Île-de-France : au moins neuf têtes de cochon retrouvées devant des mosquées
Au moins neuf têtes de cochon ont été retrouvées devant des mosquées, « quatre à Paris et cinq en petite couronne », a indiqué mardi le préfet de police de Paris, disant ne pas exclure « qu’on en découvre d’autres ». L’acte a immédiatement dénoncé comme une provocation islamophobe et suscité une vague d’indignation. Pour le préfet de police, il pourrait s’agir d’ «ingérences étrangères ».
Considéré comme impur dans l’islam, l’animal a été utilisé dans ces dépôts signalés notamment devant l’entrée de la mosquée Islah à Montreuil (Seine-Saint-Denis), ainsi qu’à Montrouge, Malakoff (Hauts-de-Seine) et Gentilly (Val-de-Marne), selon plusieurs sources concordantes. À Paris, trois têtes ont également été retrouvées devant des mosquées du 15e et du 20e arrondissement, ainsi que dans une valise dans le 18e. Le parquet de Paris a précisé que le mot « Macron » avait été peint en bleu sur l’un des lieux.
Une enquête ouverte
Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a annoncé l’ouverture immédiate d’une enquête et assuré que « tout [était] mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ces actes abjects ». Selon le parquet de la capitale, l’enquête a été confiée à la brigade criminelle et porte sur des faits de provocation à la haine aggravée par la discrimination liée à l’appartenance à une race ou à une religion.
Au moins neuf têtes de cochon ont été retrouvées devant des mosquées, a indiqué le préfet de police de Paris, disant ne pas exclure « qu’on en découvre d’autres ».
Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a dénoncé « une nouvelle et triste étape dans la montée de la haine antimusulmane » et appelé « à une prise de conscience et à une solidarité nationale » après s’être entretenu avec la ministre déléguée chargée de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé.
« Solidarité avec la communauté musulmane »
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a condamné des « actes racistes » et exprimé sa « solidarité avec la communauté musulmane », précisant que la Ville avait saisi la justice. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a lui aussi réagi en parlant d’« indignation » face à « cette sorte de profanation », ajoutant : « J’entends que nos compatriotes musulmans puissent exercer leur foi dans la sérénité. »
Du côté associatif, Bassirou Camara, président de l’Addam (Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans), a regretté que ses alertes n’aient pas été suivies d’effet. « Cela fait des mois qu’on alerte, et nous ne sommes pas entendus », a-t-il déclaré à l’AFP, appelant à une « réaction forte » des autorités. « On craint que ça aille crescendo. Quel va être la prochaine étape ? Jeter des têtes de cochon sur les fidèles ou les agresser physiquement ? »
« Islamophobie », « ingérence étrangère »?
Les réactions politiques ont été nombreuses. Sur X, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a dénoncé une dérive progressive : « Au début la fachosphère s’en prenait aux clandestins, puis est venu le tour des immigrés en situation régulière, ensuite celui des binationaux, maintenant les Français musulmans sur leurs lieux de culte (…) L’identité de la France, c’est Liberté, Égalité, Fraternité ! »
Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, a de son côté affirmé que « l’islamophobie est un cancer de la société » et apporté son « soutien à nos compatriotes musulmans encore une fois visés ».
À droite, Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France, a estimé que la République devait « protéger les croyants devant les profanations de leurs lieux de culte qui se multiplient ».
« On ne peut s’empêcher de faire des rapprochements avec des actions précédentes (…) dont il a été avéré que c’était des actions d’ingérence étrangère », a ajouté Laurent Nuñez lors d’un point-presse, appelant toutefois à rester « très prudent ». Des étoiles bleues de David taguées dans Paris ou encore des mains rouges sur le mémorial de la Shoah à Paris, ont été reliées à des actions d’ingérence russe, selon BFMTV.
Ces dépôts de têtes de porc ne sont pas sans précédent. En 2024, un local associatif musulman du Pas-de-Calais avait été visé. En 2019, c’est le chantier d’une mosquée en Dordogne qui avait été profané, et en 2017 une mosquée de la Marne. La France compte entre cinq et six millions de musulmans, pratiquants et non pratiquants, faisant de l’islam la deuxième religion du pays et de la communauté musulmane française la plus importante d’Europe.
Avec AFP
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