse dire s’il bluffe ou non.

Des centaines de protestataires ont quitté ces derniers jours la PolyU, dont une très grande majorité ont été arrêtés.

La PolyU a des airs de film fantastique

« La plupart d’entre nous sommes cachés », poursuit-il dans le réfectoire principal du campus. « Je viens récupérer de la nourriture et je vais à nouveau disparaître. »

De fait, on croise entre les bâtiments de l’université bien plus de journalistes que de manifestants masqués. Ceux-ci circulent par petits groupes de trois, quatre ou cinq mais jamais plus. Et ce, dans l’éventualité d’un assaut policier, afin de répartir les « forces » sur le campus qui paraît immense.

Il y a dans ces espaces vides et cette absence des bruits de la ville quelque chose d’irréel pour une mégapole hyperactive de 7,5 millions d’habitants, bâtie sur un territoire exigu.

Et la PolyU a des airs de film fantastique dans lequel une poignée de personnes auraient survécu à une apocalypse. Ou de zone de guerre.

-Des manifestants blessés utilisent des couvertures thermiques d’urgence lorsqu’ils attendent les ambulances pour quitter le campus de l’Université polytechnique de Hong Kong. Un nombre décroissant de manifestants épuisés, barricadés à l’intérieur de l’université de Hong Kong, le 19 novembre. Photo par ANTHONY WALLACE / AFP via Getty Images.

Sur les « lignes de front » barricadées, d’où on distingue à quelques centaines de mètres les policiers en tenue kaki, des parapluies ouverts ont été abandonnés, mais aussi des gants, des lunettes, des barrières de plastique fondu par les flammes des cocktails Molotov…

« La bataille de samedi et dimanche a été le combat le plus terrible de l’histoire hongkongaise », raconte « Mike ».

Ce « brave »  comme sont surnommés les manifestants de première ligne, confie qu’il a eu en main un arc et des flèches, « quelque chose contre lequel la police a menacé de tirer à balle réelle ». 

Le centre du campus, tous les bâtiments ouverts aux quatre vents

« On sait qu’il y avait des snipers en face », ajoute ce radical qui ne donnera ni son âge exact, « la trentaine », ni sa profession précise, « dans le domaine de la recherche et développement », paniqué à l’idée de pouvoir être identifié.

Dans le centre du campus, tous les bâtiments sont ouverts aux quatre vents, avec au sol les bris de leurs porte-fenêtres explosées et des détritus en tout genre, malgré les affiches écrites à la main pour demander de garder l’endroit propre.

A l’intérieur des bâtiments, une odeur fétide émane de réfectoires et cuisines mises à sac, ou des restes de nourriture traînent, attirant des cafards de la taille d’un pouce.

Dans les parties communes, les distributeurs automatiques de snacks et de canettes ont depuis longtemps été pillés. Mais les frigos et congélateurs du vaste campus sont encore bien remplis.

« La police se trompe si elle croit que nous allons nous rendre », avance « Mike ». « Nous avons toutes les ressources qu’il faut en eau et nourriture. On peut tenir un mois. » 

Certains trouvent même aux étages et escaliers déserts de la fac des airs de jeu vidéo, où chaque porte à ouvrir réserve son lot de surprise.

Au détour d’un couloir, trois manifestants très jeunes font irruption d’une salle où se trouvent les matelas de yoga sur lesquels ils se sont reposés. Tombant nez-à-nez sur un journaliste, ils remettent en vitesse le bandeau qui masque leur visage.

« Non, on n’est pas fatigué », lâche « Stephen », la vingtaine à peine, en descendant vers le principal réfectoire chercher ce qu’il peut y avoir à se mettre sous la dent.

Il est intégralement vêtu de noir. Tout un attirail de mousquetons accrochés à sa ceinture et les protections de vététiste qu’il porte lui donnent un air de Robocop.

« On a passé toute la soirée d’hier à jouer à la Playstation 4 », plaisante-t-il en éclatant de rire avec ses camarades. « On a joué à Fifa. »

 

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