La police de Hong Kong affirme disposer des ressources suffisantes pour continuer à se dresser devant les manifestants pro-démocratie, même si la violence devait s’intensifier, atténuant les craintes d’un recours à une intervention militaire depuis la Chine continentale.
Trois commandants de la police hongkongaise, ayant accepté de recevoir une poignée de journalistes étrangers, ont déclaré jeudi qu’ils n’étaient pas au fait d’un quelconque projet de Pékin d’envoyer des troupes pour leur prêter mains fortes, y compris si la crise politique s’aggravait.
Ces officiers ont accepté de s’exprimer sous couvert de l’anonymat, afin de pouvoir discuter plus librement de la crise la plus aiguë depuis la rétrocession de Hong Kong en 1997. Des révoltes syndicales contre le colonisateur britannique avaient fait 51 morts dans les années 60.
- La police locale est à même de gérer la crise
Ils disent aussi n’avoir eu aucune discussion sur ce qui se passerait si Pékin envoyait des troupes et qu’il n’y avait donc pas de protocole établi pour faire face à telle éventualité. Ils ont admis en revanche que toute décision en ce sens placerait la police de la ville dans une situation totalement inconnue. Ils ont insisté sur la stérilité du sujet, la puissance locale étant à même de gérer la crise.
La Chine a qualifié cette semaine les actes du mouvement pro-démocratique de « quasi-terroristes », et les médias d’État ont diffusé des images de soldats et de véhicules blindés massés à Shenzhen, à la frontière de Hong Kong. « Je ne peux l’envisager (l’intervention) », a souligné l’un de ces responsables, dans un bureau du quartier général de la police à Wan Chai. « Au niveau opérationnel, nous avons l’amplitude suffisante. Je pense que nous avons la détermination, la cohésion et des ressources d’ampleur pour continuer. »
La police incarne désormais le visage honni du gouvernement de Hong Kong, alors que ni Pékin ni les dirigeants du territoire semi-autonome ne sont prêts à la moindre concession. Le slogan « hak geng » pour « flics corrompus » est systématiquement scandé à chaque manifestation et l’a même été tout récemment par des habitants de quartiers secoués par des affrontements nocturnes entre forces de l’ordre et manifestants.
- La police à fait un usage disproportionnée de la force
Militants, groupes de défense des droits de l’homme, et la Haut-Commissaire des droits de l’homme des Nations unies ont accusé la police de faire un usage disproportionnée de la force, avec des tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc dont les images soulèvent chaque week-end l’indignation du public.
Pourtant, ces policiers persistent à assurer que la force déployée est proportionnée aux actes des manifestants armés de lance-pierres, cocktails Molotov et de briques. Ils sont en outre convaincus de conserver le soutien de la « majorité silencieuse » des Hong Kongais.
Brossant le tableau de forces de l’ordre défiées par les manifestations sauvages, ils ont laissé entendre aussi leur frustration à l’égard de l’intransigeance de Pékin et de Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de Hong Kong, refusant toute concession au mouvement pro-démocratie.
- Une solution politique à un problème politique
« Le problème est politique. Et un problème politique requiert une résolution politique », a souligné l’un d’eux. En revanche, les attaques et les insultes subies par les policiers ne font que renforcer leur détermination, clament-ils, d’autant que leur corps compte d’importantes réserves humaines.
Sur les 28.000 hommes et femmes de la police, environ 3.000 sont engagés dans le contrôle direct des manifestations. Des centaines de réservistes peuvent intervenir dans le cadre d’un plan de « mise à l’échelle » si les manifestations prennent davantage d’ampleur. « Notre mobilisation n’a pas encore atteint sa pleine capacité, loin s’en faut », a insisté un commandant sur le terrain.
Le mouvement pro-démocratie, qui a vu des millions de personnes descendre dans les rues de Hong Kong, est parti début juin du rejet d’un projet de loi hongkongais autorisant les extraditions vers la Chine. Il a depuis considérablement élargi ses revendications pour dénoncer le recul des libertés et les ingérences de la Chine. Depuis le début des manifestations au début du mois de juin, la police a procédé à plus de 700 arrestations.
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